#4 - Perte

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Enfin ! Le grand jour était là, celui que j’attendais – que nous attendions – depuis si longtemps était arrivé !
Cette nuit nos fleurs respectives seraient cueillies, tout avait été soigneusement organisé et tout sera parfait

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Enfin ! Le grand jour était là, celui que j’attendais – que nous attendions – depuis si longtemps était arrivé !
Cette nuit nos fleurs respectives seraient cueillies, tout avait été soigneusement organisé et tout sera parfait. Il ne pouvait en être autrement tant la journée qui venait de s’écouler avait été parfaite. Au cours de celle-ci tous nos sens s’étaient trouvés dirigés vers cet évènement tant attendu.

Après une journée de cours des plus ordinaires les deux tourtereaux, formant le couple le plus en vue des Terminales, rentrèrent chez eux afin de se préparer pour leur soirée. Une fois apprêtés, Chris, muni d’une rose, emmena Anna à la fête foraine où ils firent le tour des attractions avant de monter dans la grande roue.
- Regarde toutes ces étoiles, lui dit-il en la serrant contre lui, elles sont magnifiques mais pâlissent devant ta beauté.
- Oh ! Chris ! Tu es si romantique !
La soirée se poursuivit aussi paisiblement que lors d’une balade à gondole, pleine de baisers, de tendres caresses et de mots doux susurrés à l’oreille. Tous deux savaient que l’heure de savourer l’amour charnel approchait ainsi, pour prolonger ces instants merveilleux, ils allèrent dîner légèrement à la lueur des chandelles, accompagnés par la mélodie d’un violoniste.

Le repas terminé, ils se rendirent à pas lents vers l’hôtel où la jeune femme avait réservé une chambre et pris le temps de décorer au préalable de pétales de fleurs formant un cœur sur le lit et de tulle accrochée aux quatre coins de la pièce.
- Mets-toi à l’aise mon chéri, je reviens dans un instant. Murmura Anna, un sourire enjôleur sur les lèvres en se dirigeant dans la salle de bain.
Christian, totalement désemparé et intimidé, se mit à arpenter la pièce de long en large sans parvenir à se détendre. Finalement il se décida à retirer ses chaussures et son manteau, puis ne sachant que faire de son corps qui lui paraissait soudain très encombrant il s’assit sur le lit avant de s’y allonger.
De son côté la jeune femme n’en menait pas large non plus et l’idée qu’elle avait en préparant cette soirée commençait à lui paraître stupide et totalement farfelue. Cette dernière lui était venue en lisant un livre ou en voyant un film, elle ne savait plus, dans lequel l’héroïne virginale se présentait à son amant en lingerie fine, chaussée d’escarpins et d’un haut de forme. L’image même de la femme séductrice et sûre d’elle. Cependant elle dû se rendre à l’évidence, les talons n’étaient que peu pratiques et elle se sentait déjà chanceler sans même avoir esquissé un pas, de toute manière elle se voyait mal les conserver très longtemps aux pieds.

Satisfaite de l’image qui se reflétait dans le grand miroir de la salle d’eau, elle entrouvrit la porte pour demander à son petit ami d’éteindre les lumières à l’exception d’une lampe de chevet. Ceci fait elle retourna dans la chambre après avoir déclenché la liste de musiques choisies pour l’occasion. Lorsque les premières notes se firent entendre elle dévoila sa surprise, ondulant lascivement telle une danseuse orientale. La première mélodie était inconnue au jeune homme, mais il saisit rapidement l’atmosphère qu’elle dégageait …

Baby take off your coat
Real slow
Take off your shoes
I'll take off your shoes
Baby, take off your dress
Yes, yes, yes
You can leave your hat on
You can leave your hat on
You can leave your hat on


Tandis que les paroles défilaient au rythme de la musique blues, la créature sortie d’un rêve qui se tenait devant lui s’effeuillait, dansait sans cesser un instant de le regarder dans les yeux. Totalement hypnotisé par le spectacle qui se déroulait devant lui il en oublia de respirer jusqu’à ce qu’une légère brûlure dans ses poumons lui rappelle d’inhaler de l’air, et ne se leva que lorsque sa belle lui saisit la main pour une danse à deux après qu’elle lui ait fait plusieurs signes de l’index. Sous les mains délicates de son amoureuse il perdit un à un ses vêtements jusqu’à ce que tous deux, à la fin du morceau, se retrouvent nus et à bout de souffle tandis que leurs doigts étaient noués en une tendre étreinte. Sans un mot ils montèrent sur le lit, lui reculant, elle avançant, et s’allongèrent.

