12 - Jared

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« L'obscurité est un lieu, la lumière est une route. »

- Dylan Thomas.


A partir de quel moment peut-on décréter que quelque chose est impossible ?

Où se situe la limite entre l'improbable et l'irréalisme ?

Mettons les choses au clair : si il ne reste même qu'un seul petit espoir, une unique lueur dans l'obscurité sans fin, alors oui, c'est toujours possible.

En vrai, peu de chose sont impossibles. La plupart d'entre elles ne le sont que parce que vous décréter que c'est ainsi.

Les barrières que vous vous mettez dicteront votre vie.

Mais si vous voulez vraiment quelque chose, au plus profond de vous-même. Si c'est ce à quoi vous vous destinez, alors ce n'est pas impossible.

Je ne dis pas que ce sera facile ; soyons honnête, ce sera horrible. Vous penserez un milliard de fois que vous n'y arriverez jamais, vous tomberez, encore et encore, vous souffrirez, vous vous casserez des os, vous y laisserez des larmes, de la sueur et de la souffrance. Votre coeur devra encaisser les coups jusqu'à ne plus réussir à battre.

Mais ça en vaudra la peine, et ce, même si vous n'y arrivez peut-être pas, même si ce n'était qu'un essai.

Parce que, dîtes vous bien une chose, vous êtes vivant.

C'est là votre chance et votre bien le plus précieux.

Vous respirez encore, c'est déjà beaucoup, et tant que c'est le cas, rien n'est impossible.

– Fou en H5. Echec, déclarai-je en fixant les pièces qui se dessinaient sous mes yeux.

Zola, allongée sur mon lit, fronça les sourcils à mon annonce.

– J'ai l'impression que ce qu'on fait ne nous avance à rien, souffla-t-elle en soupirant.

Je jetai un coup d'oeil à l'échiquier posé en équilibre sur les draps. Voilà une heure que nous jouions en discutant des potentielles raisons pour lesquelles la famille de Zola souhaitait tant la retrouver.

– Parle pour toi, moi ,au moins, je vais gagner la partie.

– Tu sais pertinemment que je ne parlais pas des échecs, Jared. Ça fait presque une semaine que je suis chez vous et qu'on essaie d'imaginer les attentes de ma famille, et on a pas avancé du tout. Rien. Si ça continue, si je trouve pas de solution pour qu'il cesse de me chercher, je devrais partir, souligna-t-elle, la voix cassée avant d'ajouter, D'ailleurs, tu ne vas pas du tout gagner cette partie. Roi en D8.

Je déplaçais la pièce pour elle afin de pouvoir observer le jeu. Elle, par contre, n'utilisait que sa mémoire pour visualiser l'échiquier, ce qui m'avait grandement impressionné au début.

– Effectivement c'est difficile de trouver une solution pour qu'il cesse de te chercher si on ne sait même pas pourquoi ils te cherchent, approuvai-je en faisant glisser l'un des pions entre mes doigts, Pion en B6.

– Oui, et c'est compliqué de trouver ce " pourquoi" vu qu'on ignore ce que l'on cherche. Ça pourrait être n'importe quoi. On avance à l'aveuglette, là.

Sa voix reflétait la tristesse qui se lisait sur son visage, à cet instant, et mon coeur se serra en l'entendant.

– Zola, je t'assure qu'on trouvera, soufflai-je en posant ma main sur la sienne.

A force de passer du temps ensemble, ces derniers jours, nous nous étions beaucoup rapprochés. J'avais découvert, chez elle, un petit ton sarcastique qui contrastait avec la gentillesse permanente de ses propos, et je m'étais découvert une passion pour le fait de la taquiner jusqu'à ce qu'elle sorte des ses gonds. Elle me faisait mourir de rire.

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