Passing time - Minsung

Chapitre 4

La salle a changé, pendant la petite absence du jeune homme. Les murs sont maintenant teints d'un vert olive, une couleur apaisante en fait, à la surprise du noiraud. Lui qui ne pensait pas trouver quelque chose d'apaisant avant un moment, mis à part la peinture. Qui ne l'apaise pas toutes les fois pour autant, bien sûr que non. La peinture peut le libérer autant que le mutiler. Est-elle vraiment si importante pour qu'il ne puisse pas arrêter, malgré sa remise en question perpétuelle ?

- Minho ? S'il vous plaît, ne vous déconcentrez pas. Il faut que nous avancions.

- Je suis censé avancer, d'accord. Mais à mon propre rythme, alors laissez-moi être aussi lent que j'en ai besoin, répond agressivement le premier concerné.

Penser à ses peintures peut aussi l'irriter. 

Déjà dit, sa remise en question perpétuelle.

- Minho, dites-moi une chose que vous aimez faire.

- Je n'aime rien faire.

- Vous aimez quelque chose ou quelqu'un, une chose ou une personne qui vous garde en vie. Sinon vous ne seriez pas dans mon cabinet à l'heure actuelle. 

- ...

- Prenez votre temps, Minho.

- La peinture. 

- Pourquoi la peinture ?

- Je crois que...

Le jeune homme s'autorise une petite pause, histoire de réfléchir quelques instants.

Pourquoi aime-t-il la peinture ? Pourquoi est-ce la seule chose qui le maintienne, aujourd'hui encore, en vie ? Pourquoi donc ? 

Peut-être que c'est parce que la peinture est la seule chose qui l'a suivi pendant tous ses moments ; difficiles et malheureux autant que simplets et pourtant radieux. Peut-être que c'est parce que la peinture l'a tellement aidé qu'il lui doit d'être reconnaissant et lui promettre qu'il restera en vie pour continuer à l'animer. Peut-être que c'est parce qu'elle est, quelque part, un, et sûrement son seul, moyen d'expression, la seule manière qu'il a trouvé pour exposer ses peurs, ses émotions et cela de façon franche, aussi franc qu'il ne l'a jamais été. 

Peut-être pour tout ça ?

Et pourtant, elle l'a menacé de nombreuses fois. Elle, si belle est gentille, l'a rendu fou de nombreuses fois. "Je ne vais pas y arriver.", "Je ne peux pas.", "Ce n'est pas fait pour moi.", sans compter toutes les larmes de désarroi et les cris de détresse dont elle a été témoin. Il a cherché de l'aide en elle, et en a trouvé, quelques fois. Les autres jours, elle le détruisait, le rongeait. Qu'est-ce qu'elle est vicieuse, en fait. Est-elle vraiment de son côté ?

Néanmoins, Minho l'aime. Il l'adule, la peinture est, au final, toute sa vie. Comment pourrait-il vivre sans elle ? Comment pourrait-il juste imaginer son existence dépourvu de coups de pinceau ?

- Je sais pas. C'est mon seul moyen de m'exprimer, le seul.

- Vous savez Minho, l'art est une très bonne thérapie. Elle pourrait beaucoup vous aider.

- Si vous le dites.

- Seriez-vous d'accord pour m'en montrer une, un jour ? De vos peinture ?

- Non, répond un peu trop fort et trop vite le noiraud.

- Pourquoi ?

- Parce que.

- Expliquez-moi votre pensée.

- ...

- De quoi avez-vous peur, Minho ?

- Du... regard des autres.