16 - Jared

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« Pardon de n'avoir pas mieux veillé sur toi, pour que tu n'aies jamais froid, jamais peur, que tu ne sois jamais malade. Pardon de n'avoir pas su trouver les mots pour exprimer ce que je ressentais. Pardon d'avoir tant tardé à réparer la porte, c'est fait aujourd'hui. Pardon pour les fois où nous nous sommes disputés, pardon de n'avoir pas su m'excuser ; c'était par orgueil, et pour tous les compliments que je ne t'ai jamais fait, sur tes coiffures et les vêtements que tu choisissais et par dessus tout, pardon de ne pas t'avoir serré si fort que dieu n'aurait pu t'emporter. »

– Gerald di Pego.

J'entends sans arrêt que je suis encore jeune.

J'ai la vie devant moi, parait-il.

J'ai perdu mon grand amour et on m'a dit que c'était tragique, mais que le temps effacerait les blessures.

J'ai perdu mon frère jumeaux et on m'a dit que c'était injuste, mais que le temps effacerait les blessures.

Selon eux, j'aurais la vie entière pour m'en remettre.

Cependant, je suis bien placé pour savoir que ce n'est pas la jeunesse qui promet la longévité. La vie c'est un fil, et mauvaise nouvelle, le fil peut se casser à n'importe quel moment.

Ce n'est pas parce que je suis jeune que ça rend la perte plus acceptable, bordel.

Oui, j'ai la vie entière devant moi, encore ne faut-il pas la foutre en l'air.

Honnêtement, j'ai dû tellement de fois tout reconstruire, me relever encore et encore, que je redoute le coup de trop. Je me connais assez bien pour savoir, qu'un jour, une nouvelle perte, une tragédie de plus m'achèvera.

Ma jeunesse ne me préservera pas à nouveau quand le fil se brisera.

Le poing s'écrasa sur mon visage et je reculai, malgré moi, suite à la violence de l'impact. Le son familier du bourdonnement lorsque je me prenais un coup empli mes oreille alors que je relevai la tête pour voir mon adversaire s'approcher.

– Espèce de connard, cracha Joe en se jetant derechef sur moi alors que j'esquivais sa deuxième attaque.

Zola cria mais j'étais trop sonné et concentré sur Joe pour comprendre le sens de ses mots.

Nous étions dans la salle d'entraînement quand son ami avait débarqué dans la maison, les yeux brûlant de colère, à sa recherche. A peine avais-je pénétré dans le couloir qu'il s'était jeté sur moi, hystérique.

– Je vais te défoncer, cria-t-il en me donnant un mauvais coup dans les côtes.

– Comme la dernière fois ? le provoquai-je, sardonique en exécutant un crochet.

Alors que nous continuions à nous battre à coup de poing, je sentis soudain qu'on m'écartait de lui.

– Calme-toi, Jared, exigea fermement Clyde en me ceinturant pour m'immobiliser.

Steven et Simon avaient, quant à eux, attrapé Joe qui se débattait en m'insultant.

– J'y crois pas, hurla Joe en essayant de se libérer, Tu n'es qu'une ordure. Ed, comment as-tu pu le laisser faire ça ? demanda-t-il à mon ami qui se tenait dans l'embrasure de la porte du salon, perdu.

Ed ouvrit la bouche pour répondre avant d'être interrompu par des pleurs. Tout le monde se figea alors que Clyde laissait échapper un sourire, agacé.

– Eleanor va vous tuer, s'exclama-t-il pendant que les cris de Thomas s'intensifiaient.

– J'y vais, déclara H, resté en rentrait, Les bébés m'adorent.

InvisibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant