J'ai toujours été intrigué par cette Grande Porte. Cette Grande Porte brune à la poignée d'un or brillant qui était au milieu de mon petit village. Elle était très imposante. Mon village demeurait dans un monde sans source de lumière, où la lune et les étoiles hantaient le ciel. Beaucoup de maisons sont ornées de lanterne, les lampadaires illuminaient les rues et des bougies formaient un cercle parfait autour de ce lieu culte. Heureusement, il arrivait parfois que la Grande Porte s'entrouvrait dans un puissant grincement pour libérer des rayons de lumière. Ces rares moments étaient annonceurs de bonnes nouvelles pour les villageois. J'habitais dans une petite maison à quelques mètres de cette Porte. Je faisais partie des gens qui chaque matin, allaient observer ce monument, espérant qu'il nous éblouirait de sa lumière blanche. Je n'avais rien d'autre à faire de toute façon. La même routine, jour après jour. Cela me satisfaisait pleinement ou presque. J'ai toujours eu un sentiment inconfortable, comme si il me manquait quelque chose.
Tard le soir, aujourd'hui, en prenant la direction des escaliers, mes pieds me lançaient et me brûlaient, je m'appuyai du mieux que je pouvais sur la rampe. Arrivé en haut, dans ma chambre,
J'ai tiré le rideau et regardai à travers la fenêtre. Ce paysage était magnifique. Je pouvais observer les lumières dans ma rue qui dansaient des valses sur les murs. Des gens, encore dehors, marchaient d'un pas mal assuré, un verre à la main. J'arrivais à entendre leurs rires si joviaux que je souriais, moi aussi. Il y avait aussi deux jeunes gens, qui se tenaient la main, le regard perdu dans les yeux de l'autre. Et au loin, en plissant un peu les yeux, je voyais cette Porte. Elle était là, impassible. Il y avait une force qu'on pouvait ressentir dans cette Porte. Au point d'en avoir la chair de poule ou même d'avoir une larme qui roule sur la joue. Après que les rires se fussent tus, que mon regard se lassa, je m'allongeai sur le lit, les paupières lourdes. Je sentais déjà les courbatures revenir.Bom. Bom. Des bruits sourds m'arrachaient de mon sommeil de plomb. Bom. Bom. Ces bruits raisonnaient dans mon crâne. À force, j'avais l'impression d'entendre mon prénom qui se répétait encore et encore. Je bondis hors de mon lit, dévalai les marches à toute vitesse. Bom. Bom. Et dans ma course pour cesser ce vacarme, je m'arrêtai soudainement, voyant ma porte d'entrée. J'avais une sensation de fin, sur le point de découvrir ce qu'il me manquait. Mais en même temps, j'avais le sentiment de m'arracher à ce que je chérissais profondément. Je me sentais confus et désordonné. Bom. Bom. Les appels me sortirent de ma rêverie. J'avançai, pas à pas vers ma porte. Mon cœur battant à tout rompre. La poignée se tourna et je découvris. Tous les villageois, assemblés autour de la maison, torches à la main. Et d'une seule voix, ils me dirent ce que j'attendais depuis si longtemps : "Il est temps pour toi de partir."
Les larmes coulèrent. Pendant un moment qui me semblait durer une éternité, je pleurais. Toutes mes émotions se mélangeaient et se déversaient sur mes joues. Les villageois quant à eux, attendaient patiemment, le sourire aux lèvres. Et maintenant, je relevai la tête, souriant à mon tour. Je suis prêt.
Je m'avançais vers eux. L'assemblée se sépara, pour me frayer un mince sillon. En parcourant le chemin dessiné, je sentais un calme rassurant qui flottait autour de moi, dans tout le village. Tout le monde était là, pour moi. Et à la fin du chemin, sans surprise, il y avait la Grande Porte, illuminée par les bougies à ses pieds. Comme si la Porte me reconnaissait, elle s'ouvrit de plus belle, révélant une lumière blanche sans nom. La lumière m'invita à rentrer. Je jetai dernier regard aux habitants et je me retournai vers elle. Plus je m'avançai, plus la chaleur de la lumière m'émerveilla et me plongea dans une sorte de cocon protecteur.
J'approchais du but, la fin est proche.
Soudain, à l'intérieur de la Porte, je me retrouvai au milieu d'un long couloir sombre. La température avait radicalement chuté. Je ne ressentais plus ce chaleureux cocon qui m' enveloppait. Je n'avais pas le choix, alors je continuais d'avancer. Et quand j'approchais de la fin de ce tunnel, je vis une simple chaise en bois, tournée vers moi. Quelque chose me poussa à m'asseoir sur celle-ci. Cette force m'écrasait au fond de ce dur siège. Un frisson désagréable me parcourut. J'ai enfin trouvé ce qu'il me manquait.Ce soir, un prisonnier vient de mourir.
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Un de Ses Murmures.
Short StoryIci, chaque chapitre est différent. Chaque chapitre à sa propre histoire. C'est le recueil de mes histoires, de mes émotions. Chapitre après chapitre, apprenez à me connaître.🌟