Chapitre 3

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- Comment vous sentez-vous ?

- Je sais pas.

- Essayez de réfléchir.

- ...

La dame attend. Elle a beaucoup de patience, son métier lui en demande, et beaucoup. Elle serait prête à attendre encore de longues minutes, mais malheureusement la séance commence à s'écourter. 

- Comment vous sentez-vous Minho ?

- Vide, finit par avouer le jeune homme.

- Vide, pouvez-vous m'expliquer ? 

- Je me sens vide, vide de tout. Vide d'envie, vide de détermination, vide de vie. Vide de tout. 

- Savez vous pourquoi ?

- Non.

Après un silence court, parce qu'habituellement les silences sont longs dans cette pièce, la dame se penche en avant et affirme à son client :

- Parce que vous avez un syndrome dépressif.

***

Le silence dans la chambre est lourd, le non-bruit est éreintant et les deux jeunes adultes en froid. Une super ambiance, vous direz. Jisung s'est pourtant senti léger pendant l'absence de l'autre, mais dès que ce dernier est revenu d'un de ses nombreux rendez-vous, la tension est tout de suite remontée. Le beau jeune homme avait d'ailleurs l'air plus dans ses pensées que d'habitude.

- J'entre, annonce la vieille gentille infirmière préférée de Jisung. 

Elle avance donc dans la pièce froide, une boite bleue à la main et se dirige vers le noiraud qui n'a pas daigné relever la tête en présence de la dame plus très jeune maintenant. 

- Minho, ton médicament. 

- Hm. 

- Prends-le, s'il te plaît mon grand.

- Ne m'appelez pas comme ça, grogne ledit grand.

- Je dois y aller, j'ai beaucoup de travail. Prends-le rapidement ! Jisung, tu peux surveiller qu'il le prenne s'il te plaît ?

- Non m'dame.

- Pourquoi donc jeune homme ?

- Parce que c'est pas mon problème, grogne à son tour le garnement, avant de retourner à son livre qui est, semble-t-il, très peu intéressant. Pour ainsi dire il n'en a lu que les premières pages ; longues et ennuyantes.

La vieille gentille infirmière, après un énième soupir, assure au grand garçon que s'il ne prend pas son médicament, elle n'hésitera pas à le pendre par les pieds au dessus d'un bassin rempli d'alligators. Elle sort ensuite de la chambre, se dépêchant pour espérer terminer toutes ses tâches dans la journée. 

Vieille, gentille et redoutable infirmière.

Le rouquin, intrigué par ce que va faire ou ne pas faire le noiraud, tourne la tête en direction de ce dernier. 

Il tient les deux pilules blanches dans sa main, celles qui sont censées l'aider à vivre -survivre plutôt- et les observe d'un œil mauvais.

Et dans un silence presque religieux le noiraud se lève, marche jusqu'à la poubelle et les jette d'un coup brute, comme s'il leur devait tout son malheur. Il ne semble pas affectionner ces petites pilules, leur appui. Il remonte ensuite sans douceur dans son lit d'hôpital, comme si cette situation est normale.

L'infirmière vient de les lui donner, et il les jette directement après. Ce n'est pas malin, pense en son fort intérieur Han Jisung, ce que le noiraud répète depuis maintenant de longs et nombreux jours.

Passing time - MinsungOù les histoires vivent. Découvrez maintenant