Chapitre 3

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Coucou toi ! Avant de commencer ce chapitre, je t'invite à aller jeter un coup d'œil à mon nouveau roman : Aveuglément. Mafia, amour, handicap, suspens, guerre seront au rendez-vous !

Je ne t'embête pas plus, bonne lecture ! ;)

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Ce matin, la nuit avait majoritairement exercé son travail réparateur sur mon être. Pour autant, il me restait des séquelles des douleurs qui m'ont été infligées la veille. Malgré mon déplacement en canard, je suis arrivée à l'heure sous le regard d'un coach que je ne pourrais pas qualifier de dédaigneux, mais d'indifférent. Cet effort ne lui a pas paru remarquable ou digne d'une gratification. S'il lui en faut plus pour me considérer admirablement je fournirai plus de résultats.

C'est assez étrange comme situation. Toute personne normalement constituée se demanderait : pourquoi se donne-t-elle autant de mal pour un père si désastreux ? Je ne sais pas trop, je ressens simplement le besoin de l'impressionner, de monter dans son estime... Quand ce sera le cas, une fois la vérité dévoilée, j'espère ardemment qu'il regrettera son comportement. Je crois que je désire des excuses, même si elles ne pourront pas tout réparer. Ma vieille, tu te berces d'illusions, ce serait étonnant que ça se produise !

Pour le moment, on reste loin de ce stade. Je dois aller informer les garçons que le coach souhaite les voir dans la salle de musculation. Devant la porte des vestiaires, j'ignore la ligne de conduite à mener. La dernière fois qu'Andrew y est entré, la plupart d'entre eux étaient à poil. Je frappe énergiquement contre le bois et laisse quelques secondes s'écouler pour leur accorder un temps pour couvrir leurs... virilités. Bien, allons-y !

Ce même parfum mâle d'hommes m'assaille les narines. C'est un effluve qui pourrait répugner et qui est pourtant est très intrigant. Comme les abeilles sont attirées par le miel, ce parfum à l'étrange pouvoir de nous appeler. À l'intérieur, la plupart des Tigers attendent, fixant la porte tandis que d'autres finissent d'enfiler des vêtements. La question de Lara me revient à l'esprit : « Et les joueurs ? ». Si j'avais fait preuve d'honnêteté, je lui aurais dit qu'ils étaient tous affolants avec leurs grandes et fortes carrures, et que leurs visages différents et uniques savaient tous attirer l'attention à leur manière, par d'infimes détails qui constituaient leurs charmes.

Cependant, aucun d'entre eux ne parvient à surpasser leur chef qui me reluque sans gêne, assis sur un banc dans un coin. Je ne devine malheureusement pas ses pensées. Il faisait si bon ce matin que je me suis contentée d'enfiler un short et un haut à manche longue. Choix que j'ai amèrement regretté en passant près de la patinoire. Pas grave, j'ai un collant dans mon sac, je pourrais toujours me glisser dedans si j'ai trop froid.

Je ne sais pas trop où me mettre face à ses yeux explorateurs. Malicieux, je suis sûre qu'il perçoit ma gêne alors qu'il fait courir son regard sur mes jambes. L'enfoiré ! Une rougeur me monte aux joues quand il s'attarde sur ma poitrine. J'ai l'impression d'être nue, d'être déshabillée par son imagination. Ça fait trop longtemps que je reste silencieuse et plantée comme un piquet, il est tant que la contemplation s'achève. Je me racle la gorge pour me redonner une constance et m'exprime distinctement.

- Le coach veut vous voir dans la salle de sport dans 10 minutes.

Après quoi, je sors... Et m'adosse un instant contre la porte, le cœur battant à tout rompre. Cet Archibald est indéniablement dangereux. Le mythe d'Adam et Eve me vient à l'esprit : le capitaine représente le serpent qui me tente de son fruit défendu. Pire : il n'a théoriquement rien fait. Seulement, tout serait plus simple s'il n'avait pas cette tendance à me fixer avec ce petit quelque chose de brûlant. C'est déstabilisant, d'autant plus que je n'ai pas l'habitude d'éveiller ce genre d'intérêt chez des hommes tels que le grand Archibald King.

Arrivé à la salle de musculation, je poursuis la vérification des machines selon un ordre et un protocole bien précis. Ce n'est pas long ou ardu, mais Andrew me souligne la nécessité de le faire avant chaque utilisation.

- C'est comme pour les avions, petite. La moindre défaillance peut se glisser entre deux vols et s'ils ne sont pas constamment inspectés pour les parer, le crash est certain. Quand on entraîne une équipe aussi importante que la mienne, tout demeure dans les détails. Le plus infime problème peut provoquer la blessure d'un des joueurs et l'on ne peut se le permettre.

J'avoue que j'apprécie ce naturel dont il use présentement. Lorsqu'il parle hockey ou équipe, il semble moins distant, plus passionné.

- Quand j'étais plus jeune et que je connaissais mes débuts en tant que joueur professionnel, notre entraîneur n'était pas terrible. Un jour, il a été distrait et il aura suffi d'une fois pour qu'un de mes coéquipiers, Richy, se blesse sur une des machines. Bilan : une jambe fracturée et la saison de foutues pour lui. On a rapidement été éliminé et je suis persuadée qu'on aurait eu nos chances de gagner s'il avait été présent, c'était un bon élément. Heureusement, peu de temps après j'ai été transféré chez les Hawks de Chicago. Ça, c'était une équipe ! L'une des meilleures dans lesquelles j'ai joué.

Il vient vraiment de me livrer une anecdote ? Si simplement ? Je suis assez ébranlée, ce fut si naturel. Je n'aurai jamais pensé que mon père puisse un jour me parler de la sorte. Comme un parent raconte une histoire à son enfant... Enfin même s'il ne sait pas que je le suis. Pendant trente secondes, je ne me suis pas senti employée ou étrangère à ses yeux... Ce fut les trente secondes les plus agréables depuis mon recrutement. De stupides larmes émergent et je parviens à les cacher avec mes cheveux en faisant mine de m'affairer sur le pied d'une machine. Pourquoi je réagis avec tant de sensibilité, ça ne me ressemble pas ! Et une courte anecdote ne fait clairement pas de lui le père de l'année ! Sentant lui-même qu'il a sans doute fait preuve de trop de familiarité à mon égard, il reprend avec un sérieux didactique.

- Enfin bref, tout ça pour dire qu'il ne faut pas plaisanter sur ce genre de choses, petite !

Nous sommes interrompus par l'équipe de hockey qui arrive en fanfares, comme à son habitude. Il me tourne le dos et j'en profite pour m'essuyer sommairement les yeux. C'est alors que ces derniers encore rougis croisent ceux du capitaine. À travers la noirceur de ses iris, je perçois de la curiosité. Ce n'est définitivement pas ce qu'il faut éveiller chez les éléments de cette équipe. S'ils se mettent à fouiner, Dieu seul sait ce qu'ils pourraient découvrir. Ce pourrait être fatal. Avec panache, je détourne fièrement la tête et me concentre sur les propos du coach.

- Pour rappel, en ce mois d'avril la saison régulière s'achève et la série éliminatoire commence. Aussi, messieurs, j'ai analysé les défaillances de chacun d'entre vous d'octobre à avril. Comme vous le savez : nulle place à la faiblesse dans le hockey ! Je vais confier à chacun d'entre vous une liste d'exercice que vous avez à faire avec sérieux. Il s'agit de notre unique moyen pour gagner la saison : le travail et la discipline. Vous irez sur la glace cet après-midi.

Avec une stupéfiante organisation militaire, les joueurs se mettent en ligne face à Andrew, prêts à recevoir leurs tâches, le capitaine en premier. Cette troupe d'hommes que j'ai vus jusque là si bruyants et turbulents me laisse sans voix. Ils font preuve de sérieux... Cette concentration propre aux sportifs de haut niveau, je présume. Donnant sa fiche à Archibald, ce dernier m'épie du regard. Je ne sais pas pourquoi il agit ainsi... Me cherche-t-il ? Je suis satisfaite lorsqu'il se dirige vers les machines pour se mettre au travail sans plus attendre.

King of IceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant