Endymion, Séléné et Héra

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Endymion est un simple berger. Habitué à sa vie de solitaire, il n'accorde de l'importance qu'à son jeune chien, Cal. Il l'a nommé ainsi par diminutif du nom de sa mère Calycé. Calycé était la fille du Dieu Eole mais ne supportait plus tout ce que la vie divine impliquait. Elle avait donné naissance à son fils, l'avait élevé, puis s'était retirée. Personne ne l'avait jamais revue.

Endymion avait vécu avec l'absence de ses deux parents. Son père était le puissant Zeus. Il ne se rappelle pas l'avoir vu un jour. Son père était bien trop occupé. Et il avait tellement d'enfants, qu'Endymion s'était déjà demandé si il savait combien il en avait.

Endymion a alors vécu seul pendant des générations. En haut de sa montagne, avec Cal. Il adorait ses moutons, qui lui rendait tout l'amour dont il avait besoin. C'était une vie de solitaire mais comme c'était tout ce qu'il avait jamais connu, il ne savait pas vraiment si il voulait connaître autre chose.

Endymion était profondément humble. Son seul défaut était qu'il n'avait pas vraiment les pieds sur Terre. Peut-être à force de vivre seul. Il rêvait constamment. Il aimait s'imaginer des bonheurs chimériques dans son esprit jusqu'à s'endormir, bercer par l'éclat de la lune. Il rêve de l'idéal.

Chaque soir, il s'endort sur le haut de sa colline, bercée par le belle lumière de la lune. Et chaque soir, la lune le couvait du regard, et s'éprenait un peu plus de lui.

Chacun des jours de la vie d'Endymion se ressemblaient. Il voulait plus que ce qu'il avait. Il voulait le bonheur éternel. Il voulait cette sensation de joie quotidiennement.

Alors, quand la nuit assombrit une nouvelle fois le ciel. Lui qui d'ordinaire s'endormait directement, attendit l'arrivée du bel astre qui l'accompagnait chaque nuit.

-Lune, Belle lune. Tu es si belle. Chaque nuit, tu me permets le rêve. Tu es celle qui m'accompagne toujours dans mon esprit. Je t'aime.

Puis il s'endormit, bercée par la Lune. Mais ce jour-là, Séléné, la lune elle-même, avait entendu sa déclaration. Elle ne pouvait retenir son envie ardente de descendre sur Terre, le voir. Celui qu'elle espionnait depuis si longtemps. Alors, elle prit une forme mortelle.

A califourchon sur Endymion, elle laissa enfin ses doigts glissés sur son visage lisse, sur ses douces lèvres et sur sa barbe fournie. Elle posa délicatement ses lèvres sur celle de son amant, ce qui le réveilla doucement. Quand il l'a vit, il comprit aussitôt qui elle était. Il savait depuis toujours. Il caressa alors les cheveux blancs de Séléné, puis son visage, puis son corps nu sous ses doigts. Il la couvrit de baiser jusqu'à l'aurore.

Quand Eos, le frère de Séléné, l'Aurore, dégageait le chemin pour son autre frère Hélios, le Soleil, Séléné du partir pour l'Olympe. Elle lui promit en revanche qu'elle reviendrait le soir.

Toute la journée, Endymion pensait qu'il avait juste rêvé de cette rencontre avec la belle Lune. Que jamais, dans la réalité, elle n'aurait pu le choisir, lui, un simple mortel, berger de surcroît.

Pourtant, cette nuit-là, quand la nuit tomba sur la vallée, la Lune n'était pas dans le ciel. Une seconde fois, elle avait délaissée sa place, pour le rejoindre. Alors, Endymion comprit que son rêve n'en était finalement pas un. Car, elle était bien là, en face de lui. Plus belle encore que la nuit d'avant. Elle semblait irréelle et d'une beauté froide, triste. Il se précipita vers elle et l'embrassa comme un fou.

Séléné était heureuse. Elle avait du mal à se l'avouer mais ce mortel avait pris une grande place dans sa vie et dans son cur. Chaque nuit, elle le guettait, espérant qu'il s'endorme vite pour pouvoir le contempler encore plus profondément. L'avoir enfin près d'elle était inespéré. Tout son corps semblait brûler pour cet homme. Elle n'avait que faire de remplir son rôle désormais. Elle avait besoin de lui auprès d'elle. Elle aimait profondément tout de lui. Sa façon de s'échapper de la réalité, de toujours rêver de tout et de rien. Elle aimait sa folle imagination, l'inconstance de ses idées, ses espoirs chimériques, son besoin d'utopie constante. Elle adorait quand il dormait. Elle le trouvait parfait. Pour elle, il était le plus fabuleux homme qu'elle ai jamais rencontré.

Cette nuit-là, ils firent l'amour toute la nuit. Au petit matin, Eos était là, Séléné du partir, encore. A contre cur, elle laissa son amant, nu, dans l'herbe humide du matin.

Quand il se réveilla, quelques temps après la disparition de sa bien-aimée, il ressentit une vague de tristesse. Tant pis. Séléné avait des responsabilités, il ne pouvait que faire avec.

Plus que jamais, la journée lui parût bien longue. Il se demanda même si celle-ci n'avait pas rallongé exprès pour le faire patienter un peu plus.

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