Chapitre 七

318 28 5
                                    


『𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟕』



Mont Natagumo, Japon, 13 septembre 1903


La pleine lune brillait au dessus de nos têtes, alors que je me remémorais ce qui m'attendait. Il n'y avait même pas une heure, j'avais accepté de faire partie de la mission de ces pourfendeurs de démons, entrainée par ma curiosité presque morbide. Je n'en croyais pas un mot, mais je devais m'assurer de mes propres yeux qu'il n'y avait pas de telles choses en ce monde. Des créatures se nourrissant d'êtres humains, des monstres ignobles marchant la nuit, cauchemars devenus réalité. 

Accrochée au cou de Tomioka, je ne pouvais m'empêcher de le fixer, son visage éclairé par la clarté lunaire, tandis qu'il fendait la forêt à une vitesse inhumaine, talonné par Shinobu Kocho, que l'on m'avait présentée comme le Pilier de l'Insecte. Avant de partir, j'avais eu droit à un court brief sur l'organisation de cette armée, mais je n'avais honnêtement pas tout compris. Mais plus on se rapprochait du lieu maudit en question, et plus mon opinion vacillait. Ces guerriers se déplaçant avec une telle rapidité, et tout en maintenant des réflexes hors du commun... C'était bien au delà de n'importe quel entrainement, ils avaient quelque chose de plus. Et en rajoutant des éléments telle que la manipulation de magie à l'aide de leurs katanas changeants de couleurs, on obtenait un très bon synopsis pour un film fantastique. Pas la réalité. 

J'allais être vite fixée, puisque nous étions à priori arrivés au bon endroit, comme Tomioka m'avait déposée au sol. La puanteur était atroce, j'avais l'impression que ma gorge brûlait. Mais c'était loin d'être le pire... L'origine de cette odeur nauséabonde n'était autre que celle des cadavres pendus aux arbres, retenus par des fils invisibles dans des positions terribles. Si ce n'était pour la main du Pilier de l'Eau plaquée sur ma bouche, j'aurais hurlé. Mais mon corps se contentait de trembler face à cette vision d'horreur, et je me retenais machinalement à l'homme pour m'éviter de m'effondrer au sol. Je l'entendis jurer dans sa barbe, avant de se retourner vers la jeune femme nous accompagnant. 

" Séparons-nous, ce sera plus rapide, lui dit-il. " 

Shinobu hocha la tête, et sans perdre de temps s'envola dans la forêt, rapidement enveloppée par l'obscurité. Je ne pouvais détacher mon regard du spectacle macabre qui se dessinait sous mes yeux. Qui aurait pu faire ça ? me demandais-je, les larmes aux yeux. La réponse paraissait presque évidente, mais je ne pouvais m'y résoudre. Après tout, ne serait-ce pas mieux qu'un démon ait commis ce massacre plutôt qu'un être humain ? Mais les êtres humains ne possédaient-ils pas tous un démon en eux, maitres d'un côté sombre de l'humanité ? 

Désormais peu m'importait que ce soit un démon ou un humain, dans tous les cas, c'était un monstre. Et les monstres mourraient. Qu'ils soient des Hommes ou non. Je ne supportais plus cette pourriture immonde qui se développait à la surface de la planète, et Dieu seul savait que ça n'allait pas aller en s'arrangeant. Mon sang bouillait dans mes veines, et je me dégageais brusquement de l'étreinte de Tomioka, m'avançant vers les corps. Je tremblais et ma vue était troublée par les larmes, mais j'étais sûre d'une chose. Je n'étais pas faible, et quiconque était le responsable allait périr, peut être pas de ma lame, mais je n'allais pas rester sans rien faire. 

Un éclat argenté sur le sol attira mon attention, et je tournais le regard vers le katana échoué au sol, avant de le ramasser, solidifiant ma prise sur la poignée du sabre. Je me retournais vers le pourfendeur derrière moi, bien consciente que tous ces gens faisaient partie du même groupe que lui, et que par conséquent, il en connaissait probablement certains. Malgré tous ses efforts pour cacher sa haine derrière son visage impassible, il ne pouvait dissiper l'éclat enragé dans ses yeux, et je ne doutais pas que les miens brillaient du même. 

𝐑𝐞𝐝 𝐖𝐢𝐧𝐞『KNY X OC』Où les histoires vivent. Découvrez maintenant