14 Septembre

88 14 0
                                    

(PDV ???)

J'ouvris les yeux lentement, paniquée. Je ne me souvenais pas de m'être évanouie... J'étais incapable de bouger et je percevais tout au ralenti. Ma tête me tournait et mes oreilles sifflaient. Lentement, je me souvins d'un grand bruit et d'avoir été projetée puis... Plus rien. Je sentais quelque chose de dur en dessous de moi puis me rendis compte que j'étais couchée sur un tas de pierres. Je regardai difficilement autour de moi et ce que je vis m'horrifia. Une femme était couchée près de moi, recouverte de décombres. Sa respiration était hachée, elle vivait encore. Mais je savais qu'on ne pouvait plus rien pour elle dans cet état. Une poutre lui transperçait le ventre et ses yeux étaient exorbités. Mais le pire dans ce spectacle funèbre, c'était son visage, à peine reconnaissable et couvert de sang.

- Ma-Mama ? Ma voix était toute petite et étranglée, refusant de sortir de ma gorge. J'ignore si elle m'a entendue en tout cas elle n'a pas réagi.

Mon cœur battait plus vite et mes yeux se remplissaient de larmes. Je me sentis tomber en arrière et dégringoler parmi les pierres. J'ignore si j'ai perdu connaissance, en tout cas un voile noir s'était posé devant mes yeux lorsque je les rouvris et une douleur aigue s'éveilla dans ma jambe. Je me recroquevillai par terre en pleurant. J'étais complètement perdue, je ne savais pas quoi faire et ne comprenais rien à la situation. Soudain, mes larmes se stoppèrent lorsqu'une pensée me frappa de plein fouet. Mon frère. Il fallait que je le retrouve. Je me relevai sur les coudes, incapable de me mettre debout. Je levai la tête afin de regarder autour de moi mais ne vis aucune trace de lui. Je n'allais pas me laisser abattre aussi facilement. J'entrepris d'avancer mais ma jambe me rappela à l'ordre. Ce n'était pas le moment, il fallait que je le retrouve, il était peut-être en danger ! Je fermai fermement les yeux en respirant le plus profondément possible. Lorsque je les rouvris, déterminée, je sentis une main m'attraper le bras. J'hurlai. Je ne pouvais pas voir la personne. Je me débattis comme je pouvais mais je n'avais presque pas de force. Je savais que je ne pouvais pas m'opposer à lui. Dans mon état, je n'avais aucune chance et il serait capable de faire tout ce qu'il voudrait de moi. Cette idée me terrifiait.

- Calme-toi, je ne te veux aucun mal !

C'était une voix d'homme que je ne reconnaissais pas. Elle était dur mais parfaitement calme. Je continuai d'hurler, incapable d'articuler un mot.

- Arrête de crier, il ne faut pas qu'on nous entende !

Il avait chuchoté sa dernière phrase. Je m'arrêtai de crier et lui lançai un regard noir.

- Lâchez moi ! Qui êtes-vous ?

Il se contenta de rire légèrement ce qui m'énerva encore plus.

- Tu me rappelles un peu ta mère, dit-il.

Les images du corps de Mama écrasé par les décombres me revinrent brusquement en tête et je du luter contre la nausée. Il ne fallait pas que je pleure, je ne devais montrer aucun signe de faiblesse à cet homme. Pourtant lorsque je parlai, ma voix était tremblante.

- Qu'est-ce que vous avez fait à ma mère ?!

Il sembla décontenancé par ma question et se reprit rapidement en bredouillant.

- R-Rien, voyons, je ne lui ai rien fait. Je parlais du caractère, le regard...

- Comment vous la connaissez ?

- Ecoute, Bianca -

- Comment savez-vous que c'est mon nom ?

- Laisse-moi t'expliquer, c'est peut-être dur à croire mais... C'est moi ton père, je ne voulais pas te l'apprendre comme ça -

Je ne comprenais plus rien. Comment cet homme pouvait me lâcher ça comme ça ? Dans une situation pareil ? C'était impossible, maman m'a toujours dit que...

- Mon père est mort.

- Tu dois me croire, je t'expliquerai tout plus tard mais là on a pas le temps, on doit partir !

- Partir où, pourquoi ?

- Je t'expliquerai en route mais ça devient urgent, ils ne doivent pas nous voir !

- De qui vous parlez ? Et mon frère ? On ne va quand même pas l'abandonner !

- Je l'ai cherché partout mais je ne l'ai pas trouvé, on n'a plus le temps -

Je n'en croyais pas mes oreilles. Comment pouvait-il suggérer d'abandonner mon frère et aussi sereinement ? S'il était vraiment mon père, il m'aiderait à le chercher peu importe si ça nous coute la vie !

- Je refuse de partir sans lui.

- On ne peut plus rien pour lui, les chances qu'il soit encore en vie sont minimes. Ils commencent déjà les fouilles, nous devons partir maintenant ! Tu peux marcher ?

- NON, je refuse -

- S'ils nous trouvent, c'est fini ! On ne pourra pas trouver ton frère si l'on est mort !

Son argument tenait la route mais je refusais de l'écouter. C'était hors de question que j'abandonne mon frère pour suivre cet homme que je ne connaissais pas et qui ne m'inspirais absolument pas confiance. Pour qui se prenait-il ? J'ouvris la bouche pour répondre mais il me prit dans ses bras et courut loin des décombres. J'ignorais où il m'emmenait mais je savais une chose, chaque minute qui passait, j'étais plus loin de mon frère encore et les chances de le retrouver en vie diminuaient drastiquement. Je me débattis en hurlant mais il plaqua une main contre ma bouche.

- Arrête de crier, je t'ai déjà dit qu'ils ne doivent pas nous entendre !

Mais de qui parlait-il à la fin ?! Il commençait à m'énerver ! Il était beaucoup plus fort que moi, je n'avais aucune chance d'échapper à son emprise, de plus une fois hors de son étreinte, je serais incapable de m'enfuir ou d'aller où que ce soit d'ailleurs avec ma jambe.

- Nous ne sommes plus très loin, je t'expliquerai tout en détail une fois qu'on sera arrivé et tu pourras me poser toutes les questions que tu voudras.

J'arrêtai de me débattre. Je savais que ça ne servait à rien, je devais plutôt garder mes forces. Je décidai qu'il était plus sage de me laisser faire mais ça ne voulait pas dire que je lui faisais confiance ! Si réellement il était prêt à répondre à toutes mes questions, peut-être que ça pourrait être intéressant de l'écouter et que ça m'aidera à élaborer un plan pour retrouver mon frère. À partir de maintenant, j'allai donc jouer la petite fille sage et faire semblant de lui faire entièrement confiance. Je l'entendis souffler lorsque je relâchai tous mes muscles et me laissai tomber contre lui comme une poupée de chiffon. Sans que je puisse rien y faire, je retombai doucement dans l'inconscience.

Je T'attendrai... - SolangeloOù les histoires vivent. Découvrez maintenant