L'heure était venue. Le moment était imminent. La tension était à son maximum.

Leurs caresses, timides et maladroites, semblèrent d’abord avoir pour but de découvrir le corps de l’autre tandis qu’ils découvraient en même temps les sensations provoquées sur le leur. Leurs bouches ne se quittaient que rarement dans le seul but d’avaler une goulée d’air avant de reprendre leurs embrassades enfiévrées. Le linge de lit, maltraité sous leurs mouvements erratiques, se défit et commença à s’emmêler alors que les coussins tombaient par terre.
L'amour, l’envie et le désir étaient à leur paroxysme.
Leurs regards se croisèrent une nouvelle fois pour formuler une question muette.
- Tu es prête ? Tu es prêt ?
Anna, pour toute réponse, serra plus vivement la cuisse de son amant qui se tenait sous sa main tandis que Chris noua ses doigts dans la crinière de sa compagne.
- Tu as … ? Souffla timidement Anna.
- Oui, répondit-il avec fièvre tout en se précipitant vers son jean. Tu sais comment faire ? Demanda Chris en revenant sur la couche, serrant dans sa main des petits sachets carrés.
Peu sûre d’elle, mais ne voulant pas montrer qu’elle ne s’était jamais essayée à l’exercice, Anna prit l’un des préservatifs qu’il lui tendait et entreprit de l’ouvrir et de le positionner sans se départir de son air concentré qui s’était installé sur son visage quelques secondes plus tôt. L'opération fut couronnée de succès bien que pour y parvenir elle dût dérouler légèrement l’étui de caoutchouc sur son doigt pour s’assurer du sens, perturbant quelque peu la virilité du jeune homme.

Enfin elle s’allongea sur le dos afin qu’il puisse l’enjamber et faire de même en restant tourné vers Anna dont les cuisses se trouvaient un peu écartées. Leurs deux corps étaient tendus à l’extrême par l’appréhension et l’imminence. Chris se positionna à l’entrée du sexe de sa petite amie, fit pénétrer son gland avec douceur, observant les réactions de sa partenaire. La voyant concentrée sur les sensations, mais sans douleur affichée il se sentit rassuré et donna un grand coup de rein, déchirant l’hymen, entrant entièrement dans le saint des saints les yeux clos.
- Aaaaargh !
Le hurlement lui déchira les tympans et lui fit ouvrir immédiatement les paupières.
- Ma chérie ! Ça va ? Tu as joui ? Demanda-t-il plein d’une fierté qui ne demandait qu’à éclater.
- Non espèce de crétin ! Cria-t-elle en le repoussant de toutes ses forces. Tu m’as déchirée ! J'ai horriblement mal !
- Oh mon dieu ! Je suis tellement désolé ! Je … J’ai cru … Tu sais dans les films, elles ont un orgasme dès la première fois et les mecs font comme j’ai fait et …
- Stop. Arrête. Gémit-elle en ramenant les jambes contre elle. Je ne pensais pas que ça ferait aussi mal, et puis tu n’étais pas obligé d’y aller comme ça.
Anna respira profondément, et reprit d’une voix plus douce devant l’air de chien battu de son chéri :
- Tu sais, les films ça n’est pas la réalité, et mon … Elle montra son entrejambe, incapable de dire le mot. Ça n’est pas le tunnel du Mont Blanc …
- Le tunnel du Mont Blanc ? Répéta Chris incapable de contenir son hilarité.
- Ne te moque pas ! S’esclaffa la jeune femme. Bon je vais me doucher, choisis un film en attendant. Je crois qu’une pause s'avère nécessaire, j’ai besoin de nettoyer le sang que j’ai perdu en perdant …
Elle lui déposa un baiser léger sur les lèvres et partit se nettoyer, à son retour Anna trouva son compagnon blotti sous la couette devant Mission Impossible II.
- Un film tout indiqué, se dit-elle en rejoignant Chris dans le lit.

