Le point de non-retour ?

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Jouer la comédie est un jeu d'enfants, ben voyons ! Plus facile à dire qu'à faire même pour une actrice quand tu as en face de toi toute la journée un Dieu Grec avec qui tu as couché. Heureusement que Thelma commence sérieusement à me manquer ça m'aide à garder la tête froide.

Avant mon départ, on s'est embrouillé, encore ! Et d'après moi, c'était encore à cause d'elle. Elle aime me couvrir de ridicule, alors on va dire qu'avec mon infidélité, je ne lui dois rien. J'ai conscience que notre relation n'est pas saine mais c'est plus fort que moi, je retourne toujours vers elle tel un aimant.
N'empêche, je ne culpabilise pas pour ma faute, c'est peut-être le signe que mon amour pour elle n'est plus aussi fervent qu'au début de notre relation.
La question est, dois-je lui dire pour être honnête envers elle mais également envers moi-même ou dois-je me taire et étouffer l'affaire ?

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La promotion touche à sa fin, on a réussi à tenir le coup. Personne n'y a vu que du feu et surtout avec Darren, on a su résister à l'envie de refauter à nouveau.
Nous sommes de retour aux USA où j'ai reçu un coup de fil d'Hailey me disant que j'avais obtenu plusieurs propositions de rôles et de scénarios. Une chose est sûre, je suis de retour dans l'arène et je suis plus motivée que jamais. Il n'y a rien de plus euphorisant que de se jeter à corps perdu dans son travail.

Ma décision est prise, je vais travailler d'arrache-pied. Cela me permettra d'arrêter de faire des gaffes et peut-être de faire le deuil d'Angel. Il est la première chose à laquelle je pense quand je me réveille le matin et la dernière chose à laquelle je pense en m'endormant le soir. C'est une obsession qui me permet de tenir bon. Je me remémore cet instant magique que j'ai passé avec lui. Il faut que mon fils soit fier de moi.

....
Derniers bains de foule, dernières interviews, dernières conférences de presse, en seulement huit jours, on a sillonné une dizaine de métropoles. Pour tenir la cadence, je dors partout où cela est possible, dans l'avion, dans le train ou dans la voiture, tout est bon à prendre pour rester fraîche.

Darren susurre dans mon oreille pour me réveiller.

- Kristy, réveille-toi on arrive.

J'ouvre les yeux lentement pour découvrir le sourire de Darren. Il se lève de la banquette pour s'asseoir en face de moi.

- Sacrée promotion !
- Je suis heureuse qu'elle soit finie.
- Moi aussi, j'avais peur de refaire une connerie. Tu es une femme irrésistible.

J'éclate de rire.

- Merci pour le compliment, tu n'es pas mal non plus !
- J'ai hâte de retrouver ma belle et de me faire pardonner. Je ferai tout ce qu'il faut pour ne pas la perdre. Je l'aime tellement !

Il m'émeut, je le sais sincère. Ses yeux qui pétillent d'amour ne peuvent mentir.

- J'ai été ravie de travailler avec toi, tu es un acteur très talentueux. J'ai beaucoup appris à tes côtés.
- Je te renvoie le compliment.

....
Avant de rentrer à la maison, je passe à l'association. La directrice m'a laissé un message pour me proposer de leur rendre visite. Apparemment, l'exposition qui devait couvrir le gala n'a pas encore eu lieu. C'est étrange, elle aurait dû avoir lieu depuis des semaines.

Comme toujours la directrice m'offre un accueil enthousiaste.

- Bonjour Kristy, ta promotion c'est bien passée ?
- Oui, l'échange avec le public était super.

Elle m'accompagne dans la salle principale où les protégées se retrouvent habituellement. Certains personnels et bénévoles sont présents autour d'une table utilisée comme plan de travail. Je remarque que Luce, la photographe du gala est également de la partie.

- Je n'ai pas besoin de faire les présentations, vous connaissez tous Kristy. Luce vous vous êtes parlées au gala, je crois ?

Luce me fait signe.

- Oui bien entendu, je me souviens de mademoiselle Watters. Je vois que vous vous êtes débarrassée de vos béquilles.
- Kristy, appelez-moi Kristy ! Et oui, enfin je me sens plus légère depuis que je m'en suis délestée.

La directrice reprend le fil de la discussion.

- Kristy, nous aurions aimé avoir votre avis sur les photos prises par Luce lors du gala. C'était son baptême pour ce genre d'événement alors elle aimerait que l'on choisisse avec elle les photos les plus pertinentes.
- Mais je ne comprends pas ! Comment se fait-il que le projet n'a toujours pas été abouti ?

Luce gênée.

- C'est de ma faute !

La directrice vient à son secours.

- Luce a eu des problèmes familiaux, elle a été contrainte de rentrer chez elle en France de toute urgence. Mais comme c'est elle qui a couvert l'événement, je tenais à ce qu'elle puisse finir son travail elle-même, ce qui explique ce retard.

Je m'adresse à Luce.

- Je vois, ne vous en faites pas c'est tout à fait compréhensible. La famille doit toujours être une priorité. Alors ses photos, vous me les montrer ?

C'est incroyable le nombre de clichés qu'elle a prise lors de la soirée. Elle a une facilité déconcertante, un don. Elle sait exactement à quel moment appuyer sur le déclencheur. Le cadre, la lumière, l'angle, le filtre choisi, tout est irréprochable, aucune fioriture et ses regards, elle a su les capturer dans l'instant.

