Contes et Légendes d'un autre monde

Le Marché Ambulant

      14 heure, la place du marché grouillait de monde. Les négociations, discussions et propositions remplissaient l'air. Des étales et tentes étaient installés partout et prenaient tout l'espace, laissant à peine quelques allées de libre aux passants et futurs acheteurs, pour admirer les produits de toute sorte venant de toute part. Le Marché Ambulant était arrivé ce matin mais les affaires battaient déjà leur plein, de quoi regorger les bourses des vendeurs nomades. Ce Marché était renommé dans tous les recoins du monde pour la diversité et la qualité de ses produits. Vous ne croiseriez pas un mortel qui n'en aurait jamais entendu parler. Il était si fameux que les riches même se disputaient leurs produits.

      Comme son nom l'indique, ce Marché n'est pas fixé. Au contraire, il va de villages en villages, villes en villes, capitales en capitales. Il s'installe, reste une ou deux semaines en fonction des affaires puis change de destination. Cela va sans dire qu'un tel rassemblement de produits précieux attire les brigands de métiers et d'âmes qui s'en prennent inlassablement aux vendeurs. C'est pourquoi chaque marchand est également guerrier, archer, mage de substituions. Autant vous dire que ce ne sont pas des cibles faciles et qu'ils ne se laissent pas faire. D'ailleurs peu de bandits ont réussi à ce jour à les piller, de vrais brutes ces négociateurs.

      Cette semaine, le Marché Ambulant s'était installé à Essnour, la plus grande ville de Sumat. Dans le quartier Est de l'immense place se trouvait les étals de métaux, d'armement et de pierres.

       Sous une toile acier, sur des planches de bois recouverts d'une nappe cendre, étaient exposées divers armes. Quel que soit sa classe, on pouvait trouver les armes qui nous convenaient. A l'extrémité gauche de l'étale, des dagues reposaient : des fines et légères pour les lancers, d'autres solides et aiguisées pour percer les armures et chairs ou encore des dagues aux lames défiant la physique pour impressionner ou effrayer. Suivaient alors les épées, armes de prédilection des guerriers et chevaliers. Il y en avait à une ou deux mains, allant de l'extrêmement fin et pointu à l'énorme et imposant, leurs pommeaux tous plus ornés les uns que les autres, mais avec goût. Les sabres sobres mais efficaces contrastaient avec les manches d'or, d'argent et de pierres précieuses de leurs voisins les cimeterres et yatagan. À l'extrémité droite étaient exposés les haches et marteaux forgés par les meilleurs artisans nains. On pouvait voir également des lances, des harpons, des javelots, des arcs, posés contre les piliers tenant la toile. Dans des caisses, derrière l'étale, étaient amassées des masses et autres armes de ce genre contre lesquels vous ne voudriez pas vous retrouvez. Au fond, se trouvait une tente assez grande, aussi grise que la toile servant de plafond, encadrée par des bacs d'armes. Une gnome à la peau tannée, au cheveux cuivre attachés en deux chignons et à la carrure plutôt mince, farfouillait dans sa caisse après avoir vendu une belle hache de guerre à un nain tape-à-l'œil.

      La femme fut tirée de ses pensées par les raclements de gorge d'un client. Elle releva la tête brusquement, surprise, et découvrit un homme encapuchonné, devant son étale. Elle fronça un instant les sourcils avant d'afficher un sourire bienveillant et un visage chaleureux. Elle assailli le client de questions, d'une voix énergique :

- "Bien le bonjour monsieur ! Vous êtes intéressé par un de mes sublimissimes bijoux ? À moins que vous ne vouliez des conseils ? Vous recherchez peut-être une arme particulière ? J'ai de tout ici alors n'hésitez pas à me la décrire, que je vous trouve la meilleure !"

- "Je ne cherche pas une "arme" à proprement parler, plutôt un outil." Répondit l'homme d'une voix douce, amusé.

- "Un outil ? Mais encore ?" Demanda la gnome en arquant un sourcil, tout de suite intéressée.

- "Quelque chose d'explosif. Vous devriez en avoir dans votre stock puisque vous avez de tout." Répondit l'inconnu, sa capuche ne dissimulant pas son sourire en coin.