Les policiers doivent venir m'interroger. Mes parents seront présents ainsi que Thelma pour prendre sa déposition à elle aussi. Aujourd'hui est le jour de vérité ! Les secrets sont terminés ! Je vais devoir tout leur avouer si je veux avoir une chance de retrouver mon agresseur. Thelma attend ce moment avec impatience depuis un certain temps déjà.
Avant de mener ce combat, je dois en livrer un autre ! Réussir avec l'aide de l'infirmière à marcher jusqu'à la salle de bain pour aller au cabinet et faire ma toilette et ce sans poser le pied par terre. Ma jambe me fait atrocement souffrir ! Je grimace juste en me retournant dans mon lit pour m'asseoir au bord de celui-ci.
Ma chambre équivaut à une cellule de prison, froide avec ses murs blancs, ses dix mètres carrés et son unique fenêtre que l'on ne peut ouvrir dans son intégralité. Je ne vais pas m'en plaindre, les médias ont été informés de mon hospitalisation. Les journalistes et les paparazzis sont agglutinés par dizaines devant l'hôpital. La fenêtre est fermée pourtant j'entends leur brouhaha incessant. Ils veulent tous l'exclusivité : « Pourquoi Kristy Watters, a-t-elle été hospitalisée en urgence trois jours plus tôt ? »
Je suis quasiment debout en équilibre sur ma jambe droite. Je me rassois à temps afin de ne pas tomber, la tête me tourne ! Jusque-là, ma toilette était effectuée au lit. L'infirmière me recommande de prendre mon temps. J'inspire et expire profondément à plusieurs reprises ! Je reprends une bonne inspiration, je prends un élan grâce à la force de mes bras qui prennent appuis sur le lit et d'un mouvement me lève en me retenant à l'épaule de l'infirmière. J'ai chaud ! Je transpire comme une femme ayant la quarantaine en pleine ménopause. Je sais la comparaison n'est pas dès plus valorisante mais c'est ce qui m'est venu à l'esprit. Et je n'ai pas les idées très clair ces derniers jours, soyons honnête !
J'avance aussi vite qu'un escargot ! J'ai une pensée pour l'infirmière, j'espère que tous ses patients ne sont pas aussi rapides que moi parce qu'aussi non sa journée va être vraiment très longue.
Premier défi relevé ! Je suis arrivée devant les waters, il faut maintenant que j'arrive à m'asseoir dessus, la jambe droite pliée, la jambe gauche raide comme un piquet dans son plâtre. Cocasse !
Une douleur déchirante traverse ma jambe, elle a tellement été réduite en bouillie que les antalgiques ne sont efficaces que partiellement. Je prends sur moi, ce n'est pas dans mes habitudes d'être douillette et je ne souhaite pas être un fardeau pour les autres.
Assise sur une chaise en plastique devant le lavabo, je me lave du mieux que je peux. Thelma me prends par surprise quand elle rentre dans la salle de bain sans bruit, je sursaute !
- Bonjour mon amour ! Aujourd'hui est un grand jour pour toi et moi !
Thelma me libère le cou de mes longs cheveux cuivrés pour m'embrasser la nuque. Je frissonne de désir ! Je lui renvoie son sourire dans le miroir.
- Dis-moi, tu attires la foule !
- Je sais, une véritable horreur ! Je ne vois pas comment on pourrait se débarrasser de ses crocodiles !
- Crocodile ?
- Je les appelle de cette façon car avec leurs dents tranchantes, ils te dévorent d'un seul coup de mâchoire.
- C'est flippant ton histoire !
Thelma me donne un coup de main pour me rendre présentable.
- Laisse-moi te coiffer !
- Je peux le faire seule.
- j'ai envie, ça me fait plaisir !
Une queue de cheval haute pour ne pas être gêné dans mes mouvements et le tour est joué.
À l'arrivée des policiers dans le service, le Docteur Flores les mettent en garde.
- Soyez discrets, nous avons assez du tapage qui se joue en ce moment devant notre établissement. Nos patients ont besoin de calme et de repos.
Il leur précise qu'ils n'ont qu'une demi-heure pour m'interroger. Je suis toujours en étroite surveillance, le risque d'hématome cérébral n'est toujours pas écarté. Le Docteur Flores les font patienter dans la salle d'attente en attendant l'arrivée de mes parents. Ce sont eux qui désiraient être présent. Ayant atteint la majorité, ils n'avaient aucune obligation d'assister à l'interrogatoire mais ils sont si impatient de retrouver mon agresseur qu'ils préfèrent être là.
À ma grande surprise, Christopher a choisi de venir aussi. Mes parents s'installent sur la banquette entre mon lit et la fenêtre. Thelma et Christopher prennent place de l'autre côté du lit sur des chaises. Les deux agents de police, une femme et un homme se mettent à l'aise en face de moi.
L'interrogatoire peut commencer !
Thelma et moi-même commençons par leur raconter le début de notre soirée. Notre récit est le même, il n'y a aucune incohérence entre nos deux versions. Puis on arrive au moment où je quitte le club. Thelma est la première à s'exprimer. J'avais conscience de l'inquiétude qu'elle devait avoir ressenti en me découvrant gisante sur le trottoir mais l'écouter me fait sentir coupable de sa détresse. Les enquêteurs enregistrent l'interrogatoire sur un magnétophone et prennent des notes sur une tablette.
- C'est à vous mademoiselle Watters, on vous écoute !
Dans un premier temps, je n'éprouve aucune difficulté à expliquer ma mésaventure. J'arrive au moment fatidique où celui-ci m'assène un coup de pied dans la colonne vertébrale. Ma voix commence à trembler ainsi que tout mon corps. Thelma se sait rassurante alors je poursuis mon récit poussée par ses encouragements. Je réitère les propos mots pour mots de mon bourreau. Je n'ose regarder mes parents de peur de leurs réactions. L'interrogatoire m'oblige à revivre l'agression dans les moindres détails. Au milieu de mon monologue, je craque ! J'éclate en sanglots, les agents de police habitués à ce genre de situation me laissent un instant pour reprendre le contrôle de mes émotions. Je veux que tout soit fini que tout soit dit ! J'ai besoin de parler, je me confesse sans retenue. C'est un soulagement de libérer ce que l'on a sur le cœur.
Thelma s'est assise sur mon lit à côté de moi. Mes parents restent d'abord stoïques face à ma confession, sous le choc. L'homme me demande de décrire mon agresseur mais il faisait si noir que je n'ai pas vu grand-chose. Il portait un jean bleu foncé ou noir, des baskets usagées et un sweat-shirt à capuche sans doute gris. Je n'ai pas vu son visage, il faisait trop sombre et sa capuche le lui recouvrait en grande partie.
- Avez-vous reconnu sa voix ? Cela peut vous paraître improbable mais vous le connaissez peut-être ou vous l'avez déjà croisé ultérieurement.
- Non sa voix ne me dit rien.
La femme me demande si j'ai entr'aperçue des signes distinctifs tels que grain de beauté ou bien tatouage.
- Il avait plusieurs piercings dans l'oreille droite. Trois ou quatre, je n'ai pas bien vu.
Les policiers se lèvent de leur chaise et nous tendent une poignée de mains ferment à l'une puis à l'autre.
- Bien, merci pour votre collaboration mademoiselle Moore, mademoiselle Watters, bonne convalescence ! Ne vous inquiétez pas pour votre petit secret. Chez nous, il sera bien gardé. Officiellement, il s'agit d'un vol suivi de coups et blessures.
C'est ce que je voulais entendre.
Une fois les policiers partis, un blanc embarrassant s'installe ! Aucun de nous ne se risque à croiser le regard de l'autre.
Je me penche pour m'adresser à ma mère.
- Maman, pourquoi tu pleures ?
- Ton frère est un vieux garçon de vingt-six ans toujours célibataire. Il passe son temps à la maison, au lieu de sortir pour rencontrer quelqu'un et toi tu es lesbienne. Je ne saurais jamais grand-mère !
Je pose une main sur ma bouche pour étouffer un rire. Mon père se met à glousser silencieusement, Thelma l'imite ! Ma mère est vexée et le prend pour elle.
- Allez-y, moquez-vous de moi !
Ce qui a pour conséquence de faire éclater un fou rire général ! Le rire est le meilleur antalgique que je connaisse !
Mon père veut malgré tout être sûr d'avoir saisi l'intégralité de l'histoire.
- Si j'ai bien compris, cet homme t'a violemment agressé parce qu'il vous a vu vous embrasser dans ce club ?
- Oui papa, c'est bien ça !
- Alors toi et Thelma vous êtes ensemble ? Je veux dire, vous êtes un couple !
- Ouuuui !
Nouveau blanc !
- Christopher, tu étais au courant ?
- Et arrêtez de me regarder de cette façon ! Je savais qu'elles étaient ensemble mais je croyais que Kristy ne faisait que s'amuser. Je ne savais pas que c'était aussi sérieux entre elles, ok !
Ma mère se lève et me prend dans ses bras.
- Ma chérie, tu es heureuse avec Thelma ?
- Je n'ai jamais été aussi épanouie, depuis que Thelma partage ma vie.
- Alors nous sommes tous d'accord. Thelma, bienvenue dans la famille Watters !
- Merci Diane, ça me touche !
Ne reste plus qu'à trouver un subterfuge pour se débarrasser de ses fichus crocodiles !
![](https://img.wattpad.com/cover/253289107-288-k775239.jpg)
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KRISTY Les emmerdes arrivent aussi aux étoiles
FanficKristy Watters vient tout juste d'avoir 21 ans et est plébiscitée par les plus grands réalisateurs. C'est l'une des meilleures actrices de sa génération. Pas étonnant, elle s'investit à fond dans son travail depuis son plus jeune âge. Plus qu'un mét...