- Vos photos sont vraiment magnifiques. Je pense qu'il faudrait choisir celles-ci.

Je leurs soumets plusieurs clichés.

- Ce sont elles qui sont pour moi les plus judicieuses.

La réunion se poursuit autour d'un bon café. Il se fait tard quand on réussit à se mettre tous d'accord. Une vingtaine de clichés ont été choisi pour couvrir l'événement. L'article sera publié avec beaucoup de retard mais fera la première page de la majorité des journaux. Cela permettra de réaliser une publicité convenable pour l'association et pourquoi pas de trouver de nouveaux donateurs ou bénévoles.

La directrice se retourne vers moi.

- Kristy, avant que vous ne partiez, j'ai oublié de vous informer d'une bonne nouvelle. Luce a un talent indéniable pour la photographie. C'est pourquoi, j'ai décidé que ce sera elle qui se chargera de promouvoir la construction ainsi que la crémaillère de la maison refuge.

....
Mon Dieu, je n'en crois pas mes yeux, c'est un véritable capharnaüm ! Je ne reconnais plus ma maison, tout est sens dessus dessous. Mais que s'est-il passé ici ? Je fais le tour de la maison, ébahie !  Je retrouve Thelma avachie sur un des canapés devant la télé, un plaid sur les genoux et une cuisse de poulet dans la main.

Je m'adresse à elle.

- Je rêve ! C'est quoi ce bordel ? Il n'y a pas une seule pièce de la maison qui est correcte.

Thelma avec un énorme morceau de poulet dans la bouche.

- J'avais la flemme.
- À ce stade ce n'est plus de la flemme mais de la négligence, merci pour l'accueil !
-  Je t'en prie ! C'est de ta faute aussi, tu es plein aux as mais tu n'es même pas capable d'embaucher une employée de maison.

Elle se fou de moi. J'ai envie de lui jeter son dîner sur le visage.

- Plein aux as, c'est comme ça que tu me vois ! Tu n'as aucune considération envers moi.

Je lui énumère la liste des humiliations qu'elle m'a fait subir durant l'année passée. Des agissements me reviennent en mémoire au fur et à mesure que je lui détaille ses actes malveillants.
Le petit bout de papier, il a disparu !
Là où il était rangé, je ne pouvais pas le perdre. Et pour couronner le tout, elle fouille dans mes affaires.

- Tu as fouillé dans ma pochette. Que pensais-tu trouver ? À quels autres endroits as-tu fourré ton nez ?

Thelma est prise d'un rire nerveux.

- Tu comprends rien toi, tu n'as jamais rien vécu. Tu ne penses qu'à ta petite personne.

Elle se met à crier.

- Pourquoi j'aurais fouillé dans tes affaires ? C'est toi qui n'a aucune confiance en moi. Moi, si j'ai fait tout ça, c'est uniquement pour attirer ton attention. Aussi non, comment une fille comme toi se serait intéressée à une fille comme moi ?
- Tu es soûle ?

Elle rit de plus belle.

- Non, pas soule.
- Tu as pris quoi ?
- Heuuu ! Je ne sais plus, c'était rond et violet clair, je crois.

Heureusement qu'elle est assise sur le canapé car elle commence à chanceler.

- Tu te drogues depuis quand ?
- Et attends, je ne suis pas une droguée, ok. Ça m'arrive de temps en temps comme tout le monde, pour le fun c'est tout. Et comme tu peux le constater, je ne tiens pas sous l'effet de la dope. C'est toi aussi, madame parfaite. Ce n'est pas facile de se mettre à ta hauteur.
- Crache le morceau une bonne fois pour toute qu'on n'en finisse.

Cette fois, Thelma se met à pleurer.

- Je t'ai menti, voilà tu es contente. La dernière fois que l'on s'est parlé au téléphone, je t'ai menti ! Je t'avais dis que j'avais gagné au concours des Bartenders et bien c'est faux ! J'ai rien gagné du tout, je ne suis qu'une ratée, une moins que rien.

Thelma qui d'habitude est sûre d'elle et à une confiance surdimensionnée en elle, est ce soir à ma grande surprise, complètement à côté de la plaque.

- Je ne te connais pas, je ne sais rien de toi, ni d'où tu viens. Qui es-tu vraiment ? Je t'ai fait confiance et rentré chez moi à l'aveugle, c'était une erreur, je n'aurais jamais dû. Je préfère que l'on reprenne cette discussion demain quand tu seras de retour dans le monde des vivants.
- Ça te vas bien, toi qui prétends parler à ton fils dans l'au-delà.

Je m'avance vers elle, je me penche au point que nos visages se touchent. Elle n'aurait pas dû s'en prendre à mon fils.

- J'ai dis, on ne reparlera demain.

Je m'isole pour réfléchir et prendre la bonne décision même si je sais déjà ce que je vais faire.
Vêtu uniquement d'un kimono en soie et les cheveux attachés en chignon à l'aide d'un crayon de bois trouvé sur le bureau, à côté des manuscrits déposés par Hailey. J'admire le ciel à la recherche de l'étoile d'Angel. Sur ce même balcon où quelques mois plus tôt, j'ai voulu me donner la mort.

KRISTY Les emmerdes arrivent aussi aux étoiles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant