Magic Shop || [Recueil OS]

☆4 - En panne d'amour☆

- Pauvre connard !

Cette insulte sort tout droit du cœur ; de mon cœur brisé et piétiné.

Je claque violemment la porte derrière moi et me moque royalement de l'avoir cassée. Elle ne sera jamais en aussi mauvais état que mon cœur actuellement. La sensation qui envahit mon être me déstabilise et me fait louper la dernière marche des escaliers. Je tombe alors ridiculement et le sol me réceptionne, les bras ouverts. J'ai si mal... mais pas physiquement. Je ne ressens rien sur mon corps car émotionnellement, c'est le chaos.

Avec toute la dignité qu'il me reste, je me relève sans faire attention au gardien de l'immeuble qui passe le balai dans le hall, et marche en direction de ma voiture. Une fois dedans, je tiens fermement mon volant jusqu'à voir mes jointures devenir toutes blanches. Je voudrais poser ma tête sur le volant et relâcher toute ma colère mais j'ai besoin de quitter cet endroit au plus vite. Alors je démarre et m'éloigne rapidement sans jamais me retourner.

Durant le trajet, je ne cesse de revoir la scène qui m'a fait face il y a un instant. Difficile de ne pas visualiser à nouveau les deux corps dévêtus qui se donnaient à cœur joie dans une certaine activité physique. Et dire que j'ai fait une heure de route pour venir faire une surprise à mon petit-ami et que finalement, j'ai vu ce dernier entre les cuisses d'une fausse blonde à la poitrine toute refaite. Je ne sais pas ce qui est le pire entre le fait de l'avoir surpris en pleine tromperie et de voir qu'il ne montrait aucun signe de culpabilité sur son visage.

Soudain, mes yeux ne peuvent plus retenir les larmes qui les submergent. Ces dernières coulent et tracent un chemin le long de mes joues pour se rejoindre en bas de mon menton. La vue brouillée, je tente tant bien que mal à garder un œil sur la route. Il me reste encore trente minutes de route à parcourir, la moitié du chemin.

Ma mère m'avait prévenue que les relations à distance ne menaient à rien et j'aurais dû la croire. Comme on dit, "loin des yeux, loin du cœur". Mais on ne peut pas me reprocher d'avoir cru en mon couple. Tout allait si bien entre nous, je ne me voyais pas laisser la distance nous empêcher de vivre une belle histoire d'amour. C'est au bout de sept mois de relation que j'ai compris qu'il se payait ma tête. Je comprends mieux maintenant pourquoi monsieur souhaitait toujours que je le prévienne avant de venir. Il ne voulait certainement pas que je tombe sur sa blonde et lui.

La colère est encore très vive mais elle a quand même diminué depuis que je suis partie. Je vais avoir besoin d'une bonne dose de crème glacée et de mouchoir pour cette nuit devant toute la saga Twilight. Retrouver Edward et Bella va un peu me remonter le moral.

Le panneau que je dépasse m'indique que je viens de passer la frontière de ma ville, je vais alors bientôt devoir quitter le périphérique. Au bout de dix minutes, je sens un léger ralentissement dans mon allure et pourtant, j'appuie à fond sur l'accélérateur. Des voyants oranges commencent ensuite à apparaître sur mon tableau de bord et il n'est pas nécessaire de se rappeler du code de la route pour comprendre que c'est très mauvais signe. Alors prudemment, je me déporte sur la bande d'arrêt d'urgence et arrête ma voiture. De toute façon, même si j'avais voulu continuer, elle se serait arrêtée toute seule au bout d'un moment. Heureusement pour moi, il n'y a personne sur la route.

Pourquoi il a fallu que je tombe en panne pile ce soir ? La vie s'acharne contre moi aujourd'hui. Je ne sais pas ce que j'ai fait pour mériter autant de malheur en si peu de temps.

Après avoir appliqué les gestes à faire en cas de panne sur le périphérique, je récupère mon manteau et mon téléphone avant de me positionner derrière la glissière pour me mettre en sécurité. J'appelle sans attendre une dépanneuse qui m'affirme sa venue dans moins d'un quart d'heure. Il fait légèrement froid à cause du vent et il me tarde de rentrer chez moi pour prendre un bon bain chaud et me détendre.