Rebirthing

Chapitre VIII

Comme les autres fois, Ibuki se réveilla plus tôt que les autres et, comme toujours, il décida de se lever. Il valait mieux pour lui qu'il se douche en avance, encore, pour être certain de ne croiser personne. Cependant, contrairement aux matinées précédentes, Munemasa eut un peu plus de mal à s'éveiller complètement dès le début. Le problème, c'était qu'il ne se reposait qu'à moitié, pas comme il le pensait de prime abord. Ses nuits n'étaient pas reposantes, ou du moins pas autant qu'il l'aurait voulu. Il était encore un peu trop perturbé, torturé et irait sans doute mieux après quelques jours. Il ne fallait néanmoins pas qu'il oublie une chose : le jeune homme était seulement en liberté provisoire et conditionnelle. Qu'il ne se leurre pas ; passé un mois, tout redeviendrait comme avant pour lui. Essayant de ne pas se plomber le moral dès le matin, Munemasa chassa ces pensées de son esprit et se dirigea vers la grande salle des douches après avoir discrètement pris ses affaires sans réveiller personne. Une fois arrivé, le jeune homme ne perdit pas de temps et se déshabilla, puis fit couler l'eau chaude bienfaisante sur son corps. Cela lui faisait tant de bien... Chaque jour, il constatait une amélioration de son état physique, si l'on exceptait cette fatigue lancinante qui semblait ne pas vouloir le quitter.

[...]

Matatagi avait sans doute passé l'une des nuits les moins reposantes de sa vie. Entre ses pensées, ses réflexions concernant Ibuki, divers mauvais rêves et son corps qui ne semblait pas vouloir dormir plus, il avait été compliqué pour lui de rester dans sa chambre et de tenter une énième fois de se rendormir. C'est alors qu'il eut une idée : pour faire passer le temps, il allait prendre une petite douche. Pour une fois, il n'y aurait personne. Pas de discussions trop fortes, pas de brouhaha, personne autour de lui. Il adorait ses amis, mais il avait toujours un peu de mal avec le concept des douches communes. Hayato aimait avoir son intimité, c'était un fait. Peut-être qu'il devrait se doucher plus souvent le matin. Au moins, il serait tranquille. Cependant, fatigué qu'il était, il avait oublié un élément : au vu de l'heure, il risquait de ne pas être tout à fait seul. Mais ça, il n'y pensait pas actuellement. Son seul désir était de se doucher, prendre autant de temps qu'il le désirait et se détendre. Peut-être qu'il retrouverait le sommeil après cela. Pour cette raison, il ne prit pas d'autres affaires qu'un boxer propre, gardant son pyjama au cas-où il retournerait se coucher après s'être lavé.

Arrivé devant la porte de la salle des douches, Matatagi fronça les sourcils. Il pouvait voir de la lumière à travers l'embrasure et percevait des bruits de jet d'eau. À six heures du matin, il y avait déjà quelqu'un ? Fatigué qu'il était, il ne poussa pas sa réflexion plus loin et l'idée que cela puisse être Ibuki –puisqu'il en avait l'habitude– ne lui effleura même pas l'esprit. Alors, il ouvrit la porte sans réelle hésitation. Une terrible vision mit soudainement son manque de sommeil en sourdine et le figea littéralement sur place. Munemasa se trouvait là, à quelques mètres, dos à lui et bien évidemment nu. Il se douchait et ne semblait pas encore avoir remarqué la présence d'Hayato, qui était bouche bée. Le jeune athlète était sous le choc. Jamais il n'avait vu pareille horreur. Le corps entier de son ami était recouvert de bleus, d'ecchymoses en tout genre, d'égratignures. Il discerna même quelques coupures bien nettes à certains endroits. Ce qu'il ne savait pas, c'était que ces « impuretés » étaient bien pires quelques jours plus tôt. Certes, ses jambes étaient relativement épargnées, par rapport au haut de son corps, mais cela n'en restait pas moins terrible. Ses marques inquantifiables commençaient déjà à s'ancrer dans son esprit. Chaque détail qu'il découvrait le bouleversait un peu plus. Il en avait presque la nausée. Qu'était-il arrivé au gardien pour qu'il soit dans cet état ? Tout devient alors un peu plus clair pour Matatagi, qui comprit soudainement pourquoi Munemasa ne se douchait et ne se changeait pas avec les autres. Il capta également pourquoi il portait généralement son foulard et avait toujours sur lui un vêtement à manches longues. C'était finalement une évidence alors pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt ? Tout simplement parce qu'il ne pouvait pas imaginer ça. Pas à ce point.