Chapitre 1

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Rami fixait l'infirmière en face de lui. Il ne l'écoutait pas, mais semblait l'écouter, et c'est tout ce qu'il fallu à l'infirmière pour être satisfaite. Etait-elle même qualifiée pour ce métier? Peu importe. Rami se persuadait que dans moins d'une semaine, il ne la verrait pas. Certes, il devait resté dans cet hôpital pendant au moins un mois selon les médecins, mais qui croyait les médecins, sérieusement?

— Tu me suis? J'vais te montrer avec qui tu vas dormir pendant ton hospitalisation.

Rami opina alors qu'il se levait et la suivit à travers les dégoutants murs épurés de l'hôpital. Ils l'écoeuraient pour deux raisons : ils étaient ennuyants et trop parfaits. Ce genre de mur ne pourrait jamais l'occuper.

Ils passèrent les multiples couloirs dédiés à la réanimation avant d'arriver devant la partie de l'hôpital que Rami haïssait le plus : la psychiatrie. Selon lui, trop de fous squattaient là pour qu'il ait sa place ici.

— Donc, voilà ta chambre, tu la partageras avec Habib, j'espère que vous vous entendrez bien. sourit l'infirmière.

Habib ressemblait à un gros con attardé retardé qui oscillait entre fuir par la fenêtre ou par la porte. Vraiment stupide, donc. Rami refusait de s'approcher d'un corps aussi gras et sale. Son dégoût se traduisait par une déformation de son visage que tous remarquaient.

— ...

— Hm... ça va Rami? demanda l'infirmière qui se baissa légèrement pour être à sa hauteur.

— Je vais le tuer! hurla ledit Habib.

— Ma place est vraiment pas à côté de lui, désolé.

Rami sortit de la pièce et l'infirmière le poursuivit.

— Écoute, on a de la place nul part ailleurs, puis... il est pas si terrible...

— Même vous, vous êtes pas sûre de ce que vous avancez.

— Il te tuera pas, c'est une expression.

Rami soupira et retourna dans la chambre, sans l'infirmière cette fois-ci puisqu'elle fut appelé par un médecin pour gérer une crise dans la cuisine.

Rami balança son petit sac-à-dos sur le premier lit qu'il trouva dans la pièce qui n'était pas fade! Du moins, en parti. Les murs étaient bleus, ce qui ressassait une profonde aversion pour le bleu à Rami. Il détestait le bleu depuis une fameuse scène avec son petit frère...

— Pourquoi le ciel est bleu? demanda son frère.

— Pff, t'sais pas ça? Bah c'est parce-que...

La mère entra dans la pièce et regarda l'ainé de haut, s'attendant à une réponse. Ce-dernier commençait à suer, un peu, ou beaucoup.

— Je sais pas... avoua enfin Rami.

— Ah mais tu sais pas ça? T'es vraiment nul. lancèrent le fils et la mère presque en choeur.

Depuis cet incident, il détestait le bleu plus que Habib, ou la stupidité en général. Il observa le mur longuement, serrant les poings à la pensée de cet horrible souvenir. D'ailleurs, il n'y avait pas que ça...

— C'est mon lit. interrompit Habib.

— Quoi?

— C'est mon lit sur lequel tu viens de balancer ton sac, fils de pute.

Habib s'approcha de Rami et le souleva par les cheveux avant de le plaquer contre le mur. Il lui enfonça son poing dans le ventre. Rami cracha sa salive sur Habib. Il hurlait de douleur. Habib le balança au sol. Il lui frappa les côtes, les jambes, les bras, la tête... Puis, plus rien.

*

Rami se réveilla deux heures plus tard, à treize heures, lorsque l'infirmière le tira hors du lit. Selon son badge, qu'il prit la peine d'observer pour la première fois, elle s'appelait Sabrina, comme la précédente souris cuistot de Rami.

— Va dans la salle à manger, faut bouffer maintenant.

Et il s'exécuta, parce-que il ne désobéissait jamais et parce-que les figures d'autorité l'effrayaient.

Cette salle était enfin coloré! et de la bonne couleur! Il n'en revenait pas. Un magnifique violet ornait les murs de la salle. Cette-dernière s'accompagnait de ravissantes chaises marines. Quel spectacle.

Son plateau en main et ne sachant où s'installer, il prit place au côté d'une fille aux longs cheveux bruns. Peut-être qu'il allait rencontrer l'amour dans cet hôpital.

— Salut! Je m'appelle Rami et toi?

— Heu... Enfin... Eh... Oh non...

— Excuse-moi, j'ai pas entendu, t'as dit quoi?

La fille se leva, prit son plateau et s'enfuit à une autre table. Pas d'amour pour Rami, apparemment. A moins que...

Une fille, qui observait la scène depuis le début, se moquait de Rami.

— Pourquoi elle a fuit? demanda Rami.

— Sûrement parce-que t'es moche. Et aussi peut-être parce-que elle souffre d'anxiété, mais ça c'est une théorie.

— Ok, merci sale pute.

— Moi c'est Chadia. sourit ladite Chadia.

Rami devait l'avouer, elle le charmait, un peu. De très beaux yeux bleus, vraiment très jolis yeux, si beaux qu'il pourrait s'y perdre. Ah, il n'écoutait déjà plus.

— Et donc c'est pour ça que je te recommande pas d'aller le voir. En plus, il est con.

— Aller voir qui?

— Habib, là-bas.

Chadia pointa le connard du doigt. Il avait vraiment un gros cul. Rami déglutit.

— Je dors dans la même pièce que lui, ça va être compliqué de l'éviter.

— Tu sais, on dit qu'il est là parce-que c'est un psychopathe, et apparemment... chuchota-t-elle. Il a failli tuer son dernier compagnon de chambre.

— Quoi?!! hurla Rami.

Toute la salle se tourna vers lui. Belle entrée. Au moins, maintenant, il se démarquait.

*

Alors qu'il faisait la queue à médicaments, il entendit des mots d'amour dégoulinants de niaiseries BDSM. Il se retourna et vit son plus grand dégoût : Habib, qui le répugnait encore plus.

— Quoi? lança Habib.

— Je... Enfin...

— T'es homophobe c'est ça? demanda le gars à côté du gros con.

— Non. C'est vraiment pas ça le problème.

— Parce-que y'a un problème?

— Enfin... C'est quand même bizarre de dire à quelqu'un « Je rêve de te voir hurler de douleur pendant que je te coupe les veines mon chéri. »

— Non...?

— Si, vraiment.

Alors que Habib commençait à l'insulter, son tour arriva enfin. Sauvé par le médicament, il l'avala en vitesse et s'enfuit dans sa chambre, espérant qu'Habib soit trop occupé à couper les veines de son copain.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 08, 2021 ⏰

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Stupidité Résonne Avec CruautéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant