5. En mille morceaux

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Je sors de la douche et achève de remonter sur mes hanches un jean noir slim lorsque les deux sonneries brèves retentissent.

— Entre ! C'est ouvert. crié-je de la chambre.

Morgan a été plus rapide que moi. Après dix kilomètres de course dans le parc voisin, nous avons décidé que le premier qui a fini sa douche rejoint l'autre. J'attrape le tee-shirt blanc que j'ai posé sur le lit. Je l'enfile rapidement avant de le rejoindre dans  le salon en me séchant énergiquement les cheveux avec une serviette.

— Tu sais que tu es imprudent Derek ? N'importe qui aurait pu entrer chez toi.

Le ton très agacé de Morgan me fait sortir le visage de ma serviette. Il est debout, ses jambes  légèrement écartées et fermement plantées sur le sol, moulées dans un jean bleu pâle qui lui va à merveille. Il me toise de son regard gris acier en fronçant les sourcils. Je fais la moue devant sa posture et son air courroucé  : les bras croisés sur sa poitrine recouverte d'une chemise blanche largement ouverte, il donne l'impression d'un père réprimandant son gosse. Ses cheveux mouillés paraissent plus sombres mais sont comme d'ordinaire totalement ébouriffés. Les filles disent souvent qu'un mec qui sort de la douche est plus sexy. Ben... globalement je suis d'accord en ce qui concerne Morgan avec son petit côté grognon. Je ne résiste pas à l'envie de le taquiner un peu.

— Imprudent ? Peut-être. Mais... si jamais un serial-killer, qui traine dans le quartier, qui connait le code de l'interphone, entre dans l'immeuble puis choisit, au hasard total, le cinquième étage et frappe deux fois à ma porte car il connaît notre code, j'ai quelques arguments à lui opposer, dis-je en tâtant mes biceps, et puis j'ai une arme secrète.

Il hausse un sourcil d'un air interrogateur, ne comprenant pas. Je m'approche alors de lui et lui glisse à l'oreille.

— J'ai un voisin terrifiant qui interviendrait dans la seconde pour lui casser la gueule.

— Pfff, t'es vraiment qu'un idiot.

— Pas faux.

S'il semble... soulagé, légèrement amusé même de ma réponse, Morgan ne rit pas. Il me dévisage quelques secondes puis laisse son regard traîner sur moi.

— Tu veux que je refasse ton pansement ? me propose-t-il soudain.

Je recule brutalement d'un pas, m'apercevant que je suis resté très proche de lui.

— Merci, c'est inutile pour l'instant. J'ai protégé ma main avec un plastique sous la douche pour éviter de le tremper. Plus tard peut-être.

Alors que je me demande comment je vais réagir quand il me touchera, Morgan me tourne le dos et s'assoit sur mon canapé.

— Bon on reprend le programme : après le sport, la Saint-Valentin.

Merde, j'espérais qu'il aurait oublié.

— T'es sûr ? Tu veux pas d'abord  grignoter un truc ?

— Non. On bosse et puis on déjeunera ensemble plus tard. Cherche pas à esquiver Derek. Viens ici avec ton portable.

Comme un ado qui ne veut pas faire ses devoirs, je râle pour la forme, mais attrape sur la table mon ordinateur et le rejoins. Je choisis  de ne pas me poser sur la place qu'il m'indique juste à côté de lui sur le canapé et de m'installer sur le fauteuil. C'est vraiment un putain de tentateur et je ne me fais absolument pas confiance.

— T'en es où  pour l'article ?

Je retourne vers lui l'écran pour qu'il admire le titre et la page blanche. Il rigole.

𝙹𝚞𝚜𝚝 𝙻𝚘𝚟𝚎 | BxBOù les histoires vivent. Découvrez maintenant