Chapitre 20

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En ouvrant la porte, je m'apprêtai à m'écrouler sur mon lit mais je n'eus le temps de le faire que l'on m'attrapa violemment par derrière. Je m'apprêtai à crier mais une main vint me couvrir la bouche, insonorisant tout bruit sortant de celle-ci.

La panique refit surface en moi mais mon corps ne put réagir à aucun de mes commandements. J'étais piégée...

Une seule solution réussit à traverser la tornade de pensées qui dévastait tout dans mon esprit : ils m'avaient retrouvée. Je n'avais pas la moindre idée du comment, du pourquoi mais ils avaient réussi et c'était bien la seule chose qui m'importait pour le moment.

Je devais leur échapper, une nouvelle fois... Seulement, je ne savais pas si j'avais encore assez d'énergie pour le faire. Je tentai d'hurler de toute mes forces, pensant alerter la première personne qui m'entendrait mais aucun son ne sortit de ma bouche. J'étais désespérée... De plus, je ne pouvais plus bouger, non seulement à cause de la forte prise que mon ravisseur exerçait sur moi mais également parce que j'étais aussi molle qu'un chamallow. Mes muscles ne me permettaient plus de tenir debout et mes os me semblaient inexistants.

Alors que mon corps s'apprêtait à me lâcher définitivement et mes yeux se fermer afin de sombrer dans un sommeil d'une durée indéterminée, mon ravisseur me lâcha d'un seul coup mais comme je ne pouvais tenir sur mes jambes, je m'écroulai lourdement, ma tête heurtant violemment le sol sous la seule force de la gravité.

Le monde me parut alors s'éloigner peu à peu. Je n'entendais rien mis à part un léger bourdonnement constant me rappelant les acouphènes que je pouvais avoir de temps à autre. Je ne sentais plus rien, mon corps semblant flotter dans le vide. La dernière chose que je vis avant de sombrer dans le noir total, fut Djumbo, ses crocs plaqués sur le mollet de l'étranger.

Je ne l'avais jamais vu autant en rage de toute ma vie mais je ne pus méditer plus longtemps sur le sujet que ma conscience s'envola dans les vastes étendues de mon esprit.

Si un grand philosophe avait un jour dit « je pense donc je suis », je pourrais alors affirmer qu'à ce moment précis de ma vie, je ne pensais pas et pourtant j'étais. C'était une sensation très étrange : je n'entendais, ne voyais, ne sentais plus rien, mes pensées étaient parties accompagnant ma conscience dans de lointains rivages, mais pourtant je savais que je vivais toujours.

J'étais peut-être dans une sorte de transe, un état second mais je savais que je n'étais pas morte. Cependant, cette inexplicable sensation demeura à peine quelques secondes avant que je ne bascule réellement dans les abîmes de mon inconscient.

Mon corps et mon esprit étaient alors totalement séparés, se trouvant d'un côté et de l'autre de l'univers, et moi, quelque part, perdue entre les deux.

Lorsque qu'ils se rassemblèrent à nouveau et que je revins progressivement à moi, je ne savais combien de temps venait de s'écouler. Il se comptait peut-être juste en minutes ou en heures, mais il se pouvait aussi que ce ne soit beaucoup plus et que plusieurs jours, semaines, voire mois venaient de passer sans que je ne m'en rende compte. Pour moi, tout ceci n'avait été qu'un claquement de doigt.

Mes sens me revinrent alors petit à petit et je pus sentir l'humidité fraîche dun matin ensoleillé. Cette odeur, reconnaissable entre toutes, annonçant le début d'une belle journée. Après quelques minutes, mon ouïe me fut rendue et je pus entendre la conversation qu'entreprenait plusieurs personnes non loin de moi. En écoutant plus attentivement, je pus distinguer trois voix différentes : deux hommes et une femme.

« A mon avis, ça doit être cela, déclara la voix grave du premier homme.

- En es-tu sûr ? l'interrogea le second.

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