Deux heures et demie plus tard, alors que le film touchait à sa fin, la jeune femme entreprit de se débarrasser du surplus de tissus dentelé avant de se blottir plus confortablement sous les draps.
- Tu es fatiguée ma puce ?
- Oui, un peu. Et j’ai envie de profiter de cette nuit tous les deux sans les parents à proximité, poursuivit-elle d’une voix douce tout en se rapprochant de son petit ami.
Sur ces mots Chris ouvrit ses bras pour accueillir sa belle qui vint appuyer sa tête contre son torse, tandis qu’une des mains du jeune homme laissait courir ses doigts sur la peau d'Anna. Ceux-ci dérivaient le long de son corps, décrivant des cercles paresseux pendant que ses lèvres couraient dans la chevelure ondulée de la jeune femme. Tous deux savouraient cet instant d’infinie tendresse en silence, le calme de la pièce seulement troublé par les soupirs d’aisance qu’ils laissaient échapper de temps à autres.
Tandis qu'Anna se laissait porter par la douce torpeur qui commençait à l’envahir, elle sentit que les caresses de son amant se faisaient plus précises, plus insistantes.
- Qu'est-ce que tu fais ? Demanda-t-elle un sourire dans la voix.
- Rien, rétorqua l’intéressé dont le visage reflétait l’innocence même, sans pour autant cesser ses assauts érotiques.
- Je vois, répondit la jeune femme en passant une jambe sur celles de son partenaire, moi non plus.
Ils se regardèrent tendrement, les yeux de l’un plongés dans ceux de l’autre, alors que leurs corps comme mûs par une volonté propre se mettaient à onduler. L'envie était de nouveau là, indicible, irrépressible. Ils firent encore attendre quelques instants leurs besoins pour en déguster toute la saveur, agaçant leurs sens dans un jeu lascif de frottements, jusqu’à ce qu’ils n’en puissent plus.
L'instant tant attendu se manifesta lorsqu'Anna grimpa soudainement sur Chris pour s’installer sur lui à califourchon avant de l’embrasser avec passion. Leurs corps continuaient leur danse enflammée. Leurs langues s’emmêlèrent tandis que le jeune homme agrippait les hanches de la belle pour entrer en elle avec douceur, n’ayant pas oublié l’incident précédent.
- Chéri n’oublie pas : pas de capote, pas de carotte, fit Anna entre deux baisers.
- Ne t’en fais pas. Il enfila la protection puis reprit : Et voilà !
Ensemble ils bougèrent, d’abord avec précaution puis avec une fougue redoublée lorsqu’ils comprirent qu’aucune douleur ne faisait surface. Le plaisir les envahissait, la délivrance s’approchait.

Néanmoins la jeune femme ne parvenait pas à profiter pleinement de ce moment car l’appréhension d’une nouvelle douleur fasse son apparition la tiraillait.
Soudain ce qu’elle craignait arriva. Lorsque l’orgasme la saisit, le tourbillon de sensation fut si fort qu’elle prit peur et contracta violement tous ses muscles. Totalement tétanisée elle vit à peine son amant se redresser vivement sur ses coudes pour la fixer sur regard.
- Ma puce, tout va bien ?
- Je … Ne … Sais pas …, souffla-t-elle après un instant. J'ai eu peur je crois et …
- Ce n’est rien, ne t’en fais. Viens te coucher près de moi je vais te bercer, répondit-il d’une voix qui se voulait apaisante.
Mais lorsqu’elle essaya de bouger, elle se rendit compte que ça lui était impossible.
- Je suis coincée, déclara Anna d’un air malheureux, les larmes au bord des yeux.
- En fait … Je crois qu’on est tous les deux coincés, je n’arrive pas à me retirer …
- Ohhh ! Gémit la jeune femme en s’effondrant sur le torse de son petit ami, les larmes coulant à flots.
- Je me disais bien qu’il y avait un souci quand je t’ai sentie me serrer le … aussi fort. Ce n’est rien ma chérie, on va trouver une solution. Reprit Chris en la cajolant. Mais essaie de te calme s’il te plaît, tu me fais mal au …
- Qu'allons-nous faire ? Appeler les secours ? Je crois que je mourrais de honte si on nous trouvait comme ça.
- Ne t’inquiète pas, nous n’en arriverons pas là je te le promets. Pour l’instant essaie juste de te calmer, de respirer doucement et nous trouverons une solution.
Guère convaincue par les paroles rassurantes de Chris, Anna se blottit plus fort contre lui en guise de seule réponse.
- C'est dommage, je voulais essayer quelque chose si tu étais d’accord, reprit le jeune homme quelques minutes plus tard.
- Quoi ? Renifla-t-elle.
- Rien d’important, mais j’avais prévu une super phrase pour te le demander : tu veux me sucer ma poule ? Expliqua-t-il en riant.
- Ma poule ?! S’exclama-t-elle en se redressant sans pouvoir retenir un sourire. T’es pas sérieux j’espère ?
- Ben quoi ? Rétorqua-t-il un air angélique. Avoue que c’est une super approche !
- Seulement si tu me fais pareil, reprit Anna l’air soudain sérieuse.
- Mais c’est par là que tu fais pipi !
- Et toi alors ?
- Hmm tu n’as pas tort …
Riant tous deux franchement de l’absurdité de la situation et de leur conversation, ils sentirent l’atmosphère se détendre de manière presque tangible.
- On devrait éviter de rire, déclara Chris en s’essuyant les yeux, ça me fait mal quand tu te contractes.
- Désolée.
- En tout cas, enchaîna-t-il, si on reste comme ça, nous seront liés pour la vie.
Une nouvelle fois ils éclatèrent de rire, l’hilarité se poursuivant plusieurs minutes jusqu’à ce qu’à bout de souffle ils cessent malgré les quelques gloussements qui leur échappaient. Le calme revenu ils s’enlacèrent une nouvelle fois, savourant la proximité de l’autre tandis que leurs rythmes cardiaques retrouvaient leur allure normale puis ralentissent petit à petit.
La quiétude revenue, ils sentirent que le moment était venu de refaire une tentative pour séparer leurs deux corps et celle-ci porta ses fruits, ce qui leur permit d’entamer un sommeil durant les quelques heures qui leur restait à profiter des lieux.

