Jay

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« Comment tu t'appelles ?

Ma partenaire rougit fortement à cette simple question. Elle tente vainement de cacher son corps alors que je l'ai vu complètement nue il y a quelques minutes. Je soupire, en même temps, je devais m'y attendre, c'est une première année. De ce que j'ai compris, ce n'était pas sa première fois deux hommes sont passés avant moi mais je m'en fiche.

-Ecoute, je veux juste ton nom, ne te fais pas d'idées.

Elle hoche timidement la tête, elle est déjà au courant, elle n'est qu'un nom sur nos interminables listes de conquêtes. Si elle a couché avec moi c'est parce qu'elle l'a choisi. Elle a été prévenue dès le départ.

-Je suis Chloé Fornier...

Ok, c'est tout pour moi. J'acquiesce et nous nous rhabillons sans un mot, chacun de son côté. Ça peut vous paraitre froid mais c'est ainsi que je fonctionne. Chloé allait quitter la pièce néanmoins, je la retiens, je ne suis pas cruel au point de jeter les gens après avoir couché avec.

-Attends, laisse-moi te payer un verre avant. Je ne suis pas un sans-cœur non plus. »

Elle hésite longtemps avant d'accepter. Je lui souris puis enfile mon gilet. Le campus est calme quand on le quitte ça n'a rien avoir avec le centre-ville qui se trouve à deux pas. Mon bar préféré est coincé entre deux énormes bâtiments fortunés, celui-ci est petit mais cozy. On commande puis on discute pour mettre au clair cette aventure afin d'éviter les malentendus à l'avenir.

Elle finit par partir me laissant seul.

Mon verre est encore plein et mon trieur lutte pour garder mes feuilles, je n'ai même pas besoin de réfléchir, la tâche me vient toute seule. Au moins, si je finis mes devoirs maintenant, je serai tranquille jusqu'à demain. Mon stylo parcours mes cours, corrige des erreurs bêtes, rajoute des notes ici et là. Parfois, il m'arrive de lever le nez pour regarder les gens qui se pressent à l'extérieur puis me replonger dans mon travail. Cependant, alors que je m'accorde une micro pause, j'aperçois une silhouette que je connais trop bien se diriger vers le bar, Erwann. Je ne peux réprimer mon sourire. Il entre, scanne la pièce et me voit. Nos regards ne se croisent pas non, ils s'accrochent. Un frisson traverse ma colonne vertébrale, c'est le même que le premier jour, la première fois que je l'ai rencontré. Il a un sourire au coin, Erwann commande puis me rejoint. On se fait face.

On ne se parle pas, on n'en a pas besoin. On se regarde juste, droit dans les yeux.

Notre fin d'après-midi se termine tranquillement et je quitte le café avec le sourire mais sans un mot, il en fait de même.

La première chose que je fais en rentrant dans mon appart, c'est de jeter mon surplus de vêtement sur le sol. Manteau, écharpe, chaussures puis je m'écroule avec tout le plaisir du monde sur mon lit. Cette trèèèèès longue journée est enfin terminée et je ne peux que m'en réjouir. Enfin, je m'allonge sur le dos et contemple le plafond. On est à la mi-octobre, déjà. Je ne sais plus où donner de la tête, des devoirs, des évals, l'avenir. Je crois que j'ai un stage et un Erasmus à organiser aussi. Trop de choses à penser, trop pour mon pauvre cerveau. Je lâche un long et lourd soupir avant de me retourner et d'enfoncer mon visage dans mon oreiller. Vraiment, j'ai plus de force, plus aucune volonté, je me sens vide.

Mon portable m'indique que c'est l'heure du dîner.

J'utilise les dernières forces qu'ils me restent pour sortir de mon lit et faire réchauffer ma soupe et mon plat avant de passer à table. Je fais la vaisselle puis m'accorde le plaisir d'une douche et au lit sauf que le sommeil ne vient pas.

Ça m'énerve.

Je me lève et me dirige vers ma salle de bain, je ne réfléchis plus. J'ouvre mes placards et tombe sur de la teinture, mes cheveux viennent d'être décolorés je n'ai aucun mal à changer de couleur. Je mets de vieux vêtements déjà tâchés par mes expériences capillaires précédentes puis prépare la mixture. J'applique consciencieusement le mélange sur mes cheveux, les racines, les pointes, ceux de devants et ceux de derrières, aucun n'est épargné.

Je laisse poser en scrollant sur mon téléphone, puis je rince mes cheveux, plusieurs fois avant de les séchés puis de les mettre dans une serviette pour la nuit. Je ne sais pas quelle couleur j'ai faite mais me connaissant, ça risque d'être éclatant.

Quand je retourne dans mon lit, je m'endors dès que je touche l'oreiller.

Je ne m'étais pas trompé, sur ma nouvelle couleur. Avec l'obscurité de la nuit, je voyais mal la teinte mais maintenant, je la distingue clairement. Ma tête est désormais bleu électrique, autant dire que je détonne un peu, difficile de ne pas me remarquer.

Lui aussi, il m'a remarqué. Il n'est pas surpris par la couleur, il a l'habitude maintenant alors il m'a juste déshabillé du regard puis m'a fait son fameux sourire au coin avant de s'éclipser dans les couloirs de la fac. Je ne l'ai plus croisé du reste de la journée en même temps, j'ai passé l'après-midi à la bibliothèque universitaire.

En rentrant chez moi, j'ai fait comme la veille, mes affaires sur le sol et mon corps sur le lit. Je réfléchis sur le sens de ma vie, je mange, douche avec ma couleur qui continu de dégorger et enfin, le lit mais sans sommeil, encore une fois.

Je n'ai plus de teinture à faire, mes devoirs sont bouclés pour au moins trois jours et aucunes évaluations prévues pour le reste de la semaine. Je n'ai rien à faire. Je pense à Erwann, mon cher et tendre rival, il me fait quelque chose, mon corps frissonne. Une idée me vient, et si... je me mords la lèvre en y pensant, et si la prochaine personne dans mon lit, c'était lui ?

L'idée me plaît, beaucoup trop. Elle est tellement tentante et si... excitante...

Je ne peux pas réprimer mon sourire, je sais ce que je vais faire dans les prochains jours. J'attrape mon portable sur la table de chevet, l'allume et clique directement sur les contacts. Caché entre deux numéros inconnus se trouve celui de mon cher rival. Je lui envoie un petit message, éteint mon téléphone et m'endors, le sourire aux lèvres.

« Tu es le prochain »





















Publié le 11/03/2023

Rêve pas, je sais que je te plaîsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant