4 - Jared

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« La vie n'est qu'une longue perte de tout ce qu'on aime».

– Victor Hugo.


Je suis terrifié à l'idée de perdre les gens que j'aime.

J'ai peur car que j'ai déjà trop perdu, j'ai peur de ne pas en supporter davantage.

Bien honnêtement, je ne suis pas sûr de pouvoir survivre, une nouvelle fois, à ce qui se prépare, pas si quelqu'un d'autre doit encore disparaître.

Alors, je ferais en sorte que tout soit différent, aujourd'hui. J'essaierai d'être irréprochable.

Personne ne pourra m'avoir à ce jeux-là, pas deux-fois.

Je deviendrais le pire des hommes si cela peut la sauver.

Oui, sans une hésitation, je me sacrifierais pour elle, pour eux.

Ils le méritent plus que moi.

Moi, c'est déjà trop tard.

Je passais la porte du Jaiz' Club, l'un des bars les plus mal famés de New-York alors que le barman me faisait un signe de tête. Ici, venait graviter tout ce que la ville comptait de pire : délinquants, gangs et malfrats en tout genre. 

Contrairement à Clyde, j'avais toujours adoré cet endroit, principalement pour l'ambiance qui s'y dégageait. Il y avait, dans ces lieux, une aura profondément malsaine qui avait l'étrange don de m'attirer.

– Comme d'habitude ? m'interrogea Milo alors que j'acquiesçais et qu'il me servait un verre de whisky.

– Merci, mec.

– Mauvaise nuit ? Tu viens pour te détendre ? m'interrogea-t-il, ensuite, en jetant un regard sur le bar qui était quasiment vide en ce jeudi matin, 7h00 à peine, où encore quelques clients de la nuit cuvaient sur les banquettes.

– Non, pas maintenant. Aujourd'hui, je suis là pour affaire.

Il dû remarquer quelque chose dans mes yeux qui l'empêcha de poser d'autres questions et s'éloigna pour aller servir un client.

Posant mon regard sur l'horloge, je remarquai que j'avais dix minutes d'avance et qu'il faudrait encore attendre un peu, malgré le mal de crâne qui m'avait assailli précédemment. Les dernières heure ne cessaient de me revenir en tête, me martelant douloureusement.

Après l'appel paniqué de Ed, j'avais couru jusqu'à la maison pour le trouver effondré dans la cuisine, entouré de plusieurs des gars.

– On sait qui a fait ça ? avais-je interrogé H, notre hacker de génie.

– Oui, comme je ne trouvais rien. J'ai réussi à contacter Richard Wilkins.

J'avais hoché la tête, satisfait de cette décision. Richard était le chef des Red Storms - l'un des deux gangs les plus influents de New-York en concurrence avec les Black's Angels, leur ennemis juré. Pour notre part, nous - les Sinners- étions davantage un gang indépendant, mais nous avions énormément travaillé avec Richard ces dernière années. Hors, cet homme connaissait père et mère, et avait plus de contacts que n'importe qui dans le pays. Si quelqu'un pouvait bien savoir quelque chose, il s'agissait forcément de lui.

– Qu'est-ce qu'il a dit ?

– Il a contacté un de ses vieux amis à Los Angeles. Ce dernier a fait tourner son réseau de contact et certaines rumeurs ont couru.

H s'était arrêté, quelques instants, pour me fixer, inquiet. 

– Jared, ça ne va pas te plaire. Pas du tout.

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