La rupture

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Cela fait cinq jours que j'ai découvert ma grossesse. Un vrai tsunami ! Je n'ai encore prévenu personne. Seules Joana et Frédérique le savent ! Je préfère le dire à Elliot avant les autres.

Je ne sais pas comment lui apprendre la nouvelle. J'ai beau tourner le speech dans ma tête et dans tous les sens, je ne trouve pas de solutions. À cela, s'ajoute sa réaction. Comment va-t-il se comporter à cette annonce ?
Moi-même, je ne sais pas si c'est une bonne ou au contraire une mauvaise nouvelle. Que peut m'apporter cette grossesse ? Comment vais-je concilier ma grossesse et mon travail ? Et après, avec le bébé, que va-t-il se passer ? À force de ruminer, je vais devenir folle. J'attrape mon bloc-notes. Quand j'ai des idées noires, j'aime écrire tout ce qui me vient à l'esprit. Ça me vide la tête et j'ai les idées plus claires.

Presque une heure plus tard, je réagis ! Qu'est-ce que je fais ? Je ne devrais pas être ici à me poser mille questions toute seule !
Je décide d'aller à l'improviste chez Elliot. J'ai une chance sur deux qu'il soit chez lui, autant essayer ! Je ne peux plus rester sans rien faire. Il faut qu'il prenne ses responsabilités tout comme moi. Je n'ai pas fait ce bébé toute seule. Il doit m'aider !

En descendant de la voiture, je lève la tête en direction de la fenêtre. La lumière du salon est allumée. Super ! Je vais pouvoir lui annoncer la nouvelle et on discutera ensemble pour trouver une issue à ce problème.
J'appuie plusieurs fois sur l'interphone mais il prend un temps considérable à me répondre. Il est sans doute sous la douche. J'insiste jusqu'à ce qu'il réagisse.

Derrière sa voix, je crois entendre une voix de femme que je ne connais pas. Il est surpris de ma visite et semble très contrarié. Il trouve des prétextes pour ne pas m'ouvrir et me laisser entrer. Je rêve ! Il se fou de moi ! Je m'obstine jusqu'au bout ! Il doit m'ouvrir ! Je dois lui parler ! J'entends encore cette voix derrière lui. Cette fois, je discerne distinctement ce qu'elle lui dit. Il lui obéit et ouvre la porte. C'est qui cette pétasse ?

Je monte les marches quatre à quatre. Je suis excédée par son comportement. J'ai bien compris qu'il veut être seul avec cette fille. Je ne suis pas stupide. Une maîtresse, ce con à une maîtresse ! Je vais le tuer !
Bon, ok ! Moi aussi j'ai embrassé Thelma. Mais ce n'est pas pareil ! Moi, je ne couche pas avec elle. Je me limite aux rendez-vous galants et au flirt.

J'appuie sur la sonnette sans enlever mon doigt de celle-ci. J'ai bien l'intention que ses voisins l'entendent, je vais lui foutre la honte, à ce con ! Quand il ouvre la porte, je le pousse violemment, mes mains plaquées contre son torse. Je rentre dans l'appartement sans attendre son autorisation.
Sa pétasse est assise sur le canapé. Elle me propose même un verre. C'est du délire ! Mais pour qui elle se prend, elle se croit chez elle ?

- Tu m'explique, c'est qui elle ?
- Avant toute chose, tu dois te calmer !

Me calmer ! La nana ne porte que l'un de ses t-shirts sur le dos. On voit bien qu'elle l'a mis à la va-vite avant que je n'arrive ! Et il veut que je me calme !

- Elle dégage !
- Ce n'est pas à toi de décider qui reste ou qui part, c'est chez moi ici ! C'est moi qui décide, et elle reste !

Elle ose m'adresser la parole.

- Moi c'est Gladys !

Mais je m'en fou comment elle s'appelle !

- Il faut que je te parle. C'est très important !
- Tu peux parler devant elle. Je ne lui cache rien.
- Mais à moi, si !

Il souffle !

- Ok, tu as raison, je te dois la vérité ! Avec Gladys, on se voit depuis environ huit mois ! Mais tu n'es jamais là !
- Ah, je vois ! C'est de ma faute si tu me trompes. Je n'ai qu'à arrêter de travailler. Ce serait tellement plus simple ! Attends une minute ! Et ta demande en mariage devant ma famille ?
- J'avoue ! Je culpabilisé ! J'ai cru que si tu acceptais de m'épouser tout rentrerait dans l'ordre. Je me rendrais compte que tu es faite pour moi et que Gladys n'est qu'une aventure de passage. Mais tu as refusé, alors la donne à changer !

Je ravale ma dignité !

- Il faut vraiment qu'on parle. Il faut qu'elle s'en aille.

Madame à la décence de se retirer dans la chambre.

- Je ne sais pas comment te le dire. Alors je vais aller droit au but. Je suis enceinte !

Il reste sans voix !

- Dis quelque chose !
- Tu es sûre ?
- J'ai effectué une prise de sang qui confirme la grossesse.
- De combien de semaines ?
- Apparemment quatre !
- Qu'est-ce que tu comptes faire ?
- Comment ça, qu'est-ce que je compte faire ? Qu'est-ce qu'on va faire ?
- Non, non, non, ne compte pas sur moi ! Je ne veux pas en entendre parler ! C'est ton problème, pas le mien !

Pas son problème ! Il me prend pour une idiote.

- Ce n'est pas ton problème !!!Bien-sûr que si ! Je ne l'ai pas fait toute seule cet enfant. Au cas où, tu ne le serais pas, un enfant ça se fait à deux. Tu ne te rappelle pas, sur cette table basse. Tu étais là, il me semble !
- C'est ton enfant pas le mien !
- J'ai besoin de toi, cet enfant a besoin de toi. Il a besoin d'un père.
- Je ne suis pas son père et ne le serai jamais ! Tu t'en débarrasse et le problème est réglé.

Je suis sidérée ! Il parle de son enfant comme d'un vulgaire détritus.

- Tu me demandes de me faire avorter ?
- Ne me dis pas que tu l'as voulu, je ne te crois pas !
- Non, mais maintenant il est là, c'est un fait ! Il faut que l'on prenne nos responsabilités face à cet enfant !
- Je te le répète, sans moi ! Tu veux le garder, très bien ! Mais laisse-moi en dehors de tout ça ! Gladys emménage, j'ai une nouvelle vie qui commence sans toi et ce môme. Ne gâche pas tout, va-t'en s'il te plaît !

Il me désigne la porte de la main. J'ai envie de pleurer mais il est hors de question que je lui fasse ce plaisir. Un mélange de haine et de désarroi s'empare de moi ! Quel égoïste ! Je croyais le connaître. Je me rends compte qu'il s'est bien moqué de moi. Je me suis fait avoir sur toute la ligne. Quel comédien ! Il jouait les lèches bottes à ma mère. Il m'a fait croire qu'il m'aimait et au premier obstacle, il s'enfuit ! C'est un gamin immature et sans couille.
Je parle à Gladys à travers la porte de la chambre.

- Bon courage avec cet abruti !

Je découvrirais quelques mois plus tard que Gladys s'est évaporée dans la nature, le jour même de notre rupture.

Je dévale les escaliers ! Les larmes coulent le long de mes joues. Je sors de l'immeuble et traverse la chaussée pour rejoindre la voiture. À mi-chemin, je m'arrête et me retourne vers sa fenêtre. Je me mets à hurler, étouffée dans mes sanglots !

- SALAUD ! SALAUD !

Je claque la portière à me briser les tympans. Je frappe le volant à plusieurs reprises. Je prends une grande inspiration et je lance un cri dans la nuit jusqu'à plus souffle. Je fonds en larmes ! Je pose ma main sur mon ventre.

- À partir de maintenant, c'est juste toi et moi !

KRISTY Les emmerdes arrivent aussi aux étoiles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant