Prologue

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1er novembre, 5h30

Je suis assise à la table de mon salon un café entre les mains histoire d'essayer de me réveiller.

Pourquoi ai-je fait cette bêtise de choisir un métier où il faut se lever si tôt alors que je ne suis pas mais alors pas du tout du matin ?

Et surtout pourquoi ai-je choisi de me mettre en collocation avec ma meilleure amie, avec qui je sors presque tous les soirs ?

Avec Carla nous sommes devenues infirmières il y a peu, c'est d'ailleurs là que je l'ai rencontré. Depuis le premier jour de la rentrée où cette dernière avait décidé en me voyant que j'allais être sa nouvelle meilleure amie, nous ne nous sommes plus quittées. Nous avons vécu tout ce que nous pouvions vivre: nous avons fait les pires crasses ensemble, les pires bêtises qu'il existent sur terre. Nous sommes toujours là l'une pour l'autre, surtout quand il s'agit de guérir les peines de cœur, parce qu'on en a eu toutes les deux pendant ces trois ans.
Ce n'est jamais le bon, toujours trop con, trop puéril, trop.. Médecin.
Je me lève pour aller prendre une douche en priant pour cette dernière tentative me réveille.
Je passe dans la chambre de Carla pour la réveiller une troisième fois:

-Carla, il est 5h50 maintenant, il faut que tu te lèves si non tu seras en retard..

-Mmmmmh oui oui je vais me lever attend encore un peu...

-Comme tu voudras.

Je me glisse sous l'eau chaude de la douche.
Je sourie bêtement; ça y est je vais enfin commencer ce pour quoi je me suis battue.
 Vous vous dîtes peut-être que les étude d'infirmières, ce n'est pas aussi dure que si on voulait devenir médecin; vous avez raison.
Mais ça a sa difficulté quand même. Et on le voit bien, un hôpital ne marche pas sans les infirmières.
Je n'ai pas eu mes concours d'entrée à l'école la première année, mais la deuxième fut la bonne; et regardez où j'en suis aujourd'hui: c'est mon premier jour en tant qu'infirmière dans le service de cardiologie.
J'ai enfin réussie à aller là où je rêvais d'aller. Je vais rencontrer des tonnes de nouveaux patients, m'en occuper du mieux possible, je vais avoir des contacts privilégiés avec eux, je vais pouvoir encore mieux comprendre les gens, les individus. Comprendre ce qu'ils vivent et les aider peu importe la cause de leur venue. Je vais pouvoir leur donner de la joie, les aider dans les moments de tristesse, les aider à remonter la pente quand cela est possible et les accompagner dans la dernière ligne droite du mieux que je peux avec le plus d'amour possible. C'est en gros ce qui me plais dans ce métier, pouvoir m'occuper des gens et pouvoir les comprendre, ou du moins essayer. J'adore depuis que je suis adolescente observer les gens, voir, essayer de comprendre comment ils fonctionnent et les aider; peu importe l'aide que je peux leur apporter. Si mon aide se résume à un simple sourire, cela me convient déjà bien assez pour passer une bonne journée. Bien sur je ne suis pas toujours de bonne humeur, dans l'optique constante d'aider mon prochain, mais j'essaye; je pars du principe que nous n'avons pas besoin de faire partager notre malheur aux gens qui nous entourent puisqu'ils doivent être déjà bien occupés avec les leurs. 

Je sors de la douche, me sèche et commence à me maquiller après m'être habillée. Je sors de la salle de bain et comme je l'avais prévu, Carla n'est toujours pas levée. Je rentre alors dans sa chambre et ouvre les volets:

-Annie laisse moi dormir encore un peu....

-Non mais tu as vu l'heure ?? 

-Non.. Quelle heure il est....

-Il est 6h30 ! Je te rappelle qu'on part dans 10 minutes et encore c'est en t'accordant du temps !

-QUOI !!!! Mais pourquoi tu ne m'as pas réveillé plus tôt ???

-Mais c'est ce que j'ai fait mais tu ne te lèves jamais !

-Merde merde merde..

Carla saute du lit et enfile un jean et une chemise.  Elle sort de la chambre en courant et va dans la salle de bain; 5 minutes plus tard celle ci en ressort coiffée, habillée et parfumée, et bien sur, toujours à tomber parterre en moins de 10 minutes alors qu'il m'en faut minimum 50 de mon côté.

Nous prenons nos sacs et nous montons dans ma voiture direction l'hôpital. Je repense à la fois où mon père m'a conduite sur la même route pour mon oral. Puis quand il m'a conduite à mon appartement avec mes cartons.
Il m'a regardé, un regard à la fois triste, joyeux, perdu, mais fière.
C'est surtout ce dernier qui m'a faite pleurer; le fait que mon père soit fière de moi, de mon parcours.
Qu'il ait toujours été là pour moi pour me soutenir avec ma mère, surtout ces derniers mois.
Il m'a dit avant de partir , mon visage entre ses mains:

"Le regard, Annie, c'est le reflet de ton âme, c'est la seule partie de toi que tu peux choisir de contrôler où de laisser te trahir. Alors n'accorde à personne ou seulement à l'Unique d'en avoir l'emprise et les clés."

Sur le coup, je n'avais pas compris pourquoi il m'avait dit cela, surtout dans ce contexte.
Mais ses paroles m'ont toujours guidé vers les bons chemins et vers l'avenir dont je rêvais d'avoir. Donc je les ai pris en compte, mais elles tournent toujours dans ma tête depuis ce jour là.

Nous arrivons sur le parking de l'hôpital où le personnel commence a s'activer. Avant de sortir de la voiture, Carla et moi nous regardons une dernière fois, des étoiles dans les yeux, sachant pertinemment ce que chacune d'entre nous ressent au fond d'elle: de l'excitation, de l'impatience, de la peur. 

Avec une détermination de feu, nous sortons de la voiture, prêtes à commencer notre première journée autant excitante que fatigante. 







RegardsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant