Chapitre 6 : Vendredi 6 mai

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Je vois John virer d'un claquement de doigt un étudiant qui draguait Mina, et tirer cette dernière vers nous. Elle a clairement trop bu, et apparemment, quand elle est bourrée, elle devient extrêmement tactile. En soi, ce n'est pas un mal, mais ça envoie de mauvais signaux aux mecs : elle se croit innocemment en train de discuter de tout et de rien, et eux ont juste envie de la mettre dans leur lit.

Elle arrive vers nous, en râlant. La musique couvre quelque peu sa mélodieuse voix mais je perçois l'essentiel :

- Il était super gentil ! dit-elle.

- J'en doute pas une seconde !

John a l'air excédé. Finalement, je crois qu'il n'apprécie pas trop mon idée de « fais sortir Mina, ça va lui faire du bien ». D'un coté, je le comprends, mais de l'autre, elle ne peut pas non plus rester sans fin chez elle.

Cette dernière finit par me reconnaitre, et me saute presque dessus. Elle attrapa mon bras et le colle contre son torse :

- Alors ! C'était bien le match ?! J'ai pas pu venir parce que, pfff...

Elle rigole.

- Rupture ! chante-t-elle exagérément. Mais on m'a dit que vous aviez gagniez, c'est vraiment bien !

John n'a pas l'air de vouloir me mettre dehors comme l'autre mec, et j'en suis plutôt heureux même si je ne devrais pas.

- Je suis content ouais ! je réponds assez fort pour qu'elle m'entende. C'était un bon match !

- Je viendrais te voir jouer au championnat ! dit-elle.

Je hoche la tête en souriant. Elle lâche mon bras d'une main, mais s'appuie encore plus de l'autre. Je la vois se pencher vers le sol, puis remonter ses deux talons en main.

- Le sol est dégueu, remets tes pompes ! ordonne presque John.

Mais elle secoue négativement la tête. Un peu trop vivement d'ailleurs, parce qu'elle perd l'équilibre et manque de tomber. Heureusement elle se rattrape de justesse.

- Ça ! s'exclame-t-elle en agitant ses chaussures devant le visage de mon colocataire. C'est de la torture John ! Ça fait mal aux pieds, tu peux même pas imaginer !

- Ok, ok, les remets pas si tu veux, mais éloigne cette arme de moi, tu vas me crever un œil !

- Mais non, mais non ! fait-elle en riant.

Elle tourne ses escarpins dans sa main, me laissant découvrir la semelle rouge.

- C'est tout fragile, regarde !

Elle empoigne le talon et cherche à le casser dans sa main. Seulement, la copine de Doris, l'un des membres de l'équipe, l'arrête.

- Attends, c'est des vrais ?

- Quoi ?! crit Mina qui n'avait pas entendu.

- C'est des Louboutin ?! répète la jeune femme plus fort.

Mina hoche la tête.

- Les casse pas alors, t'es folle ?!

- Pourquoi ? je demande naïvement.

La copine de Doris me regarde, et pointe les chaussures du doigt.

- Ce modèle-là, il vaut au moins 800 balles.

- 1200 celui-là ! répond Mina. Mais c'est pas moi qui les ai acheté !

- C'est qui ?! demande la jeune femme toujours en criant.

- Mon ex ! Mais j'aime pas le luxe, les conditions de fabrications sont horribles ! Il me connaissait vraiment mal !

- Franchement meuf, je comprends ! Mais pour l'amour de dieu et de la mode, ne casse pas ces chaussures ! A la limite revend les, ou donne les, mais les casse pas !

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