Chapitre 8

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Son week-end s'est plutôt bien passé, rien de bien, rien de mauvais.

C'était un week-end comme les autres, ressenti par Minho.

- Qu'avez-vous pensé de ce week-end, Minho ?

Ah.

- Rien de spécial. J'ai vu ma tante, elle a été gentille. Je n'ai pas vu mes parents, ils ne voulaient sûrement pas me voir. J'ai dormi, beaucoup dormi. J'ai mangé, je suis sorti une fois avant de revenir ici. Je suppose que c'était bien de la voir. J'ai quand même eu des idées noires, mais je ne me suis pas fait de mal. Autre chose ?

- Oui.

Ah.

- Que se passe-t-il Minho ? continue la dame, intriguée par le comportement quelque peu inhabituel de son patient. Lui qui est d'ordinaire si peu coopératif, si silencieux, cette fois-ci ce n'est pas le cas. Que s'est-il passé ?

- Je suppose que rien ?

- Vous supposez ?

- Je sais pas.

- Expliquez-moi ce que vous ressentez en ce moment.

- Là maintenant tout de suite ?

- Oui.

- Rien. Du vide. De la fatigue. Beaucoup de fatigue, je dois dire.

- Vous savez pourquoi ?

- Non.

- Expliquez-moi quelles ont été vos idées noires.

- Les mêmes qu'à chaque fois. "Et si je ne rentrais pas ?" lorsque je sors, "sont-ils mieux sans moi ?", "à quoi bon ?", "et si je ne repassais pas cette porte de mon vivant ?", "pourquoi je suis ici alors que je serai mieux sans conscience ?".

- Qui ça, "ils" ?

- Toutes les personnes qui me connaissent. Que ce soient mes parents, ma tata, Jisung-

- Jisung ?

- ...

- Pourquoi Jisung ? Ce ne serait pas votre camarade de chambre ?

- C'est bien lui. Je crois qu'on s'est... lié d'amitié ?

- C'est déjà bien, vous qui ne vouliez pas des gens.

C'est un peu différent. Un tout petit peu.

- Et vous disiez, poursuit la même dame, que vous préféreriez être sans conscience, c'est bien ça ?

- Parfois j'aimerais ne pas penser, oui.

- Vous savez, l'être humain possède la capacité de penser, est dôté d'une conscience. C'est grâce à ça que l'humain a construit des choses, les a découvertes. C'est grâce à cette conscience que vous avez pu faire tous les choix que vous avez fait maintenant. Pour le moment vous avez du mal avec vos pensées, elles vous font souffrir. Mais le jour où vous irez mieux, vous serez reconnaissant de vivre.

- Mais et si jamais je ne m'en sors jamais ? Si jamais je n'atteint pas l'âge de la guérison ?

- Vous l'atteindra, vous y arriverez. Parce que des gens comptent sur vous et que vous ne voulez pas les décevoir.

- Qu'est-ce que vous en savez ?

- Pourquoi êtes-vous encore en vie ?

Pour ne pas les décevoir.

***

La porte s'ouvre. Minho entre, deux sacs à la main ; un contenant ses affaires et un autre contenant la part de cheesecake tant convoitée par le rouquin. Il est, en fait, plutôt content de revoir l'écureuil. Il sourirait presque, mais celui-ci retombe juste avant d'arriver en voyant son camarade de chambre allongé sur son lit. Ce n'est pas tant le voir allongé qui l'embête, plutôt le fauteuil roulant posé à côté de celui-ci.

Passing time - MinsungOù les histoires vivent. Découvrez maintenant