malinconia estiva - mélancolie d'été

xviii. j4 // cody

I don't have fear, I will survive
Je n'éprouve aucune peur, je survivrai

And I've been begging, begging myself
Et je me suis supplié, supplié
Please don't close your eyes
"s'il te plaît, ne ferme pas les yeux"
I don't have tears, I cried it all
Je n'ai pas de larmes, je les ai déjà toutes pleurées
I heard a voice that's inside me
J'ai entendu une voix à l'intérieur de moi
She says please stay what you want
Qui me dit de rester ici autant que je le voudrai

~

Je me lève et rejoins Caroline - à sa plus grande joie - à la table du jardin, songeur. J'avoue, je suis un peu désappointé par le rejet d'Illyas. En temps normal, je me fiche qu'on m'apprécie ou non, donc ce n'est pas le fait qu'il ne veuille pas me parler qui me taraude. Je consentirais qu'il ne m'apprécie pas, me trouve trop envahissant, ou que sais-je encore, mais les circonstances me persuadent que, dans cette histoire, ce n'est pas moi, ou même la compagnie des gens en général qu'il abhorre, mais plutôt lui-même. Comme s'il ne rejetait pas les gens par peur ou par indifférence, mais plutôt parce qu'il a l'impression qu'il ne sera pas assez bien pour eux, ou que ça finira forcément mal. Et ça, ça me perturbe.

Caro me colle un baiser sue la joue alors que je m'assois, et je lui fais un sourire tandis qu'elle se blottit contre moi. Je lève les yeux au ciel, malgré ma résolution de jouer eux idiots qui ne comprennent pas les signaux jusqu'au bout, afin d'éviter de la vexer. Enfin, elle est maligne, et surtout elle connait ma perspicacité, donc elle doit bien savoir qu'elle n'a pas sa chance, et que je serais rentré dans son jeu si c'était le cas. Mais elle continue de se comporter de manière tendre avec moi malgré tout, peut-être par besoin de proximité, ou alors seulement parce qu'elle me fait confiance et que l'affection qu'elle me démontre est aussi amicale, tanguant sans cesse entre les deux.

On a toujours eu une relation un peu bizarre, de toute façon. Et puis, comment pourrais-je comprendre son point de vue ? Je ne suis tombé amoureux qu'une seule fois dans ma vie, et encore j'avais quatorze ans, qui est un jeune âge pour comprendre ce genre de sentiments. De plus, c'était d'une amie très proche, avec qui ma relation est devenue de plus en plus ambiguë au fil des années, jusqu'à ce jour où je l'avais embrassée, comme ça, sans que ça soit prémédité, et qu'elle m'a dit que je lui plaisais. Tina - la fille en question - et moi sommes sortis environ un an ensemble, puis on s'est séparés pour une bêtise, comme à peu près tous les couples adolescents de notre génération. À l'époque, ça n'a pas eu beaucoup d'importance, mais c'est vrai que maintenant quand j'y repense de temps en temps, je me sens un peu vide en réalisant que malgré tous les flirts et même débuts de relations que j'ai eus par la suite, jamais je n'ai à nouveau ressenti les mêmes sentiments que j'ai eus pour Tina.

Même quand j'éprouve de l'attirance pour quelqu'un, je me lasse très vite, et jamais ça ne se transforme en attachement. Au point que ces émotions amoureuses que les autres trouvent belles me font peur, tellement je n'y suis pas habitué. Puis bon, avec tout ce qui se passe dans ma vie et mes projets personnels, c'est tant mieux, car je n'ai pas vraiment de temps à accorder à une relation, donc ça évite de rendre la personne et moi-même malheureux pour pas grand-chose.

Quant à Marco, c'était le seul autre dans toutes mes conquêtes pour qui j'avais de l'affection, et encore, c'était parce que l'amitié s'était mêlée au désir sexuel, et donc était très loin d'être de l'amour. Mais bon, c'était quelque-chose quand même, j'imagine..

Bref, la joie d'être demi-romantique.

Mon regard, qui s'était perdu dans le vide au fur et à mesure de ma réflexion, se pose sur Illyas, qui est toujours au bord du lac, observant l'eau les épaules affaissées et la tête basse, sa tristesse causée par notre discussion étant on ne peut plus visible. Putain, mais qu'est-ce qui a bien pu lui arriver ?