Chapitre 20

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Coucou toi ! Avant de commencer ce chapitre, je t'invite à aller jeter un coup d'œil à mon nouveau roman : Aveuglément. Mafia, amour, handicap, suspens, guerre seront au rendez-vous !

Je ne t'embête pas plus, bonne lecture ! ;)

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L’esprit embrumé par le sommeil et avec cette impression qu’un orchestre symphonique au complet joue des percussions dans ma tête, je me réveille… Mon cerveau est sur le point d’imploser. Grimaçante, je dévisage les rayons du soleil avec mécontentement, comme s’ils étaient responsables de ma douleur. Indirectement, oui : c’est eux qui m’ont tiré de mon rêve et m’éblouissent. Agacée, je soupire et me fige en entendant grogner dans mon dos. Sans oser faire un geste, je fixe le mur d’en face.

Je suis tétanisé… Ce n’est pas ma chambre ! En flash les évènements de la soirée de la veille me reviennent : la danse, le bière-pong, la piscine… Mortifiée, je me prends la tête dans les mains. Cette douleur je la mérite ! Ça m’apprendra à ne pas savoir faire taire mon égo : quand on est aussi mauvaise buveuse que moi, on ne boit pas ! Ou alors on finit par se mettre à poil et au lit avec un inconnu ! En creusant dans mes souvenirs, les derniers éléments de la veille me reviennent. Oh non, ce n’était pas un inconnu, mais Archibald !
 
Bordel de merde ! Les yeux écarquillés je découvre dans mon dos le colosse assoupi et nu, au vu de la très nette gaule matinale dont je vois les contours sous le drap. Putain, mais qu’est-ce que j’ai fait ? Il aura fallu quelques bières pour me pousser à l’honnêteté… Bordel, j’ai adoré ! Stop, restons calmes ! Réfléchissons : je ne suis pas une girouette tournant au gré du vent, je sais ce que je voulais et j’assume mes actes. En revanche, ça ne doit plus se reproduire. C’était la décadence d’une soirée. Pas sûr que le géant l’entende de cette oreille… Dans mes souvenirs, il était déterminé, je n’étais pas que le plan d’une nuit. Bordel, qu’est-ce qu’il m’a pris ?
 
Oh, à quoi bon essayer de comprendre ? Archibald et moi sommes aussi distinctement attirés l’un par l’autre que la terre par le soleil ! C’est… C’est scientifique ! Je repense au propos de Lara : elle me répète depuis le début que c’est inévitable. Ça me pendait au nez ! Au fait, où est Lara ? A-t-elle fini dans le même état que moi ? Est-elle rentrée ? A-t-elle enfin couché avec Percy ?
 
Bordel… Quand je vais lui raconter ce qu’il s’est passé entre moi et le capitaine des Tigers, elle ne va pas en revenir. Quelle heure est-il ? Cette question surgit dans mon esprit comme une habitude, j’aime savoir l’heure à laquelle je me lève. Peu sûre, je sors du lit en prenant toutes les précautions du monde afin de ne pas réveiller mon amant nocturne. Un dernier coup d’œil, et mon cœur se serrent. J’éprouve une forme de déception : je quitte la chaleur de son corps… L’heure n’est pas au sentimentalisme, rien de bon n’en résultera si je décidais de rester…
 
J’ai beau chercher partout dans la pièce, je ne trouve rien. Je dois dire qu’avoir Archibald endormi non loin de moi ne m’aide pas à être minutieuse. La situation me terrorise. Il faut me comprendre ; encore sous l’effet de la gueule de bois, je me réveille dans le lit de l’interdit.
 
Suis-je bête ! Je l’ai donné à Lara pour qu’elle le glisse dans sa sacoche avant la partie de bière-pong ! Heureusement, je ne vois pas mon pauvre petit cellulaire survivre à une baignade… Oh mon dieu ! Mais si Lara est parti alors elle m’a laissé ici sans un seul moyen pour contacter qui que ce soit, pas même un taxi… Et un taxi pour aller où ? Je n’ai ni espèce ni carte de crédit. Tant pis, je finirai bien par trouver une solution, je ne peux pas rester un instant de plus dans cette chambre avec le redoutable hockeyeur qui peut se réveiller à tout instant.
 
Je ne suis pas en état d’avoir une discussion sérieuse avec lui, je ne saurais pas quoi lui dire. Je suis encore trop confuse, il s’est passé tant de choses hier soir, il me faut du temps. Je me mets en quête de ma robe… Le tissu rouge est assez facile à distinguer dans la chambre ensoleillée et plutôt bien rangée d’Archibald. Je l’enfile rapidement, peu à l’aise dans ce vêtement moulant ! Pour ce qui est de ma culotte, je renonce à la chercher. Si mes souvenirs sont exacts, Archibald l’a déchiré sans ménagement. Repenser à cette scène me fait rosir et la douleur dans ma boite crânienne s’intensifie. Quand il s’agite dans son sommeil, je sursaute et abandonne également l’idée de retrouver mon soutien-gorge… S’il se réveille et me surprend en train de fuir à l’Anglaise, je suis foutue ! Prestement, je griffonne un mot sur un petit post-it.
 
Honteuse, je colle le bout de papier sur la table de chevet et sors sans faire de bruit. Je ne suis pas sûr que laisser un message soit une bonne chose. Si je devrai être rassurée de ce départ, me voilà rongée de remords, le cœur lourd… Pourquoi cette peine ? J’ai agi comme il fallait ! Hier, j’ai fait un caprice, aujourd’hui je dois oublier.
 
Je descends au rez-de-chaussée, pieds nus, inquiet et sans plan B. Je suis tellement désespérée que je suis prête à rentrer en marchant ou en stop… Vu ma tenue : robe moulante rouge sans sous-vêtements avec les cheveux ébouriffés ; les gens que je croiserais risquent fort de me prendre pour une prostituée qui fait des heures sup », ou une pauvre fille à qui il est arrivé quelques tragiques mésaventures dans la nuit.
 
Quelle n’est pas ma surprise de découvrir Lara sur le canapé endormi dans les bras de Percy ! Dieu soit loué ! Je vais pouvoir me tailler de cette baraque vite fait bien fait, en m’évitant une humiliation superflue ! Je m’approche et en les voyant si confortablement enlacés l’un à l’autre je m’en veux presque de les réveiller. Je ne détruis pas le petit bonheur de ma meilleure amie de gaîté de cœur, qu’on se le dise : ça m’emmerde ! Néanmoins, c’est un cas de force majeure : de l’étage, l’ours peut se qurgir à tout instant. Et je n’ai pas envie de l’affronter.
 
J’approche et aperçois plus loin, à l’extérieur, César en train de parler avec une fille au bord de la piscine… Tout le monde a pu profiter de la soirée à ce que je vois ! Moi y compris… L’idéal serait que Percy demeure endormi, ce qui me semble compliqué au vu de la position des deux tourtereaux… Oh tant pis ! Le temps s’écoule et il est compté.
 
— Lara… dis-je en lui secouant l’épaule. Lara… Debout !
 
Ronchonne, elle gémit et se tourne paresseusement, le visage embrumé de sommeil. Percy ouvre un œil fainéant pour voir ce qu’il se passe.
 
— T’es en vie toi ? gronde-t-elle d’un ton plein de reproches.
 
Je m’en veux sincèrement de l’avoir laissé de la sorte. Les évènements m’ont dépassé !
 
— Oui, je suis désolé, Lara. Je t’expliquerai tout, promis. Mais il faut qu’on parte.
 
Un peu plus réveillée, elle se redresse sur un coude et ses cheveux glissent en cascade du buste de Percy.
 
— Maintenant ?
 
— Immédiatement Lara, s’il te plaît.
 
Elle me connaît, elle peut lire la détresse en moi. Je suis complètement paniquée. Je désire juste me détendre chez moi, dans cette atmosphère familière et rassurante où je sais que je pourrais réfléchir en toute tranquillité. C’est tout ce dont j’ai besoin. Comprenant le message, elle se redresse sans que Percy défasse sa prise autour de sa taille. Il n’est pas ravi que ma meilleure amie s’en aille, préférant rester quelques heures de plus dans cette position. Toute gaie, elle le regarde et lui embrasse la joue.
 
— On se revoit bientôt ; lui souffle-t-elle pour qu’il amollisse son emprise.
 
— J’y compte bien ; réplique-t-il fermement.
 
Debout, Lara et moi rassemblons ses affaires et je retrouve ma paire de chaussures où je l’avais laissé la veille, près de la cheminée. Puis nous regagnons prestement sa voiture, et ce n’est que lorsqu’elle démarre que je me permets de respirer. Je m’affaisse dans mon siège et tente d’oublier cette douleur crânienne que le stress n’a nullement arrangée. Le ronronnement du moteur me berce et des pensées nostalgiques me saisissent. Je n’ose pas l’avouer, pourtant je préfèrerai partager encore le lit du hockeyeur.
 
— Bon, soupire Lara en s’engageant sur la voie rapide. T’as couché avec le capitaine ?
 
Me ramenant sans ménagement au vif du sujet, je lui ai promis des explications. Et puis, si je ne lui en parle pas à elle, avec qui pourrai-je bien le faire ? Le coach ? La bonne blague ! Ma mère ? Certainement pas ; elle serait verte en apprenant que je marche dans ses pas ! Lara est la seule oreille contre laquelle je peux m’épancher, ma confidente. On pourrait aussi la voir comme le prêtre qui écoute mes déboires au confessionnal, même si elle est loin d’être une sainte !
 
— Oui…
 
— Je vais te poser une question, et tu me répondras avec honnêteté.
 
J’acquiesce ; perplexe vis-à-vis de son soudain sérieux. Son attitude raide ne me dit rien qui vaille : est-elle en colère ? J’ai fait quelque chose de mal dont je ne me souviens pas ? Je ne voudrais surtout pas l’avoir blessé.
 
— Étais-tu consentante ?
 
Je suis étonnée qu’elle puisse penser qu’Archibald soit du genre à forcer une femme… Il peut avoir toutes les créatures qu’il désire, d’un claquement de doigts, pourquoi s’embêter à contraindre ? Plus que tout, il suffit de voir la façon dont il s’est comporté avec moi hier soir pour proclamer qu’il est un homme bien. Je ne veux pas qu’elle se fourvoie à son sujet.
 
— Bien sûr que oui Lara, je te le jure ! Comment peux-tu penser qu’il ait profité de moi ?
 
— Comprends-moi Julia : tu débarques au petit matin, et me demandes de partir comme si tu avais la mort aux trousses, je préfère être sûre qu’il n’y a pas eu de problème.
 
L’image qu’elle a eue de moi ne devait pas être la plus sécurisante qu’il soit… Normal qu’elle me questionne, c’est ce que toute bonne amie attentive ferait.
 
— Si ça peut te rassurer, il s’est comporté en homme d’honneur. Il a renoncé à faire quoi que ce soit avec moi parce que j’étais fortement alcoolisée et j’ai insisté. Je ne sais pas ce qu’il m’a pris, j’en mourrais d’envie. J’ai craqué à cette envie qui me taraudait depuis trop longtemps…
 
Elle ne dit rien, encaissant les informations.
 
— Comment t’as deviné ? je demande hésitante.
 
— Enfin Julia, je ne suis pas idiote ! Tu disparais au beau milieu de la nuit et tu reparais au petit matin, les cheveux en pétard et une expression terrifiée sur le visage ! C’est évident !
 
Bon sang, suis-je donc si transparente ?
 
— Tu crois que Percy a compris ?
 
J’ai bien peur que si l’un des joueurs a vent de cette histoire, la rumeur se répande comme une traînée de poudre. Et ce qui se passe dans les vestiaires finit inévitablement par arriver aux oreilles d’Andrew. S’en serai fini de mon « espionnage ».
 
— Je ne sais pas, je ne crois pas. Et puis même si c’est le cas, je ne pense pas que tu as du souci à te faire vis-à-vis de lui. Vous semblez bien vous entendre et il ne fera rien qui pourrait te nuire, à mon avis. Il n’est pas du genre bavard.
 
Elle a raison, si Lara a pu dresser son portrait si rapidement, c’est que je ne me suis pas trompé sur son compte. Comme je l’ai déjà constaté, Percy est le Tigers avec lequel je suis le plus proche. Même s’il a failli me faucher avec sa Jeep ! Quoi qu’il en soit, je ne pense pas non plus qu’il me mettrait dans l’embarras s’il en a l’occasion. Je veux croire que je n’ai rien à craindre de son côté.
 
— Si j’étais toi, je m’inquiéterais davantage de la colère d’Archibald.
 
Elle a raison, il n’est pas de la catégorie de ceux qu’on laisse en plan : mon départ va lui faire tout drôle ! Pas dans le bon sens, à mon avis. Mon initiative va lui déplaire. Il n’a pas dit son dernier mot, je le prédis. Demain, la confrontation sera terrible. Mais que pouvais-je bien faire d’autre ?
 
Rester impliquait le risque que ça se reproduise. Et si une fois peut passer pour un instant d’égarement, deux fois c’est une relation. Ce serait folie.
 
— Je lui dirai que c’était une idylle, une parenthèse sympathique qui ne devra plus se reproduire. Et que nous devrons entretenir des liens de collègues après ça.
 
Silencieuse, elle cogite.
 
— J’espère que ça ira, il m’a l’air d’être obstiné.
 
Si elle savait, je n’ai jamais vu pareille tête de mule au cours de ma vie ! Archibald n’est pas du genre à abandonner.

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