Troubles Amoureux

Chapitre 1 Le premier regard

Les murs blancs qui empêchent toute inspiration, le silence qui nous glace le sang, les infirmières qui sourient comme si tout allait bien. Pour je ne sais quelles raisons mon psychiatre laissa entendre à mes parents que je devrais commencer à faire de l'hôpital de jour, ils acceptèrent sans se soucier une seconde de mon avis. Au moins j'ai évité l'hospitalisation complète, mais ce n'est pas ça qui me consolera de ma peine. On doit y faire des activités qui n'ont aucun sens avec des infirmières insouciantes et d'autres ados en partie stupide dont je me fiche complétement. Ça faisait des mois que j'y allais régulièrement mais ça ne changeait rien, ils étaient incapables de m'aider et je le savais. La plupart du temps je me contentais de lire seule dans un coin, une voix me disant à quel point je finirais de la même manière, seule dans un coin. Les infirmières peinaient à me faire rentrer dans un groupe mais en vain, je les rejetais en permanence, je ne voyais point l'intérêt de discuter avec qui ce soit, l'amitié n'a pas sa place dans ma vie, ni même l'amour. Des fois c'était les ados eux même qui venaient me parler mais qui abandonnaient vite voyant à quel point j'étais froide et indisponible. Le temps passait, les livres se lisaient, les infirmières se faisaient ignorées et les voix continuaient, toujours plus bruyantes, toujours plus présentes, toujours plus puissantes. Ma première tentative de suicide était un échec mais la prochaine serait la bonne, j'étais obligée d'y arriver cette fois, je n'avais rien à faire sur cette Terre, je n'avais rien à faire dans ce corps, je n'avais rien à faire dans ma vie ! C'était décidé, d'ici un mois je serai enfin morte. Réveil, voix, petit déjeuner, voix, hôpital, voix, déjeuner, voix, masturbation, voix, diner, voix, sommeil, un jour passa. Réveil, voix, petit déjeuner, voix, hôpital, voix, déjeuner, voix, masturbation, voix, diner, voix, sommeil, deux jours passèrent. Ainsi de suite jusqu'à qu'une semaine passa. Réveil, voix, petit déjeuner, voix, hôpital, voix, déjeuner, voix, masturbation, voix, diner, voix, sommeil, un jour passa. Toujours la même routine, les mêmes voix, les mêmes parents, les mêmes patients, à un détail près, une nouvelle était à l'hôpital de jour mais je m'en fichais, bref un jour passa. Les livres que j'avais commandé n'étaient pas encore arrivés et j'avais déjà lu tout ceux qui étaient en ma possession mais ça ne m'empêcherai pas de rester seule. Les infirmières voyant que je n'avais rien à lire me demandèrent de les rejoindre elles et les autres ados, dépitée j'acceptai. C'était une occasion d'épier la nouvelle, elle ne semblait pas trop s'intéresser au groupe, elle était là mais sans être vraiment là. J'enviais son physique, mince, cheveux roux ondulées, yeux verts, peau sans la moindre imperfection, elle était vraiment magnifique. Au cours de leur conversation j'ai cru comprendre qu'elle s'appelait Sarah, mais j'en étais pas sûre car ils l'avaient aussi appelée Emma à un moment, en tout cas je ne doute pas que son prénom soit aussi beau qu'elle. Une infirmière prit la peine d'arrêter la conversation pour me mettre au courant qu'elle allait rejoindre mon lycée, mais qu'est-ce que ça pouvait me faire sachant que j'allais bientôt le quitter. Mon taxi était là pour me ramener, je me mis à partir et Sarah, ou Emma, peu importe son nom, se retourna vers moi, croisa mon regard et me sourit, je parti sans lui afficher la moindre expression en retour. Les jours passèrent jusqu'à qu'un mois passa. J'étais monté sur le toit d'un vieille immeuble, j'avais l'habitude d'y passer mon temps, mais c'était la dernière fois que j'y serai.

« - Adieu monde, on ne se retrouvera pas. »

Je fis avancer mon pied dans le vide puis me remémorai le sourire que j'ai vu deux semaines plus tôt, puis je reculai mon pied et le reposa sur le sol.

« - Finalement ça peut attendre, j'aimerai bien entendre la voix de cette fille avant de mourir »