Le lendemain matin, alors que le soleil commençait à illuminer la pièce, ils furent réveillés en sursaut par une chanson très forte …

Montre moi tes nénés
Ce soir Nicolas va les toucher
Ohoooooooh !
Montre moi tes nénés
Ce soir Nicolas va te chauffer
Ohoooooooh !

Sopalin !
Ce soir c'est casquette , Basket , ma plus belle tenue de survet'
Je sors en boîte pour te faire ta fête que tu sois une femme ou une bête
Ce soir j'te love , j'te kiss , que tu t'appelles Béatrice
Annabelle ou Anne Patrice , Je te montre mon Tournevis
Ce soir chu chaud , bébé , Nicolas va te faire grimper
Nicolas va te faire vibrer tu portr'a pleinte ch'suis habitué !

- Mon ange, murmura Anna d’une voix endormie, je crois que c’est ton portable.
- Hmm ? Ah oui … Désolé, répondit Chris en émergeant douloureusement. J’y vais.
Farfouillant dans ses affaires désormais éparpillées au sol il finit par mettre la main sur l’appareil infernal et décrocha.
- Allô ?
- Oh mon poussin ! Répondit une voix féminine très forte dont l’inquiétude transparaissait. Tu vas bien ? Je m’inquiétais ! Tu m’as dit que tu passais la soirée avec Anna et je ne t’ai pas vu dans ta chambre ce matin ! Tout va bien ? Il est arrivé quelque chose ?
- Hmm … Non maman, ne t’en fais pas. Tout va bien. J'ai averti papa et …
- Ohhhh ! Coupa la mère, comprenant soudain. Alors c’était le grand soir ? Ça s’est bien passé ? Tu as été doux et prévenant j’espère ? J’espère que tu t’es protégé !
- Maman ! S’exclama le jeune homme désormais pleinement réveillé, en jetant un coup d’œil désespéré à sa petite amie qui observait la scène sans dissimuler son amusement. Je ne vais pas parler de ça avec toi et encore moins au téléphone ! Je dois y aller, à plus tard.
Il raccrocha sans attendre de réponse et poussa un soupir las.
- Alors mon poussin ? Minauda Anna.
- Serais-tu en train de te moquer ? Murmura Chris en adoptant une posture prédatrice.
- Jamais !
À ce mot il se jeta sur le lit pour la dévorer de baiser déposés sur tous les recoins de la peau exposée de sa victime, puis son forfait achevé il se releva.
- Et si on allait prendre le petit-déjeuner ? Avant que j’aille subir l’inquisition maternelle.
- Vendu ! Et c’est moi qui invite !

Défi Ray Bradbury - Édition 2021Où les histoires vivent. Découvrez maintenant