Chapitre 3

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Heureusement que ce n'était que le premier jour de cours car durant tout l'après-midi, je n'étais absolument pas attentive. Sur une autre planète peut-être...mais sûrement pas dans une salle de classe, en plein cours d'histoire sur la Seconde Guerre mondiale. Comment l'être avec un mystère aussi bouleversant qui me pendait au nez ?

Des tonnes de questions fusaient dans ma tête. Mais un problème s'imposait alors : j'avais beaucoup plus de questions que de réponses, ce qui n'arrangeait pas vraiment la situation. Je me trouvais dans une impasse, un tunnel sans issue, et plus je progressais, plus ma peur grandissait, me laissant seule face à mon incompréhension.

Malgré cela, mes pensées divaguèrent et des sensations passagères vinrent alors me chatouiller l'esprit. L'une ressemblait à l'inquiétude d'une élève face à la difficulté du cours, l'autre à l'ennui d'un garçon attendant avec impatience la fin de la journée. De nouvelles arrivantes semblaient s'apparenter à des rires.

Pendant tout l'après-midi, je continuai inconsciemment d'inspecter chacun des élèves de ma classe. Seulement, plus je prenais conscience de ma nouvelle capacité à pouvoir ressentir les émotions des autres, plus mon incompréhension laissait place à ma panique. J'en oubliai alors presque le rendez-vous que j'avais avec mon frère après les cours. Toute la semaine, j'avais attendu avec impatience cette fin de journée mais aujourd'hui, je la redoutais plus que tout. Je savais qu'il allait voir que quelque chose n'allait pas, que ce n'était pas le mal-être habituel que j'avais depuis le décès de nos parents. Je savais que je ne pourrais pas lui mentir.

Mais pouvais-je seulement lui dire la vérité sur ce qu'il s'était passé ? Si je lui racontais allait-il comprendre ma peur face à cette incompréhension ? Est-ce qu'il pouvait seulement comprendre ce qu'il m'arrivait ?

C'était le genre de questions qui s'ajoutaient dans ma tête, en plus de toutes les autres, lorsque la sonnerie sonna la fin des cours et que je commençais à ranger mes affaires dans mon sac. Le genre de questions qui n'avaient toujours pas de réponses et qui t'embêtaient tant que tu ne les avais pas posées.

Je sortis donc du lycée avec un cerveau en ébullition et rejoignis mon frère qui m'attendait déjà sur le parking.

« Salut ma petite Sorella ! m'accueillit alors Antony.

- Salut grand frère ! m'exclamai-je à mon tour, essayant de ne rien laisser paraître à ce qu'il se passait dans ma tête. Alors c'est quoi le programme pour cette fin de journée ?

- Je ne sais pas, je pensais peut-être improviser en fonction de ton humeur, répondit-il sur un ton plutôt sarcastique.

- Toi ! Improviser ? Im-po-ssible ! me moquai-je en prenant le même ton. Plus sérieusement, qu'est-ce que t'as prévu ? Tu prévois toujours tout à l'avance !

- Tu me connais vraiment trop bien ! reconnut mon frère en riant. Alors... il est 16h00, il nous reste exactement deux heures avant le couvre-feu. Je propose donc que comme toutes les terrasses sont fermées à cause du virus, nous allions nous poser dans le parc, pour discuter tranquillement. Ça te va ?

- Simple et efficace ! Ça me va complètement ! répondis-je en le serrant dans mes bras.

- Super ! Alors on y va ? »

J'acquiesçai, heureuse de pouvoir enfin me changer les idées après cette journée, plutôt étrange et extrêmement mouvementée. Le parc se situait à seulement cinq minutes à pied de mon lycée, nous permettant de ne pas trop traîner malgré l'heure limite du couvre-feu.

En arrivant, mon frère n'eut pas de mal à nous trouver une place au calme, comme je les aimais. Il s'installa par terre et je fis de même. Nous restâmes dans le silence, face à face : moi, toujours dans mes pensées tentant de lutter contre toutes les vagues de sentiments qui m'entouraient; lui, m'observant sous tous les angles. Je soupçonnais qu'il sache déjà que quelque chose clochait chez moi, mais qu'il fasse passer le temps pour ne pas trop me brusquer. Mon hypothèse ne tarda d'ailleurs pas à se valider puisque quelques instants plus tard il me demanda :

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