Que serait Poudlard sans quelques mystères ?

8. C'est chouette Poudlard, hein ?

Neville allait prendre cher, ça c'était une évidence.
Le cours de vol venait à peine de commencer et je sentais déjà que l'emmerde n'était pas loin. Ahhh, l'emmerde, cette vieille amie... Elle ne tarda d'ailleurs pas à pointer le bout de son nez.

Alors que madame Bibine donnait un coup de sifflet pour indiquer aux élèves de décoller, le balai de Neville s'éleva doucement du sol, avant de partir en flèche dans le ciel, secouant son passager dans tous les sens. Je fermai les yeux pour tenter de me retenir de faire quoi que ce soit que je pourrais regretter. Non Alice, c'est pas le moment d'attirer une fois de plus l'attention... Neville, cramponné à son balai comme une moule à son rocher, fit quelques pirouettes, puis vint percuter un des murs du château, avant de repartir à toute allure en poussant des cris désespérés. Pauvre Neville... C'était vraiment un des personnages qui subissait le plus sans aucune raison particulière...! Tout le monde paniqua, une atmosphère d'urgence gagnant la classe. J'entendis une élève à côté de moi s'écrier :

-Il faut l'aider...!

Ahhhh que je suis faible...! Je poussai un petit soupir et, n'écoutant que mon foutu courage de Gryffondor, j'enfourchai mon balai et m'élançai dans les airs, malgré la professeur qui me beuglait de redescendre. Je m'en cognais royalement, j'étais décidée à sauver ce pauvre Londubat !

Ce n'est qu'une fois à 20 mètres du sol que je me souvins d'un détail un chouïa important : je ne savais absolument pas voler sur un balai ! Il fallait dire que j'en avais rarement eu l'occasion... M'envoler sur un bout de bois magique sans savoir comment faire, ce n'était clairement pas ma meilleure idée, surtout après m'être engloutie un verre de rhum cul-sec... Je battais des records... ! Mais je n'avais plus de temps à perdre : maintenant que j'étais là, autant aller jusqu'au bout !

Je guettai Neville qui fendait l'air à une vitesse que j'estimais avoisinante celle de la lumière. Il fallait se rendre à l'évidence : jamais je ne pourrais le rattraper. C'était à peine si je tenais en équilibre sur mon balai, je n'allais certainement pas me lancer dans une course poursuite désespérée. C'était perdu d'avance. Ciao amigos. Hasta la vista. Neville allait se faire embrocher par la pointe, et puis c'est tout. Et moi, ô pauvre Alice, j'allais me faire expulser. Ou pire : j'allais tomber de mon balai, me briser tous les os et me mettre à parler latin en verlan ! ... Jeeee suiiiiiiis troooooop jeeeeeeuuuuuuuune !!! Jeeee -... Mais c'est bien sûr ! La pointe !

Je tournai la tête de tous les côtés, et repérai alors une statue en haut d'une des tours, tenant une lance pointée vers le ciel. C'est ça ! C'est à cette statue que la cape de Neville va s'accrocher ! Oubliant ma non-expérience dans le domaine du vol sur balai magique, je me penchai en avant pour faire avancer ma monture et m'approchai rapidement de la-dite statue. À l'instant même où je l'atteignis, j'aperçus le balai de Neville foncer droit dessus et, comme prévu, la cape du jeune homme se prit dans la pointe de la lance, le suspendant dans le vide tandis que son balai partait s'éclater contre un mur un peu plus loin.

-Au secours...

Le pauvre garçon était blanc comme un linge, et regardait avec des yeux terrifiés le sol à plusieurs mètres en dessous de lui. Je lui tendis la main, me cramponnant de l'autre à mon balai pour rester en équilibre. Neville tenta tant bien que mal d'attraper mon bras, mais un bruit du tissu se déchirant le figea net. Il leva les yeux vers sa cape que la lance transperçait, avant qu'elle ne cède complètement, l'entrainant dans une chute libre. Et crotte ...! Allô Houston, on a un problème...

Tout sembla soudain se dérouler à une vitesse folle. Sans réfléchir, je me penchai au maximum en avant pour me précipiter vers le sol, m'agrippant de toutes mes forces au manche de mon balai. Pas le choix, on allait devoir se la jouer Harry Potter à la poursuite du Vif d'Or...! Au fond de moi, je me maudissais pour cette idée de merde. Je me voyais déjà ne pas réussir à me redresser, mon balai venant se planter bien droit dans le sol, et moi m'éclatant la tronche par terre...!