Magic Shop || [Recueil OS]

☆2 - Quand l'amour opère☆

Des pleurs se font entendre à mesure que j'avance dans le couloir. J'approche du petit groupe de personnes à la mine attristée avec une annonce en tête. Dès qu'elles me voient, elles accourent vers moi et m'assomment déjà de questions.

- Comment va-t-il ? demande avec inquiétude une femme d'âge mûr, que j'imagine être la mère du patient.

- Votre fils va très bien, l'opération a été une réussite ! je la rassure en souriant.

Un homme du même âge vient caresser l'épaule de la mère alors qu'une dame plus âgée lui tend un mouchoir. La femme inconsolable reprend son calme après s'être mouchée.

- M-Merci madame, merci beaucoup !

- Ce n'est pas moi que vous devez remercier mais le chirurgien !

Pile à ce moment-là, ce dernier fait son apparition dans mon dos et s'adresse à la famille du patient. Il leur donne des bonnes nouvelles qui leur permettent de reprendre des couleurs. Leur inquiétude s'envole pour laisser entièrement place au soulagement. Les trois heures d'opération ont dû leur paraître interminables et la crainte au sujet de la réussite de l'opération n'a sûrement pas aidé à les apaiser.

- Je vous remercie infiniment pour tout Docteur Jeon ! Vous avez sauvé mon fils ! s'exclame la mère du patient en s'inclinant profondément devant le chirurgien.

Le Docteur Jeon s'incline poliment en retour et je remarque une certaine rougeur sur ses joues. Recevoir des remerciements l'a toujours gêné et pourtant, il en reçoit tous les jours. Son travail est admirable et ce n'est pas pour rien qu'il est réputé pour être le meilleur chirurgien de la ville. Malgré son expertise dans le domaine de la chirurgie, c'est surtout son jeune âge qui interpelle les personnes. Il a seulement trente-deux ans, sachant que les meilleurs chirurgiens ont une moyenne d'âge de cinquante-et-un ans.

S'il a réussi à atteindre un statut aussi élevé si vite, c'est parce qu'il a été major de sa promotion durant toutes ses études. Son internat a également été un franc succès car il a diagnostiqué une maladie que même les médecins les plus anciens n'ont pas réussi à détecter. Il est évident que son travail en tant que médecin et chirurgien lui tient à cœur. Il sauve des vies et devient le héros de beaucoup de monde.

- Je ne fais que mon travail madame, déclare modestement le Docteur Jeon. Je vous invite à vous diriger vers l'accueil pour que l'on vous donne le numéro de la chambre de votre fils.

La petite famille du garçon lance encore quelques louanges à leur sauveur avant de s'éloigner dans le couloir pour rejoindre l'accueil. Lorsque les trois personnes disparaissent, le chirurgien expire lourdement à mes côtés. Derrière son sourire, j'imagine toute la pression qui l'habite.

Être chirurgien est admirable mais atrocement stressant car cela signifie que l'on a la vie de son patient entre les mains. Tout se joue sur la capacité du médecin à soigner le corps de son patient. Et en cas de pépin, la faute est rejetée sur lui. En exerçant ce métier, il faut savoir être fort et encaisser la critique et la haine des familles et des amis qui perdent un membre qui leur est cher. Bien sûr, le chirurgien sauve des vies, mais il ne peut pas toutes les sauver.

- Vous avez fait un excellent travail, comme toujours, je le félicite.

L'homme habillé de sa tenue de bloc opératoire me jette un regard et sourit.

- Je n'aurais jamais pu faire ça sans vous.

Un chirurgien n'agit jamais seul. Il est toujours assisté par un médecin anesthésiste et son infirmier, un interne et également par un infirmier de bloc opératoire, aussi appelé infirmier instrumentiste. Ce dernier est là pour prolonger les mains du chirurgien car il doit donner les instruments nécessaires au bon déroulement de l'opération. C'est pourquoi il doit attentivement observer les gestes du chirurgien afin d'anticiper les actions futures.