Chapitre 四

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『𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟒』

Asakusa, Japon, 13 septembre 1903


Après les évènements de la veille, Alya avait été plus qu'heureuse en allant se coucher, propre et le ventre plein. En revenant des bains, elle avait en effet trouvé un bol d'udon tout chaud posé dans sa chambre, sur la petite table basse, ainsi que de l'eau étonnamment fraiche. Sans se faire prier plus longtemps, elle avait littéralement dévoré le plat - qui était un vrai délice - avant de s'assoupir rapidement sur son futon, sans demander son reste. Quand elle émergea des bras de Morphée, la petite pièce était toujours plongée dans l'obscurité, mais elle se doutait bien que le jour était levé depuis suffisamment longtemps. 

Réprimant un bâillement, la jeune rousse se dégagea des couvertures épaisses, frissonnant au contact soudain de l'air frais sur sa peau nue. La douleur des courbatures résonnait dans ses jambes, mais reposée, elle était bien plus supportable. Et puis elle avait un plan à poursuivre, elle n'avait pas le temps de se laisser distraire. La douleur n'était que secondaire pour elle, après des années à pratiquer des sports de combat, la douce mélodie de ses muscles raidis était quelque chose qu'elle connaissait presque quotidiennement. Elle ne se sentait pas parfaitement reposée, son état psychologique l'en empêchait, mais malgré tout, cette nuit avait été fortement bénéfique à la jeune femme. 

Rapidement, elle avisa son kimono neuf posé sur son sac, et l'enfila tant bien que mal. Sans miroir, la tâche s'était avérée affreusement compliquée, mais Alya était presque sûre de l'avoir mis correctement, presque étant ici le mot clé. Nouant l'épais tissu autour de sa taille, la jeune femme se demandait comment elle devait s'y prendre pour retourner dans le temple sans se faire attraper par l'homme aux cheveux blonds. Elle poussa un soupir, et décida qu'elle aviserait en temps voulu. Après tout, elle devait déjà réussir à retrouver son chemin dans les bois avant de toucher à son but. Ravalant la boule de stress qui s'était formée dans sa gorge, elle enfila ses baskets, qui, de toute manière, resteraient cachées par le bas du kimono, et étaient bien plus agréables et pratiques que les sandales japonaises. 

Son sac à l'épaule, ses longs cheveux remontés en un chignon laissant seulement échapper quelques mèches, Alya était fin prête à retourner chez elle. Elle descendit les escaliers en vitesse, avant de s'arrêter devant le comptoir derrière lequel était toujours la vieille dame d'hier. Esquissant un sourire, la rousse laissa tomber les pièces qu'elle tenait dans le creux de sa main sur le bois, avant de s'incliner et de remercier la japonaise qui la regardait avec un certain étonnement. En voyant la jeune femme, elle ne l'avait presque pas reconnue. Elle n'avait plus rien de la dépravée qui était entrée dans son établissement hier, dans ce magnifique kimono qui cachait ses nombreux tatouages, sans l'épais maquillage qui soulignait ses yeux émeraudes, elle ne pouvait s'empêcher d'avoir l'impression de contempler une des riches aristocrates européennes qu'elle croisait parfois dans les beaux quartiers de Tokyo... Elle baissa le regard sur son comptoir, et ses yeux s'écarquillèrent en voyant le montant laissé. Mais avant qu'elle n'ait pu dire quoi que ce soit, la jeune femme s'était évaporée, disparue dans les rues déjà bondées d'Asakusa. 


Retournant tant bien que mal sur ses pas jusqu'à ce qu'elle espérait être la sortie de la ville, Alya ne pouvait que noter le changement de comportement des gens qu'elle croisait. Alors qu'hier on la regardait comme si elle ne valait pas mieux qu'une merde de chien sur le trottoir, aujourd'hui les vendeurs l'accostaient de leurs échoppes et les hommes lui jetaient des sourires respectables, certains allant jusqu'à la saluer d'un levé de chapeau. Mais alors que la jeune femme traçait sa route sans réellement y prêter une grande attention, un peigne doré délicatement décoré attira son regard. Elle savait que ce genre d'accessoires servaient à retenir les cheveux, mais surtout à un but esthétique, et celui là était incroyable. En l'achetant, ce serait une preuve historique extrêmement précieuse, puisqu'il serait dans un état parfait quand elle rentrerait chez elle. Se débrouillant comme elle pouvait avec l'homme tenant le magasin, elle réussit à faire son achat, et repartit, heureuse de sa trouvaille. En plus du peigne, elle avait pu récupérer une sorte de panier, moins pratique que son sac, mais plus discret. Son but était de se fondre dans la population, la rousse n'avait aucune envie de se faire remarquer comme hier soir. Mais peut être ne se rendait-elle pas compte du nombre de regards portés sur elle alors qu'elle avançait dans la grande rue...

𝐑𝐞𝐝 𝐖𝐢𝐧𝐞『KNY X OC』Où les histoires vivent. Découvrez maintenant