Chapitre 8

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« Comment as-tu fait ? »

Je le regardai, terrifiée, mon regard d'incompréhension posé sur lui.

« Comment as-tu fait ! cria-t-il, me serrant plus fermement le poignet.

- Je...je..., bégayai-je. »

Tremblante, les yeux baissés, je reculai doucement vers la fenêtre de ma chambre. Seulement, à chacun de mes pas en arrière, il avançait d'un pas en avant.
Il me regardait, je le savais mais je ne voulais croiser son regard, craintive de ce que je pourrais y trouver. J'étais vraiment effrayée par cet inconnu qui était apparu dans ma chambre comme par magie.

Je me stoppai, alors que nous étions plongés dans un silence de mort et osai jeter un coup d'oeil dans sa direction. Il ne m'observait plus mais un sourire sarcastique apparut sur son visage lorsque je posai mon regard sur lui.

« Bon, je n'ai pas tout mon temps et je ne vais pas me répéter, donc est-ce que tu pourrais s'il-te-plaît me dire comment as-tu fait ce que tu as fait ! déclara l'inconnu crescendo. »

Je ne répondis pas à sa remarque, analysant attentivement la situation. Une idée, complètement absurde, venait de germer dans mon esprit afin d'échapper à ce mystérieux psychopathe. Seulement, si je voulais que cette folie prenne vie et réussisse, il fallait agir au bon moment car je n'aurais qu'une chance. Une seule, pas deux, et encore moins trois... Je me remémorai le plan dans ma tête, tout en regardant mes pieds. Si je relevais ma tête, ne serait-ce qu'une seconde, je ne savais pas ce que qu'il pourrait entrevoir.

Sans aucune réponse à sa question, il souffla et murmura quelque chose d'inaudible, même pour moi qui me tenais à seulement quelques mètres de lui. Le regard figé au sol, je vis ces pieds se déplacer de gauche à droite, sans pour autant me tourner le dos. J'attendais, je savais que le moment propice allait arriver mais combien de temps devrais-je encore attendre en regardant mes pieds ? Une seconde, deux, cinq, dix, trente ? Mais ce fut seulement au bout de plusieurs minutes qu'il daigna bouger.

A ce moment précis, ces pieds étaient positionnés comme les miens : talons dirigés dans ma direction, orteils vers la porte... Cela ne signifiait qu'une seule chose, il se tenait dos à moi et ne me regardait donc plus.

Je ne mis pas plus de temps à attendre pour mettre mon plan à exécution. C'était une pure folie, je le savais, mais c'était ma seule issue !
Je me tournai donc vers la fenêtre et l'ouvris brusquement. Le souffle du vent, le vrai, vint me caresser le visage. Seulement, je ne pus apprécier plus de temps cette sensation car je le savais, l'inconnu venait de se retourner vers moi. Sans plus attendre, je sautai. Quatre mètres me séparaient du sol mais dans mon vol, cette distance me paraissait infinie.

En quelques secondes, un sentiment de liberté emplit tout mon corps. Je n'avais jamais ressenti cela auparavant, il avait fallu que je sois dans une situation critique pour enfin pouvoir me sentir libre. Même si cela ne fût que pour quelques secondes...

A l'instant même où je commençais à oublier tout ce qu'il se trouvait autour de moi - l'orphelinat, les hauts bâtiments de Lyon, l'étranger se trouvant encore dans ma chambre à seulement quelques mètres de moi - je m'écrasai sur le sol me rappelant que la gravité existait sur Terre.

Tentant d'amortir le choc, je roulai à terre. Seulement cela ne suffit pas car dans un semblant d'atterrissage, un énorme craquement retentit au niveau de ma jambe droite.
Lorsque je voulus me relever, une douleur intense se propagea dans tout mon corps. C'était comme si un serpent de feu se faufilait le long de ma jambe droite et continuait son chemin dans tout mon corps pour au final revenir à son point de départ. La douleur n'en finissait pas mais je me devais de partir d'ici, sinon le psychopathe, comme j'aime l'appeler, me rattraperait et tout cela n'aura servi à rien.

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