CHAPITRE 4

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CHAPITRE 4HEAVEN

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CHAPITRE 4
HEAVEN

C'est la première fois depuis longtemps que mon cœur bat aussi fort. J'ai même fini par croire qu'il était mort.

Comme presque tous les midis, Lewis, Emy et moi sommes confortablement assis à notre place attitrée dans notre café préféré : la table collée à la baie vitrée.

Je soupire de contentement. Mes fesses sont enfoncées dans le cuir mordoré d'un fauteuil extrêmement confortable. Avec son faux parquet lustré, ses murs en imitation de briques et son odeur ambiante de chocolat chaud, ce petit bistrot près des facs a de quoi égayer la journée de n'importe quel étudiant.

Mes doigts triturent l'emballage de mon deuxième pain à la cannelle sans grande conviction. En face de moi, Emy et Lewis se taquinent pour un rien. À ma gauche, la pluie s'abat contre la fenêtre et chante une mélodie lugubre à mes oreilles. Dans un nuage de feuilles orangées et de brume, la ville de Vancouver subit les tumultes de l'automne. On aurait dit une peinture de Leonid Afremov, avec toutes ces couleurs et ces reflets mouillés.

Je sursaute quand le doigt d'Emy recouvert de chantilly rencontre ma joue.

— Heavy, est-ce que ça va ? Tu fantasmes sur le beau gosse de ce matin, c'est ça ?

Le timbre maternel de sa voix devrait me réconforter, mais il n'en est rien. J'essuie la crème avec une serviette en papier et je lui souris.

— Oui, voilà, c'est à ça que je pensais. Je me dis que j'aurais dû lui demander son numéro, tu sais !

Mon ton désinvolte a l'air de les berner et Lewis lève les yeux au ciel.

— Quelle croqueuse de cœurs ! ironise-t-il en mordant dans son bagel végétarien.

Emy essaye de lui voler une bouchée, mais il l'évite de justesse. Ils se remettent à se quereller et je soupire. Avec ma paume, je malaxe mon genou droit. Lorsque je cligne des yeux, les images de cet incident me reviennent en tête et je frissonne. Pendant le reste de la matinée, je n'ai pas réussi à me calmer. Même mon cours de sculpture n'a pas su apaiser le tremblement au bout de mes doigts.

Pourquoi ne m'a-t-il pas repoussé ? Pourquoi avait-il l'air aussi troublé que moi ? Qui est cet homme ? Et surtout, pourquoi ai-je ressenti ça ?

Je passe le bout de mes doigts sur mes lèvres.

J'en veux encore...

Mon cœur fait un bon lorsque mon portable vibre sur la table. Le nom de Daniel s'affiche sur l'écran. J'avais complétement oublié son existence. D'une main tremblante, je saisis mon téléphone.

Dan :

Il faut qu'on parle.

RDV au même endroit que d'habitude.

Je me ronge les ongles. Fichtre. Fichtre. Fichtre. Ça y est. Ma seule relation un minimum stable vient de me filer entre les doigts. Cet idiot va vraiment me quitter pour si peu ? Je suis dégoutée.

ERASEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant