Chapitre 28 - Partie I

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[Recap : Après avoir lu la lettre que son père a écrit à Alaric, Cassie n'a cessé de se poser des questions et sous le poids de toutes ces interrogations, a décidé d'en lever une d'entre elles. Elle est donc partie dans la clairière mais n'a rien découvert et a fini par s'endormir, recevant dans ses rêves la visite de son frère disparu.
Sur le chemin du retour le lendemain, après la panique générale de Keïla et Alaric, Cassie a ressentit une vive douleur dans la poitrine sans en connaître la cause : une question de plus sur son tableau de bord...]

L'après-midi se passa calmement, sans que personne ne me dérange. Seulement, combien de temps cela durerait-il encore ? Grâce à la préparation du réveillon de Noël, ils avaient certainement oublié l'épisode de ce matin mais rien ne me garantissait qu'il avait complètement été effacé de leurs esprits. Notamment celui de Max...

Je ne le connaissais que depuis peu mais s'il y avait bien une chose que j'avais directement cerné chez lui, c'était que lorsqu'il voulait quelque chose, il risquait tout pour qu'elle s'accomplisse. Sur ce point au moins, je n'allais pas le contredire...

Toujours plonger dans mes réflexions, je commençai à couper un oignon et entendis alors Keïla me réprimander :

« Fait attention ! Je ne veux pas d'un doigt en moins ! Ta tête me suffit déjà !

- Comment ça ?

- Cassie, je ne suis pas aveugle. Tu crois vraiment que je n'ai pas remarqué que tu avais l'esprit ailleurs depuis ce matin. »

Et voilà, le moment tant attendu était arrivé ! Il n'en avait pas fallu beaucoup au final pour casser mes espoirs de tranquillité...

« Tu es sûre que ça va ? me questionna-t-elle alors pour la énième fois de la journée.

- Oui, c'est juste que...

- Que quoi Cassie ? Je te le dis sûrement trop souvent mais tu peux me faire confiance.

- Je sais et n'en doute pas parce que tu es comme une seconde mère pour moi mais... C'est Antony. »

Silencieusement, je la vis acquiescer, me laissant continuer alors que je commençai à m'ouvrir à elle.

« Tu sais que cette période est très spéciale pour nous deux. On traversait tout ensemble donc ne pas l'avoir à mes côtés en ce moment,... c'est dur. C'est comme si je ne pouvais pas vraiment être moi-même. Comme si j'étais ici mais qu'une partie manquait toujours à l'appel... »

Suite à cette confession, je l'observai sourire tristement. Elle savait ce que mon frère représentait pour moi et je la remerciais silencieusement de ne rien dire. Me confier de cette manière n'était vraiment pas dans mes habitudes mais je crois que j'en avais bien besoin.

Pour certains, leur raison de vivre était la passion d'un art qui les animait lorsqu'ils l'exerçaient. Pour d'autres, c'était simplement l'idée de chaque jour aller plus loin pour accomplir leurs rêves. Pour moi, c'était mon frère. Antony était comme un deuxième souffle, un soutien quotidien, une lumière qui me guidait partout où j'allais... Alors sans lui, je me sentais simplement vide, sans aucune motivation. Tous mes rêves semblaient s'être envolés mais encore devrais-je savoir quels étaient-ils lorsqu'il était encore là ? Une question qui n'avait désormais plus d'intérêt maintenant que j'étais seule...

Revenant alors à la réalité, je surpris quelques larmes couler le long de mes joues mais remis la faute sur les oignons que j'étais machinalement en train de découper. Cette préparation du repas de Noël aura au moins servi à masquer les traces de mes pensées dévastatrices, même si au fond de moi, je savais pertinemment que les personnes de cette maison ne risquaient pas de croire à ce cinéma.

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