Chapitre 2

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La suite de la semaine fut un cauchemar, mon âme était perdue dans un tunnel sans fin et mes pensées n'étaient que brouillard et mélancolie. J'ai ignoré ma mère toute la semaine et la scène de lundi soir avec ma meilleure amie Nicky m'a hanté jour et nuit. Le temps m'a paru bien long mais ça y est, on est enfin vendredi, je fais mon trajet habituel comme tous les matins. Arrivée dans le hall d'entrée des Beaux Arts, je me dirige vers mon cours de perspective. Je croise Nicky, qui se contente de me regarder longuement avant de baisser la tête. C'est ce genre de contacts que l'on a eu toute la semaine, c'est assez insupportable et je déteste ça. J'ai la faculté de ressentir les sentiments et le ressenti des gens, je ne sais pas d'où ça vient mais ce genre de don, si on peut appeler ça comme ça, est tout aussi pratique que horrible. Je ne sais pas comment arranger les choses avec elle, alors je me contente de passer mon chemin en évitant tout contact visuel. 

Durant mon cours qui est particulièrement très ennuyeux, le directeur de l'établissement, monsieur Bodin, vient nous interrompre. On se met tous debout pour le saluer, il nous dit bonjour et nous fait signe de nous rasseoir. Il parle quelques instants avec mon professeur puis il se tourne vers moi pour me demander de le suivre. Durant quelques secondes ma gorge se sèche et mon estomac se noue. Je ne comprends pas pourquoi le directeur voudrait me voir, je n'ai jamais manqué de cours, j'ai des bonnes notes et mon parcours est sans fautes. Je le suis dans les couloirs, ma vue se trouble, j'ai les mains qui tremblent, je me pose trop de questions. Je pense que l'on peut appeler ça du stress. Quand je rentre dans son bureau, il me fait signe de prendre place en face de lui sur un petit fauteuil. J'ai du mal à cacher mon stress, j'espère qu'il ne le remarque pas trop. Il s'assoit dans son grand fauteuil en cuire, face à moi avec en arrière plan une grande fenêtre qui donne une magnifique vue sur un nuage gris. Puis, en rajustant sa cravate de son costume bleu marine il dit d'une voix grave et autoritaire:

-Comment allez-vous mademoiselle Moca ?

Je réponds d'une voix tremblante et sans conviction:

-Ca va merci...

Je me sens ridicule...

-Est-ce que vous vous souvenez du concours de peinture auquel vous avez participé Mlle Moca?

-Oui bien sûr.

Bien sûr que je m'en souviens le prix c'est New York comme je pourrais oublier!

-Très bien, très bien, donc il me faudra une réponse au plus tard lundi je sais que c'est très court comme délai mais votre avion est prévu pour mercredi.

-Attendez, excusez moi monsieur, mais je ne vous suis pas.

Qu'est ce qu'il veut me dire, seul le ou la gagnante peut partir pour New York.

-Mais c'est très clair pourtant, Aline, vous avez gagné, félicitations vous avez obtenu la bourse pour entrer à l'université de New York!

-Quoi! J'ai....J'ai...Gagné!

Comment c'est possible personne n'aime ce que font les espoirs perdus, le groupe de peinture auquel j'appartiens.

-Oui, Mlle Moca, votre tableau a ému les jurés, je suis très content pour vous.

-Merci à vous monsieur. Je ne sais pas trop quoi vous dire.

-Pour l'instant pas grand chose, j'aurais juste besoin d'une réponse assez rapidement. Votre avion est mercredi, à votre place je ne laisserais pas passer cette opportunité.

-Je vous tiendrai au courant le plus vite possible monsieur, merci.

-Très bien, au revoir mademoiselle Moca.

DahliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant