5. Le bureau de Dumbledore : comment créer un malaise de qualité !

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Les ténèbres.

Tout était ténèbres, infinies, comme une longue pénitence sans destination. La notion de temps devenait abstraite, et chaque moment semblait se répéter, identique au précédent.

Et puis la lumière apparut, telle la promesse d'une rédemption. Je mobilisai mes dernières forces et quittai l'obscurité pour pénétrer dans la clarté. J'étais comme transcendée. Ce fut une renaissance. Un renouveau. La promesse d'un monde meilleur. J'avais bravé les épreuves, enfin je pourrais avoir droit au répit. Enfin je profiterais pleinement de la vie qui s'offrait à moi. Enfin... j'arrivais au sommet de cet escalier de mes deux, parbleu !

À bout de souffle, je tâtonnai le vide à la recherche du mur le plus proche pour m'appuyer. Finalement ma main entra en contact avec une lourde porte, et je me laissai négligemment tomber contre, n'ayant ni la force ni la motivation de faire doucement. Ainsi je m'écrasai la tronche contre la porte dans un grand Boum !, et restai appuyée dans cette étrange position, le front contre le bois, les yeux fermés. Je tentais de réduire mon rythme cardiaque qui avait considérablement augmenté durant la dernière heure... Seulement, et bah une porte ça s'ouvre. Je me sentis petit à petit tomber en avant dans un long grincement de gonds. Et dans mon immense flemmardise, je ne pris même pas la peine de réagir. Ce qui me valut de m'étaler de tout mon long sur le parquet du bureau, la tronche la première. Oui oui, j'ai un véritable don pour ce qui est des entrées fracassantes...

Dumbledore (qui soit dit en passant m'avait devancé et était déjà tranquillement assis à son bureau) leva calmement les yeux des parchemins qu'il lisait et ne put s'empêcher de me demander ironiquement :

-Toujours vivante ?

Et oui, toujours... Je poussai un long gémissement et décollai ma tête du sol pour le regarder.

-Euuuurrr... Elle est mal foutue votre école... Et pis franchement m'sieur, Rusard et Miss Teigne, y faut les enfermer ! Des dangers pour la société et l'équilibre du monde ! Avec le Qi d'une huître qui plus est... J'suis même sûre qu'une huître s'en sortirai mieux !

Dumbledore esquissa un sourire, ses petits yeux brillant de curiosité :

-Ça s'est mal passé, c'est ça ?

Je m'effondrai en pleurs, laissant lamentablement ma tête retomber contre le parquet :

-Bouhouhoooouuuuu ! Rusard il est trop méchant !

Dumbledore s'avança vers moi et me tapota amicalement le dos :

-Allons allons inutile de pleurer pour cela... Et puis, il vous a malgré tout mené à mon bureau.

Je me redressai d'un coup en tendant un doigt inquisiteur vers le directeur, emportée par la rage :

-Il m'a menée à votre bureau, vous dites ?! Mouais et bah il en a profité pour rallonger le trajet ! Trois fois, on est passé par les cachots ! TROIS FOIS ! À ce point là, moi j'appelle plus ça un détour, mais carrément une VISITE COMPLÈTE de la propriété, option randonnée high level... Non mais sérieux, il se prend pour qui ?! Stéphane Plaza ?

Je ne pus retenir une grimace de dégoût en imaginant un 'Rusard Plaza' (...un Plazazard ?!) en costard-cravate, faisant visiter le château et sortant des phrases du genre "nous avons ici affaire à une très belle surface" ou "ah non mais vous ne trouverez jamais une hauteur sous-plafond à ce prix-là !". De quoi décourager même le plus aguerri des acheteurs...

-Voyons, ce ne devait pas être si terrible que ça...

-J'ai failli mourir.

-... et puis, Rusard n'est pas si méchant...

Que serait Poudlard sans quelques mystères ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant