Chapitre 十五

248 24 14
                                    

art by @Mel04l on twitter


『𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟓』


▂▃▄▅▆▇█▓▒░ Play with fire - Sam Tinnesz ░▒▓█▇▆▅▄▃▂



Japon, Temple de Dōma, ? septembre 1903

Le piaillement d'un oiseau retentit dans le lointain, me réveillant doucement de la sieste improvisée dans laquelle j'avais plongé. Malgré l'absence de fenêtre j'entendais les bruits étouffés de la forêt environnante. J'étirai mes bras devant moi en baillant, avant de me relever du parquet froid. Je m'étais assoupie en lisant, cédant sous la fatigue imposée à mon corps. Une fois debout, mon regard balaya le reste de la pièce pour n'y trouver personne. Je n'avais pas la moindre idée de l'heure qu'il pouvait être mais une chose était sûre, j'avais faim. Comme pour vérifier mes pensées, mon ventre se mit à gargouiller bruyamment, résonnant dans la chambre. 

Soupirant, je me dirigeais vers les escaliers en bois foncé, sans y trouver personne, aucun bruit n'était audible. J'avalais difficilement ma salive, mais entre la faim et l'envie de plus en plus pressante d'aller aux toilettes je n'avais que peu de choix. Et celui qui s'imposait à moi de presque toute sa force était celui qui me faisait descendre dans l'antre du temple, me sortant de ma haute cage. Un frisson me parcourut en pensant à tous les cadavres que j'avais trouvé dans le placard à mon époque. Certains appartenaient surement à des proies pas encore dévorées aujourd'hui, à des gens encore vivants... Je pris une profonde inspiration et tout le courage dont je pouvais faire preuve, et posais un pied hésitant sur la première marche. Surprise et un peu paniquée, je sursautais sous le son du bois qui venait de craquer, retentissant comme un coup de tonnerre. Figée avec un pied dans le vide, j'attendais, la respiration coupée. 

Mais personne ne vint, et je n'entendis aucun bruit provenant de l'étage d'en bas. Rassurée, je posai une main sur ma poitrine, mon cœur palpitant violemment contre elle. Petit à petit, je descendis les escaliers sur la pointe des pieds en jetant perpétuellement des regards inquiets devant moi. Finalement, j'arrivais en arrière d'une pièce ressemblant à une salle tout à fait basique dans une maison japonaise, bien loin de celle avec l'estrade où j'étais tombée il y'a de cela quelques jours. Une table en bois trônait au centre de la pièce, autour de laquelle trainait des coussins à l'air, ma foi, fort confortables. Des babioles trainaient ça et là, ainsi qu'une immense armoire contre le mur à ma droite. Je remarquais une autre table, plus petite et presque directement accolée à l'escalier. 

Pourquoi diable Dōma avait-il une salle à manger ?  

Sans perdre plus de temps à me questionner sur les agissements de mon kidnappeur, je descendis de la dernière marche. Je fis de mon mieux pour garder ma respiration discrète mais c'était plus facile à dire qu'à faire. Mon stress augmentait de manière exponentielle alors que pas à pas, je m'approchais du centre de la pièce. Je priais pour être seule. L'obscurité était telle que je n'en étais même pas encore sûre. L'endroit était grand, et de nombreux recoins étaient plongés dans le noir total, m'empêchant d'y distinguer quoi que ce soit. Les paumes de mains moites, j'avançais rapidement pour observer l'intégralité de la pièce et m'assurer que j'étais bien seule ici. Et je l'étais.

Soupirant de soulagement, je gardais quelques longues secondes pour reprendre un souffle normal. Je baissais les yeux sur mes mains, inconsciemment agrippées aux pans de mes vêtements, tremblantes au possible. Relâchant le tissu, je les secouais dans l'espoir d'interrompre cette réaction mais ça n'avait aucun effet, elles continuaient de trembler sans que je puisse y faire quelque chose. Un soupir échappa mes lèvres et j'abandonnais, laissant tomber mes mains pour de bon. 

𝐑𝐞𝐝 𝐖𝐢𝐧𝐞『KNY X OC』Où les histoires vivent. Découvrez maintenant