Chapitre 14

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Ça y est.

C'est fini. Minho est sorti de l'hôpital, tandis que Jisung y reste.

Comment va-t-il pouvoir s'occuper sans son compagnon de jeux ? Celui qui le supportait presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre, en se plaignant de temps en temps oui, mais le supportait quand même. Une infirmière pourrait le remplacer ? Non, rien ni personne ne pourra le remplacer. Parce qu'ils ont eu une relation spéciale tous les deux, quelque chose d'intense, que des mots ne suffisent pas à qualifier. Parce que Jisung, est tombé. Il est tombé pour Minho. Ces mots qu'on pense tous, qu'on a tous envie d'entendre mais moins de prononcer, ne sont pas adeptes. Un "je t'aime" se rapprocherait de ce qu'ils ressentent l'un envers l'autre, mais ça reste différent. Ce n'est pas plus fort, pas plus faible. Différent. C'est pourquoi ça semble faux, discordant. Alors il ne le dira pas, mais le pensera très fort. Parce qu'il est plus simple de nommer les choses, on a l'impression qu'elles existent.

En attendant, Jisung se retrouve seul. Il ne sait pas comment s'occuper et, à vrai dire, il n'a pas envie de trouver quelqu'un d'autre avec qui passer ses journées. Peut-être que ses souvenirs frais, sa mémoire en déclin suffiront, jusqu'à ce qu'il n'ait plus à s'en soucier. Il ne pense pas faire autrement, parce que c'est son choix, et qu'il est borné.

Il pourrait compter sur le fait que le noiraud lui rende visite, quelques jours la semaine tout au plus, mais ne préfère pas. Pourquoi ? Parce que Minho a une vie. Il en commence une nouvelle, et il n'a pas le droit de la gâcher pour le seul petit plaisir de Jisung. Ce ne serait pas juste, non cohérents suite à la promesses qu'ils se sont fait quelques jours auparavant. Ou depuis une semaine ? À vrai dire, il ne compte plus les jours. Lundi ? Mardi ? Dimanche ? Quelle importance ? Jusqu'ici, il s'était accroché, à demander quel jour on était, et même tenir un petit calendrier. Mais à quoi cela sert, maintenant qu'il ne reste que deux mois ? Oui, il pourrait garder un oeil dessus pour savoir quand est-ce que tout ça sera fini, dans les environs, mais ne vaut-il mieux ne pas savoir ? Sinon, il va se mettre à compter chaque heures, minutes, voire même les secondes. Il préfère alors rester ignorant, pour le temps qui lui reste. Et ça lui suffit.

- Jisung ?

La gentille vieille infirmière apparaît au pas de la porte. Le garnement tourne la tête vers elle, et hoche la tête.

- Un problème ?

- Non, du tout.

Elle entre avec l'appareil pour prendre la tension. Elle reviendra souvent avant que Jisung ne soit branché partout. En plus cet appareil fait mal.

L'infirmière fait son travail, prend sa tension, mais le regarde aussi. Pas vraiment comme une mère avec son enfant, plutôt comme un adulte avec un enfant, qui prend la responsabilité du plus petit. Comment ne pas l'être, lorsqu'on voit le petit Jisung déprimé au fond de son lit, privé de son compagnon ?

- Dis-moi mon grand.

- Hm ?

- Triste que Minho soit parti ?

L'intéressé tourne la tête afin qu'il puisse regarder ses pieds, ceux-ci étant devant lui, car il est allongé, et ça depuis bien trop longtemps au goût de l'infirmière.

- Hmm... Je sais pas ce que je suis censé répondre.

- La vérité. Simplement la vérité.

Il se mord gentiment la lèvre inférieure avant de poursuivre.

- Bah... Un peu ? Je me suis fait un bon... ne trouvant pas les mots, il s'arrête de parler.

- Mais il pourra toujours venir te voir ?

Passing time - MinsungOù les histoires vivent. Découvrez maintenant