Une obsession

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Dans mon grand miroir du salon, je voyais cette femme dans toute sa splendeur. Elle me souriait calmement comme à son habitude. Elle me fixait simplement avec ses yeux vert émeraude. Comment pourrais-je me défaire de son emprise ?Comment détacher mon regard de son visage si envoûtant ? Et pourquoi je le ferais ?

Elle avait l'air si heureuse dans mon grand miroir. Je ne voulais pas partir, je ne voulais pas la quitter. Alors, je restais là, devant elle, pour pouvoir l'admirer comme si c'était la dernière fois. J'aimerais tellement plus. De temps en temps, ma main approchait du miroir espérant sentir sa peau. Mais je ne rencontrais que le froid de la glace qui me donnait des frissons. Je me sentais partir. Je sentais mon corps à bout de force. La femme se troublait pour devenir qu'un simple reflet. Je secouai la tête. Je ne pouvais pas l'abandonner.

« Pourrais-tu me toucher ? » C'était une voix claire comme du cristal. La voix semblait venir d'un autre monde. La femme s'avança vers moi. Je n'ai pas hésité et ma main s'approcha de la sienne. Je sentais une chaleur d'excitation qui traversait mon corps. Nos deux paumes s'approchèrent doucement, ensemble. Alors, je sentais une peau glacé et ses doigts s'entremêlèrent avec les miens. Je sentais ses ongles qui rentraient dans ma chair comme si elle ne voulait faire qu'un avec moi. De peur, j'essayais de me séparer de son emprise mais en vain. Sa respiration me semblait bruyante et grasse. La femme en souriant, dévoilait des dents acérées et jaunies. Sa peau devenait flétrie et tombante. Ses yeux n'étaient maintenant que deux légères fentes. Et soudain, elle me tira d'un coup avec une force insoupçonnée vers elle. Paralysée, je ne pouvais rien faire. Je fermai les yeux et me crispai. Je m'attendais à sentir le contact de la glace mais j'avais l'impression de m'enfoncer dans de l'eau tiède.

Quand je rouvris les yeux, mon reflet s'était évaporé. Je n'avais pas bougé. J'étais toujours devant le miroir de mon salon mais la mystérieuse femme était partie. Je me sentais ailleurs, j'avais le sentiment désagréable d'être devenue quelqu'un d'autre. J'entendis un rire moqueur et sale résonner dans toute la pièce. Mes poils se hérissèrent, mon cœur s'accéléra. Ce n'était pas vrai. Je devait rêver. Je me mis à courir dans toutes les pièces de la maison. Je me cognais partout, je trébuchais sur les tapis. Je voulais m'échapper, me défaire d'elle. Les escaliers bougeaient de place, les murs changeaient de couleurs. Tout se mélangeait devant moi pour que je me retrouvais encore devant ce putain de miroir. À bout de souffle, je m'approchais lentement devant le miroir et j'y déposai ma paume.

« Pourrais-tu me toucher ? »

Un de Ses Murmures.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant