Chapitre 2 : Petit-frère

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Tu avais 9 ans quand tout c'est terminé...
Tu avais 9 ans, et toute la vie devant toi...
Si tu savais à quel point tu nous manque...
J'pensais qu'avec les années la douleur partirait,
Qu'elle deviendrait un peu moins violente,
Mais j'ai eu tort d'y croire...

Il m'arrive certains matins de rester de rester clouée au lit,
A pleurer pendant des heures...
On était jeune...

Je revois le massacre,
J'entends les gens courir, partout,
J'sens encore tes larmes qui n'arrêtaient pas de coulées,
Je les ai en tête à chaque fois que je ferme les yeux...

J'me souviens de la panique dans tes pupilles,
De ton incompréhension...
J'entends encore ta petite voix me dire
« c'est quoi ça »,
Avant de sentir ton poids s'écraser dans mes bras et glisser au sol...
Je suis tellement désolée ptit frère...
De ne pas avoir su te protéger,
De ne pas avoir su comment réagir,
Si tu savais comme je m'en veux...
C'est l'enfer...
J'me sens si impuissante, et si coupable...

Il y a quelque chose qui s'est brisé en moi,
Quand j'ai senti ce vide dans ma poitrine,
Quand j't'ai retenu du mieux que j'ai pu avant de te déposer à terre.

J'ai compris que c'était fini,
Quand j'ai vu ton visage si livide,
Qui autrefois, était si plein de joie de vivre,
Il n'y avait plus ce ptit sourire en coin qui vivait sur tes lèvres,
Celui que je t'ai toujours vu ou presque...

Tes yeux avaient perdu leurs éclats,
Ce petit truc que tout le monde aimait tant,
Qui avait séduit de nombreux cœurs,
Il n'y avait plus cette nuance de malice qui les faisaient briller,
Ni même ce sentiment de fausse arrogance.

J'me rappelle à quel point j'ai prié pour que tu me dise en riant :
« je vais bien ne t'en fais pas ! »
Comme tu le faisais quand tu jouais les casses-cou...

Ça me fume à chaque fois que j'me dis :
« il aurait dû être là, il aurait dit ça, fait ça »
Il y a tellement de choses que tu ne pourras jamais vivre,
Tu n'auras jamais ta première copine,
Ton premier baiser,
Je n'aurais jamais la chance de te voir rentrer dans ma chambre et me dire « Maël, je crois que je suis amoureux...» 
J'te verrais jamais crier devant l'ordinateur pour avoir obtenu ton brevet,
Ni même te voir sauter de joie pour être bachelier...
Tant de choses qu'ils t'ont enlever,
Qu'ils t'ont empêcher de vivre...

J'ai ces images si morbides qui défilent devant mes yeux,
Et j'ai mal,
Mal en me disant « et si »...
Mais aucun « et si » ne te feront revenir...
Alors brille petite étoile...
Touche la lune comme on voulait le faire autrefois,
Repose en paix mon coeur,
Je t'aime bro'.
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Prenez soin de vos proches,
Ils ne sont pas éternels, tout comme vous ne l'êtes pas :)
Longue vie à vous et mes condoléances à toutes les familles qui ont été victime, toucher de près ou de loin par les attentats de 2015 à Paris.

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