Dahlia

Chapitre 1

7H00 du matin, mon réveil sonne. La sonnerie stridente  me sort de mon rêve. J'ouvre les yeux et quitte mon monde remplie de palmiers et de soleil. C'est le matin, c'est le retour à la réalité.

Je me lève tant bien que mal pour rejoindre ma salle de bain. Mes yeux se referment dès que j'allume la lumière blanche style hôpital. J'arrive devant le miroir aux armatures dorées, j'ai des cernes jusqu'au menton. Pas étonnant, depuis des semaines je n'arrive plus à dormir à cause des avions qui passent au-dessus de chez moi. Mes cheveux bruns sont pleins de nœuds et mes yeux bleus enveloppés de rouge à cause de la fatigue. J'essaye de rattraper ma tête de zombie avec un bon coup de brosse et un peu de maquillage. Je prend même le temps de m'amuser et de simuler avec mes cheveux une petite frange pour voir si ça pourrait m'aller. Conclusion ? Je ne pense pas.

Je descends, passe par la cuisine pour attraper un croissant au vol et sors de mon appartement pour rejoindre mon école. Une fois arrivé dehors, le froid me surprend. Étrange pour un mois de mai. Le climat va de plus en plus mal.  Ha oui ! Je ne vous ai pas dit ! Nous sommes en 2185 et le monde n'est plus ce qu'il était. L'air pur n'existe plus et la pollution est désormais notre méchante reine. Les immeubles on perdu leurs couleurs pour un gris noirâtre et les vîtres sont recouvertes d'une sorte de poussière noire épaisse. Par exemple, je vis au Rez de chaussée d'un immeuble Haussmannien qui commence à avoir du mal à tenir debout. Il comporte une grande pièce de plain pied et un étage, trois chambres et deux salles de bains. Nous sommes pas trop loin du centre ville ce qui est plutôt pratique. Je commence à m'éloigner dans la rue dans le froid glacial quand soudain une voix féminine m'appelle :

- Aline! Aline...!

- Quoi ?

- N'oublie pas de passer au water shop pour nous ramener de l'eau, on en a presque plus!

- Ok, à ce soir !

De toute façon, ce n'est pas comme si j'avais le choix.

Si on a plus de bouteilles, on meurt de soif. L'eau du robinet, partout sur terre, n'est plus potable, elle contient des bactéries dangereuses pour l'être humain que les stations d'épurations ne peuvent pas traiter. Les causes sont sûrement dues aux pluies acides, ou aux nombreux produits chimiques que tout le monde verse dans les rivières. Tous les habitants de notre planète sont donc dépendants de grandes organisations internationales qui tiennent nos vies de leurs mains et qui nous fournissent de l'eau créée artificiellement pour que l'on puisse survivre. Ca fait rêver 2185 vous ne trouvez pas ?

Ha oui ! La dame qui m'a appelé de la fenêtre il y a cinq minutes, c'était Marianne alias ma mère. Elle reste 24 heures sur 24 à la maison. Elle pourrait très bien y aller, acheter de l'eau au lieu de s'occuper de son brushing toute la journée. Le temps qu'elle passe sur son apparence est assez aberrant. Son carré plongeant est toujours bien entretenu, sa teinture noir doit toujours être au poil et ses yeux bleus toujours maquillés comme si elle sortait pour un vernissage. Elle est tous les jours en  tailleur tout ça pour faire de la cuisine et lire des magazines conseils pour entretenir sa taille de guêpe. Ma mère était coiffeuse avant sur les Champs Elysées, le top du top !

Personnellement, la coiffure c'est pas mon truc, je suis plus penchée vers la peinture. J'étudie aux Beaux Arts, je pense avoir un talent mais pas grand monde est vraiment d'accord sur le sujet. Oui, on peut dire que je suis une artiste incomprise.

Sur le chemin pour me rendre à mon école, les immeubles sont tous devenus noirs, je passe devant quelques églises qui ont subi le même sort. Je peux voir de loin la Tour Eiffel laissée à l'abandon, son entretien est sûrement devenu hors de prix. On n'arrive plus à distinguer son sommet, un nuage de pollution nous empêche de le voir. Ma mère ne veut pas que je prenne le métro mais je m'en contrefiche, je reste une parisienne malgré tout et je ne veux pas finir en glaçon. Je descends les escaliers pour rejoindre les couloirs souterrains. Je regarde les panneaux d'affichages, ma ligne arrive dans 4 minutes. Je reste debout et regarde mes pieds, je ne vois pas la couleur du sol. Celui-ci est rempli de mégots de cigarettes, de canettes de toutes sortes, de bouteilles, de journaux...