Ensemble. Toujours. Réel. [EN PAUSE]

CHAPITRE 6

Je suis bien trop surprise pour lui répondre ou même bouger. Mais qu'est-ce qu'il fait là ? Il ne donne pas de ses nouvelles pendant cinq ans et débarque en utilisant mon surnom. Comme si toutes ces années n'avais jamais existées.

- Gale est venu nous rendre une petite visite, m'informe Hazelle d'un ton détaché. Son travail est très prenant, mais il a réussi à se libérer pour la semaine.

Nous nous regardons, lui et moi, les yeux dans les yeux. Je voudrais ressentir de la colère envers lui pour la mort de Prim, mais je n'y parviens pas. Le haïr m'est impossible. Et à sa façon de m'observer, je comprends qu'il éprouve lui aussi ce même dilemme.

- Je vais vous laisser, nous dit Hazelle. Vous devez avoir plein de choses à vous dire.

Elle nous jette un dernier regard rempli d'appréhension et quitte la pièce. J'ai peut-être pu éviter la discussion avec Haymitch, mais celle-ci, je ne peux pas. Elle aurait dû avoir lieu bien plus tôt. J'ai peur de la tournure qu'elle pourrait prendre.

- Tu veux t'assoir ? me propose-t-il.

- Oui, merci.

Ma voix est si faible, que je doute qu'il l'ait entendue. Je m'éclaircis la gorge et répète plus fort.

- Oui, je veux bien.

- Viens, on va aller dans ma chambre. On sera plus tranquille.

Je le suis à travers le couloir. Cela m'étonne qu'il est une chambre. Il n'est jamais dans le Douze. Mais Hazelle est une personne prévoyante. Elle pense toujours à ses enfants, qu'ils soient présents ou pas. Gale ouvre la porte en grand.

- Après-toi, dit-il sans aucun charme dans la voix comme on pourrait si attendre.

La chambre est modeste, elle ne compose que d'un lit fait au carré, un bureau avec une chaise et une étagère vide. On dirait que jamais personne n'a dormi ici. Je prends place sur le lit qui rebondit à mon contact. Gale tire la chaise de sous le bureau et se pose dessus, à l'envers. Un long silence pesant s'installe jusqu'à ce que Gale demande :

- Alors la vie dans le Douze, c'est comment ?

- Je suppose qu'on n'est pas ici pour parler de la pluie et du beau temps.

- Non, on n'est pas ici pour ça.

Le silence revient. Il faut que l'un de nous fasse le premier pas, aussi compliqué que ce soit. Il a déjà essayé d'engager la conversation, donc c'est à mon tour. Alors je me jette à l'eau.

- Peeta et moi sommes ensemble. Depuis cinq ans.

- Ça ne m'étonne pas.

Il baisse la tête et, malgré ses yeux tournés vers sol, je peux lire une profonde tristesse et déception. Peut-être aurais-je dû être moins directe. Je savais qu'au fond de lui, il nourrissait l'espoir éventuel de pouvoir se mettre avec moi un jour. Et cet espoir a détruit notre amitié. Sa jalousie envers Peeta était trop grande pour permettre une relation amicale entre nous. Mais aujourd'hui, c'est moi qui espère. Je souhaiterais que l'on puisse se retrouver, s'apprécier comme avant.

- Si on..., je commence, mal assurée. On... reprenait tous à zéro ?

Il redirige son regard rempli de colère vers moi. Pourtant sa voix est calme.

- Tu sais très bien que ce n'est pas possible. Même si on le voulais. Le passé ne s'efface pas comme ça, par un claquement de doigts. Ce serait trop simple. Il faut que l'on assume nos erreurs.

Il aurait mieux fait de ne pas ajouter cette dernière phrase.

- Que tu assumes tes erreurs, je corrige. Car si je me souviens, c'est à cause de toi que Prim est morte !