Le prisonnier justicier

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       Mon corps me faisait mal et je sentais un liquide poisseux longer ses formes. Ma tête me tournait comme si je m'éveillai d'un cauchemar. Je repris peu à peu mes esprits et sentit de la pierre dure sous moi et contre mon dos.

       Mes bras semblaient attachés au-dessus de ma tête et mes pieds étaient également liés. J'ouvrais peu à peu les yeux. Du noir. Il n'y avait que du noir partout autour de moi.

      Mes yeux clignèrent et s'habituèrent peu à peu à l'obscurité. Je distinguais les murs d'une sorte de cellule de pierre. Loin au-dessus de ma tête j'aperçus une petite fenêtre barrée par des tiges de fers. En face de moi se trouvait une porte métallique.

      J'observais alors mon corps. Il était parsemé d'entailles plus ou moins profondes et d'hématomes violet-noir. Mon sang coulait à flot sur la pierre glaciale. Ces plaies me faisaient atrocement mal.

      Puis je distinguai les odeurs m'entourant. La cellule était humide et sale. Elle sentait la pourriture. De la mousse poussait dans les trous entre les pierres. Des rats et autres insectes couraient sur le sol.

      Enfin mon ouïe revint et me permis d'entendre les sons m'entourant. Le clapotis de l'eau coulant de la fenêtre résonnait comme dans une caverne. Une tempête sévissait dehors. Au moins j'étais au sec dans cette cellule...Je distinguai ensuite des bruits de voix et des rires gras venant de l'autre côté de la porte. Sans doute mes gardiens.

      Je me souvins alors de la raison de ma présence dans cette cellule macabre. Je traversais les quartiers peu fameux de la capitale des humains pour trouver ma cible. C'était un assassin vicieux et sournois ayant tué le prince héritier il y a plusieurs mois. Tous les soldats s'étaient mis à sa poursuite mais il leur avait filé entre les doigts. Il était très intelligent et astucieux. Le roi, dépité, envoya ses héros mais ils échouèrent tous. Alors, désespéré, il fit appel à des mercenaires et des tueurs à gages.

      Pour ma part j'étais un vagabond, un aventurier aidant qui voulait, prenant toutes les quêtes de tout le monde, petite ou grande, je ne faisais pas la différence tant que ça occupait ma vie ennuyante. Nombreux étaient ceux me traitant de héros. J'avais répondu à l'appel comme plein d'autres et étais parti à la recherche du meurtrier, ayant un grand respect pour le roi. J'avais réussi à remonter ses traces, à trouver une piste jusqu'à lui. Il se terrait dans les bas-fonds sous une apparence tout autre, sous un nom différent.

      La perte de son fils bien heureux rongeait le roi, le rendant malade de désespoir. Son conseiller avait alors pris le royaume en main pour laisser le temps au roi "de faire son deuil". Malheureusement c'était lui qui avait payé cet assassin, mais je l'appris trop tard...

      Dans une ruelle sombre un groupe d'humains se jetèrent sur moi en sautant des toits tandis que d'autre me bloquaient la sortie. Je tirai mon épée de son fourreau et les combattit, leur envoyant de temps en temps des dagues dans le cœur. J'en avait abattu une bonne dizaine lorsque l'un d'eux me poignarda dans le dos et tous profitèrent de cet instant pour m'attaquer. Un homme me mit un tissu sur la bouche imbibé d'un produit dont l'inhalation endormait la victime aussitôt. Je m'évanouis contre les pavés. Ma vision devenait floue et mes sens s'endormaient lorsque je reconnu la voix du conseiller.

      Comment aurais-je pu l'oublier ? Cette voix mesquine et cruelle qui m'avait enfermée par magie dans une cage de ver incassable alors que ma famille se faisait massacrer sous mes yeux tandis que je ne pouvais rien faire. Cette voix m'expliqua alors tout son plan machiavélique pour prendre le trône en me tenant éveillé en enfonçant des poignards dans mon corps. Morphée m'emporta enfin avec lui dans son monde, loin de cette créature et de ses sbires alors, qu'ils me transportaient dans cette prison macabre et m'y laissait pourrir tandis que le roi, que j'admirais, se mourrait.

      Je revins à la réalité à cause du bruit de la porte de fer s'ouvrant violemment et cognant contre la pierre. Deux soldats entrèrent des fouets à la main un sourire sadique au visage. L'un d'eux déclara cruellement : « Notre chef nous a autorisé à te torturer tant qu'on te garde en vie. Prépare-toi à souffrir l'enfer car c'est notre spécialité. » Ils abattirent leurs fouets sur mon corps meurtris. Mes blessures se réouvrèrent de plus belle et de nouveau hématomes s'ajoutèrent à la liste. Je me mordis les lèvres pour ne pas crier de douleur et défiai ces deux mécréants du regard.

      Soudain l'un d'eux s'écroula au sol une dague dans le dos. Le second se faisait égorger. Une femme encapuchonnée, sans doute un assassin, apparut et retira mes chaînes. Je la dévisageais sans comprendre mais elle resta silencieuse. Je me relevai et elle me tendit mon épée et mes dagues. Elle déclara enfin : « Ma maîtresse, ta sauveuse, veut te voir. Je vais t'y mener. Suis-moi. » Elle sortit de la cellule et je lui obéis sur mes gardes. Tous les soldats étaient morts sur le sol rouge sang.

      Après avoir traversé les couloirs déserts de laprison, nous arrivâmes dans un quartier que je reconnus aussitôt : celui de lacapitale des humains à côté du château. La nuit était sombre et on nedistinguait presque rien devant soi. L'assassine me mena devant un immensehôtel particulier somptueux et me fit entrer. Elle monta aux étages et ouvrit uneporte ornée d'or et de pierres précieuses. Le battant s'ouvrit sur un vastesalon. Sur un divan était affalée une elfe aussi sublime que ses vêtements.L'assassine s'inclina puis se retira me laissant seul face à cette dame connuedans tous les mondes. C'était l'épouse du feu prince héritier des humains. Unefemme extrêmement puissante et intelligente. Elle pouvait réduire un royaume enruine si elle le souhaitait, grâce ses nombreux alliés. Elle sourit et déclara :« Bienvenue dans ma modeste demeure par rapport à ta réputation, Altyan lebras de la justice. Je fais appel à toi pour une cause qui nous concerne tous deux: renverser le conseiller du roi, Zylmer le perfide, et remettre mon beau-pèrele roi sur le trône. Mon plan est prêt depuis plusieurs semaines et tu en es l'élémentcentral. M'aideras-tu à renverser le pouvoir ? »

Contes et Légendes d'un autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant