Le lendemain matin, Ibuki fit sa petite routine matinale devenue habituelle. Le jeune homme aurait peut-être fait autrement s'il avait réussi à dormir correctement mais, comme ce n'était toujours pas le cas, il devait continuer ainsi. En soi, ce n'était pas si dérangeant. Même en se levant aussi tôt, il enchaînait plus d'heures de sommeil ici que chez son oncle. Il était donc gagnant dans cette histoire, en un sens. Puis, le jeune homme aux cheveux blancs devait avouer que se doucher seul sans avoir à se dépêcher pour éviter qu'on ne le voie le soulageait. Être seul lui permettait de moins angoisser, cela lui enlevait donc un poids. Il pouvait profiter de l'eau chaude pour détendre ses muscles endoloris. Nu, il se permit également quelques étirements pour augmenter cet effet, de manière à appréhender les prochains entraînements.
Ce jour-là, par chance, il n'y en avait pas. Munemasa aurait sans doute eu du mal à assumer deux entraînements consécutifs, surtout que celui de la veille avait été écourté à cause d'intempéries soudaines. Le prochain serait sans doute plus long et plus dur.
En attendant, Ibuki profitait de l'absence de session de football pour reposer son corps endolori, tout autant que ses muscles. Munemasa se reposait ainsi, assis sur le canapé et regardait son téléphone, pendant que la plupart des joueurs se parlait entre eux. C'était notamment le cas de Shindou et Matatagi qui, légèrement à l'écart des autres, discutaient d'un sujet sérieux. Ibuki ne cessait d'occuper leur esprit et de les inquiéter. Ils prirent alors la décision d'enquêter sérieusement sur son cas car beaucoup trop de choses clochaient, selon eux. Tout ce qu'il faisait ou ne faisait pas était sujet à réflexion pour les deux jeunes hommes. C'était presque de la paranoïa, mais pouvait-on leur en vouloir ? Munemasa mentait tellement et parlait si peu qu'il était difficile de séparer le vrai du faux pour le moment. Il fallait qu'ils apprennent à analyser ce nouveau Ibuki et cela promettait d'être long et difficile, surtout s'il ne se montrait pas coopératif. De plus, il valait mieux faire cela discrètement. En effet, Takuto et Hayato ne voulaient pas encore en parler à leurs amis, pensant qu'ils seraient plus efficaces ainsi et qu'il était inutile de les inquiéter pour l'instant.
Quelques minutes plus tard, Ibuki disparut de leur champ de vision, avec sa petite cousine qui s'était approchée de lui, l'air de vouloir quelque chose. En effet, elle avait envie de lui parler, un peu.
Il lui tint la main et sortit de la salle avec elle. Ils s'isolèrent dans une petite pièce assez loin de l'endroit où se trouvaient les joueurs et Emiko sauta dans les bras du jeune homme au teint mat.
- Mune... Je suis contente d'être ici ! S'exclama-t-elle. Tu as eu la meilleure idée du monde !
- Si tu es heureuse, je suis heureux, répondit-il simplement.
Ibuki sourit en serrant doucement la petite contre lui. Il était vrai qu'il ne se sentait pas trop mal et que son corps commençait réellement à aller mieux, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Ayant chaud et sachant qu'il était seul avec sa cousine, Munemasa s'autorisa une petite liberté. Le pauvre commençait à avoir vraiment chaud. Il décolla Emiko de lui et retira son foulard, qu'il posa sur la table d'à côté. Il avait fait cela car il savait que les marques de strangulation sur son cou s'étaient grandement atténuées. Jamais il ne l'aurait enlevé devant elle si cela n'avait pas été le cas. De plus, le gardien était certain que constater une amélioration de son état ferait plaisir à la petite. Après tout, elle avait été témoin du jour où il s'était jeté sur lui et avait si fortement serré son cou. Et Ibuki avait raison. Il ne voyait que de la joie dans les iris bruns d'Emiko.
- Tu guéris vite ! Dit-elle, comme satisfaite. On ne voit plus grand-chose.
Même si elle était petite et ne devrait même pas être au courant de ce genre de choses, elle l'était. Son environnement familial chaotique faisait qu'elle en savait plus qu'une petite fille de son âge ne le devrait. Évidemment, Ibuki faisait de son mieux pour la préserver. Le problème était qu'il ne pouvait pas la protéger de tout, surtout lorsqu'elle faisait tout pour savoir quelque chose.
Si seulement Ibuki savait qu'il avait été vu.
[...]
Matatagi n'en croyait pas ses yeux. Il n'était pas du genre à écouter aux portes, encore moins d'espionner, mais cette fois, ça avait été plus fort que lui. Le pire, c'était qu'il ne l'avait même pas cherché. En passant par hasard dans un couloir, il avait entendu une voix familière : celle d'Ibuki. Il avait alors aperçu une porte entrouverte et, par curiosité, avait discrètement regardé l'intérieur de la pièce. Munemasa s'y trouvait effectivement, avec la petite Emiko. Hayato avait directement remarqué l'absence du foulard autour du cou du gardien et son regard avait accroché les marques qui s'y trouvaient. Bien que s'étant pas mal estompées, elles étaient encore visibles et ne laissaient pas vraiment place aux doutes. Matatagi comprit alors que ses suspicions étaient effectivement fondées et resta coi de longues secondes. Comment cela était-il possible ? Que lui était-il arrivé ? Et surtout... Pourquoi Emiko semblait-elle au courant ? Pourquoi se montrait-il sans foulard devant elle ? Ce qui le choquait le plus, c'était cela. Cette petite n'avait pas plus de dix ans et elle avait l'air de savoir, au vu de ses paroles. Avait-elle été témoin de ce qui avait pu arriver à son aîné ? C'était fortement probable.
Matatagi, l'esprit assommé par tant de questions, se recula et s'en alla rapidement. Il se sentait mal, ses découvertes l'impactant bien plus qu'il ne l'aurait pensé de prime abord. Sur le chemin pour gagner sa chambre, il sortit son téléphone de sa poche et envoya un message à Shindou, son confident pour cette affaire. À ce moment-là, entre des dizaines et des dizaines d'interrogations, un élément se rappela à son souvenir. Munemasa ne se douchait jamais en même temps que les autres. Tandis que tout le monde dans le bus préférait se laver en fin de journée, Ibuki faisait cela le matin. Il préférait cela, apparemment. Cela avait-il un lien avec les marques sur son cou ? Peut-être. Il allait falloir creuser cette piste et il pressentait qu'il n'était pas loin de découvrir quelque chose d'important.
Ses réflexions ne diminuèrent pas en intensité, même lorsqu'il pénétra à l'intérieur de sa chambre et qu'il se laissa tomber sur son lit.
[...]
La fin de la journée arriva bien finalement. Aujourd'hui avait été un jour simple, sans embuche et plutôt agréable pour Ibuki. Qu'il était bon de passer vingt-quatre heures de plus sans un coup, sans une insulte. La peur n'avait pas disparu, loin de là. Disons simplement qu'elle était au second plan pour le moment et le gênait moins dans ses actions. Dans un sens, on pouvait presque dire qu'il reprenait légèrement confiance en lui. S'il avait remarqué qu'on l'avait observé quelques temps lorsqu'il était dans la salle avec sa cousine, le jeune homme au teint mat ne serait pas aussi serein. Ce fut donc paisiblement qu'il se coucha après s'être changé dans les toilettes. Le bus s'éteignit petit à petit, chaque joueur et membre du personnel se glissant dans ses draps pour une nuit comme les autres.
[...]
Munemasa se réveilla en sursaut et avait failli hurler. Heureusement, il avait posé sa main sur sa bouche et s'était retenu de toutes ses forces. Le voilà qui avait des sueurs froides et qui tremblait mais si peu intensément que quiconque le verrait ne pourrait pas le deviner au premier coup d'œil.
Munemasa avait fait un cauchemar qui l'avait terrifié, comme tous ceux qu'il faisait habituellement. C'était toujours la même chose : il rentrait chez son oncle et celui-ci lui prenait brutalement le bras, le forçait à aller dans la cave et se défoulait sur lui. Que ce soit des coups ou bien des insultes, cela pleuvait à torrent. Même dans ses cauchemars, Ibuki pleurait et le suppliait d'arrêter. À chaque prière de ce genre, l'intensité des coups augmentait, comme dans la réalité. C'était pour cela que parfois, Munemasa ne savait pas vraiment si ce qu'il vivait était un rêve atroce, ou bien une triste réalité. Il ne voulait déjà plus y penser et sortir ces images bien trop récurrentes de sa tête. Il se tourna, encore et encore pendant de longues minutes avant de finalement laisser le sommeil le happer à nouveau, bien qu'il serait encore fractionné.
Ce que Munemasa ne savait pas, c'était que son réveil brutal n'avait pas échappé à deux yeux orangés, ceux de Takuto. Ce dernier s'était réveillé à cause d'une légère douleur au ventre et avait assisté à l'éveil plutôt soudain d'Ibuki, grâce aux rayons de la lune de la planète qui traversaient les hublots et permettaient d'avoir une petite visibilité sympathique. Il avait vu ces yeux s'ouvrir et ce regard perdu, paniqué, regarder tout autour de lui, sans remarquer qu'il n'était pas le seul éveillé.
Pour autant, les deux jeunes gens finirent par se rendormir et Ibuki, même s'il se réveilla quelques fois de plus, ce fut doucement et sans soubresaut : plus aucun cauchemar ne vint le perturber cette nuit-là.
VOUS LISEZ
Rebirthing
Fanfiction(titre provisoire) Earth Eleven est sur le point de se reformer, sous le nom d'Inazuma pour commencer. L'équipe va participer à un tournoi sur terre mais va finir par retourner dans l'espace et retrouver les joueurs des autres planètes. Cela va être...