Chap. (3) Ski, resto, spa, dodo.

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Troisième jour, Elian et ses parents enchaînent les journées de ski. Des vertes qui plaisent à la mère et qui désespèrent Elian, des bleues qui donnent du challenge à maman, de la douceur à papa. Des rouges qui effraient maman, qui défient papa et qui plaisent à Elian. Et enfin, des noirs sans maman, devant papa et à fond les ballons. Des télésièges débrayables 8 places sièges chauffants, bijoux technologiques, télésiège en bois, 3 place, d'une lenteur frustrante, des tapis dans la bulle de verre, pour les débutants, des téléskis avec un virage et des pentes raides. Tout, absolument tout est là. Une appli qui donne en direct le temps d'attente aux remontées, la météo, les risques d'avalanches, les toilettes les plus proches, le plan des pistes du domaine...  Le wifi gratuit sur les pistes. Le McDonald's qui a la plus belle vue de France, saturé, le restaurant 3 étoiles gastronomique vue panoramique avec des plats aussi chers que long à prononcer. Une piste pour avions, un héliport, au milieu des pistes. Un hôtel planté entre deux pistes rouges, un bar à ciel ouvert. Ou même un village d'igloos, avec, à droite, la plus longue piste de luge d'Europe, et, à gauche, les vestiges de la coupe du monde de sculptures sur glace qui avait eu lieu la semaine dernière. Cet environnement, couronné par la beauté rare d'un paysage d'exception, plonge Elian dans une sorte d'excitation intérieure, d'euphorie profonde. Il veut se rouler dans la neige, crier de joie, pleurer de sublimation. Le matin, il se réveille à 7h30, monte sur la moto neige d'un pisteur avec qui il a sympathisé, puis se retrouve seul, au sommet du domaine, avec la vue sur un ciel rose orangé, qui colore des plus belles teintures les quelques nuages qui se promènent encore avant de disparaître. Il contemple la vallée en contrebas, profonde, sombre, encore endormie. Il tend l'oreille, pour n'entendre que le léger bruit du vent glacial qui s'engouffre par les manches de sa combinaison et qui le fait frissonner de plaisir. Il voit un à un les sommets s'illuminer et s'imprégner des premiers rayons du soleil. Puis enfin, il se dresse, sort de sa cachette, grand, intense et majestueux, le soleil d'hiver, rasant. Il effleure les joues rouges d'Elian, les caresse de sa lumière. Vient lécher les oreilles de Elian avec une tiédeur agréable. Elian prend conscience alors, que c'est ici qu'il veut vivre, grandir et mourir. Il n'y a pas plus bel endroit sur terre qu'ici ! Les plages de sables, pfff, elles se ressemblent toutes ! Leur chaleur est trop bonne pour être réelle. Ici, le vent mordant te donne une sensation de vitalité, de force et d'adrénaline. Les forêts, pffff, elles ne sont qu'alignements verticaux d'arbres sur un unique sol horizontal. Ici, les courbures, les cassures gracieuses et les arêtes saillantes vous mettent au défis, elles vous regardent de haut, vous remettent à votre place de petit humain, humble admirateur de ces pentes irréalistes. Elian, skis aux pieds, s'apprête à redescendre avant l'arrivée de la masse de malchanceux qui ont ratés ce levé de soleil. Mais à peine a-t-il poussé un coup sur ses bâtons qu'il voit une masse traverser son champ de vision à une vitesse considérable : un animal ! De la taille d'un gros chevreuil, au pelage marron foncé, aux cornes petites, qui forment un demi-cercle au bout pour revenir. Deux traits blancs qui soulignent son regard pour se rejoindre au dessus de son museau. Un chamois. Roi de ces montagnes, il file à une allure hallucinante vers une crête puis disparaît de l'autre côté. Dans le département, le phénomène est courant, mais magique à chaque fois. Comme une raclette ! La descente est agréable, seulement des bleues et des rouges, la neige est encore dure, parfaitement damée de la nuit passée. Arrivé au chalet, Elian s'offre le plaisir de prononcer cette phrase en entrant nu dans le jacuzzi du chalet : "Après l'effort, le réconfort, car bon dieu qu'il fait froid dehors". Fier de sa rime ajoutée à cette célèbre phrase, il détend tous ses muscles dans cette eau fumante dépassant les 40 degrés. Il pense à son meilleur ami, Matthieu, qu'il a laisser à Paris. Il regrette de ne pas pouvoir passer ce moment de bien-être total avec le mec qu'il fréquente au quotidien !
Après une petite heure, Elian ressort du jacuzzi dans un bien-être total. Il a l'impression de flotter à 2 centimètres du sol en se rendant dans la cuisine. Il saisit le pot de nutella, l'ouvre, prend une cuillère et se régale avec. 10h30, déjà ! Ses parents lui demande de mettre sa combinaison de ski, aujourd'hui c'est déjeuner au restaurant d'altitude "Le Bouquetin".
Chaussage des skis, prise du télésiège, descente de quelques pistes avant d'arriver au resto, planté sur une bosse rocheuse au milieu d'une forêt d'épicéas. Entrée dans le bâtiment puis dégustation des plats chauds au prix exorbitant. "Nous payons la vue, pas la nourriture, alors profitez de la vue !" S'énerve un peu le père. Après ce repas, la faim assouvit, le trio de parigos repart skier. Les virages s'enchaînent, la technique se peaufine pour le talentueux Elian, bientôt fier de ramasser la jeune fille qui ne tient plus debout en chasse neige à l'approche d'une pente supérieure à 20 degrés.
Elian est content, il passe les meilleurs vacances de sa courte existence. Il est heureux, dans un bonheur infini. Il voudrait tellement que ces vacances ne s'arrêtent jamais ! Mais cela fait déjà 3 jours, il n'en reste que 4 !

L'appel De La MontagneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant