Rebirthing

Chapitre V

J'aime bien cette musique. Elle m'a aidée à écrire ce chapitre.

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Après avoir réellement dormi quelques temps, Munemasa attendit une demi-heure de plus avant de se lever, prendre des affaires de rechange et s'en aller, tel un fantôme, vers la pièce des douches qui, heureusement, était désormais vide, pour le plus grand bonheur du blanc. Ibuki vérifia tout de même deux ou trois fois s'il n'y avait personne et, une fois soulagé de ce fait, enleva son bandeau et commença à se dévêtir, mettant ses affaires sur un banc un peu éloigné, de sorte à ne pas les mouiller. Puis, il choisit la douche la plus isolée et alluma le jet.

Le contact de l'eau tiède surprit sa peau hâlée et le piqua par endroits. Frissonnant un peu, il décida de faire couler de l'eau un peu plus chaude. Cela n'allait pas l'aider à diminuer sa douleur mais permettrait au moins à ses muscles de se détendre. Il poussa un petit soupir d'aise tout en passant sa tête sous le jet. Depuis combien de temps n'avait-il pas pris de douche chaude ? Si longtemps que, même s'il devait se dépêcher, il s'accorda quelques minutes de plus. La seule chose qu'il craignait et qui l'empêchait de se détendre entièrement était de savoir que n'importe qui pouvait rentrer à tout moment. Pour cela, il ne baissa pas sa garde pour autant, profitant du moment tout en restant aux aguets. Il n'aimait pas avoir à faire cela, avoir à se méfier de ses amis, mais avait-il seulement le choix ? Il ne voulait pas plus de problèmes qu'il n'en avait déjà.

Il ne supportait pas l'idée que l'on puisse voir son corps. Il ne supporterait pas ces regards de pitié, de dégoût peut-être, de tristesse également. Munemasa ne voulait pas qu'on le voie tel qu'il était. Même Emiko ne connaissait pas l'étendue de ses blessures, le jeune homme s'étant toujours débrouillé pour qu'elle puisse en voir le moins possible. D'une part pour protéger le peu d'innocence qu'il lui restait, d'autre part parce qu'il avait honte. Son corps, ses ecchymoses, ses coupures et cicatrices... Il se dégoûtait presque lui-même d'avoir cette enveloppe corporelle ignoblement abîmée. Mais c'était le prix à payer pour que sa cousine puisse avoir une vie à peu près normale, non ? La sienne était déjà terminée depuis deux ans.

Munemasa baissa la tête et faillit vomir, comme souvent lorsqu'il regardait ce que son oncle lui avait fait. Il prit appui sur le mur en appuyant sa main dessus, l'autre s'étant posée sur sa bouche et tenta de reprendre le contrôle de lui-même, chose assez difficile tant son dégoût était grand. Si le Ibuki lui-même ressentait cela envers son propre corps, comment pourrait-on le voir autrement ? Que penseraient ses amis en le voyant dans cet état ? Sans doute seraient-ils aussi dégoûtés que lui. Sans qu'il puisse y faire qui que ce soit, quelques larmes se mirent à dévaler ses joues, se mêlant à l'eau de la douche. Et Munemasa se retourna, puis se laissa glisser contre le mur. Il avait craqué, pitoyablement.

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L'on vit Ibuki passer les portes de la cafétéria une vingtaine de minutes plus tard. Habillé comme il le fallait, les cheveux comme d'habitude bien qu'encore un peu mouillés, son bandeau sur le front, son air impassible, Munemasa s'en alla s'asseoir à la dernière place disponible, entre Kyousuke et Matatagi. A ce moment précis, personne n'aurait pu dire qu'il avait passé de longues minutes à pleurer, ses yeux ne montrant aucune rougeur. Sans attendre, il s'attaqua à son assiette tandis que tout le monde avait déjà commencé à manger il y a un moment. Oui, Ibuki était arrivé en retard au premier repas de l'équipe, mais il s'en fichait. Lorsqu'on lui demanda des explications, il se contenta de dire qu'il s'était endormi et avait pris sa douche tard à cause de cela. Etonnamment, ses amis s'en contentèrent, ce qui l'arrangea fortement.