Chapitre 7: Première journée

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Le bureau de soin est une pièce faite toute en longueur où se trouve une table carrée, sur laquelle est posée un ordinateur, et un tas de chaises empilables que l'on peut positionner en demi-cercle pour les transmissions. Sur les murs sont accrochés deux grands tableaux blancs, où sont inscrits les emplois du temps des enfants et les informations essentielles, ainsi que différentes notes de services importantes. Un ventilateur sur pied tourne en continu, nous permettant ainsi de ne pas suffoquer.

Il est quatorze heures trente quand nous terminons les transmissions inter-équipe, et le moins que l'on puisse dire, c'est que cela n'a pas été de tout repos.

Après les révélations de Bastien, Leya était furieuse contre Marina. Évidemment, tout a dégénéré et s'est terminé en règlements de compte. Il semblerait que le passif entre ces deux-là ne soit pas si simple, mais je ne compte pas m'en mêler. Agacé par le comportement de ses deux agents, le cadre a fini par intervenir et les a convoqués dans son bureau.

Une fois l'incident résolu, nous avons pu revenir sur la matinée et sur les patients. Un intérêt particulier a été porté à la petite Kimberly, car il semblerait qu'elle ait passé la matinée dans le même état que lors de mon arrivée tout à l'heure. J'ai appris que Bastien partira en visite médiatisée pour voir son père, mercredi, et que c'est sa mère qui fera l'aller-retour. Bien que ce soit prévu toutes les deux semaines, il est très fréquent que son père annule la veille car il a un empêchement. De ce fait, on ne prévient Bastien qu'à la dernière minute. Concernant les autres enfants, je n'ai rien su de plus que leur prénom et le fait qu'ils ont passé une bonne matinée. Ah si, j'ai découvert que le petit gamin qui s'est cramponné à moi tout à l'heure se nomme Dimitri. Je sais que ce n'est pas très professionnel, mais cet enfant me plait déjà.

L'équipe du matin nous salue puis nous fausse rapidement compagnie. Quand j'y pense, la querelle entre Leya et Marina a pris tellement d'ampleur, qu'aucun membre de l'équipe ne s'est présenté à moi.

— Bon ! s'écrie Leya en s'armant de motivation. Il va falloir que l'on t'explique un peu le fonctionnement du service. Déjà, commençons par les bases ! On est cinq par roulement : deux infirmières, toi et moi, deux aides-soignants, Vanina et Eugène, et une éducatrice : Astrid.

Tout en parlant, elle me pointe une grande blonde aux yeux vert émeraude, une tahitienne aux cheveux noirs aussi raides qu'une allumette et un sexagénaire semblant encore bien en forme. Tous les trois répondent d'un signe de main à l'évocation de leur prénom. Heureusement pour moi, ils ont l'air bien plus sympa que les deux autres collègues que j'ai croisé à mon arrivée.

— Pour les prénoms de la contre-équipe, tu les apprendras bien assez tôt, on ne va pas te bourrer le crâne avec ça pour aujourd'hui, continue la jolie brune sur sa lancée. Comme tu as pu le constater lors des transmissions, nous avons actuellement huit enfants. Je ne vais pas te citer de nouveau tous les prénoms, autant que tu apprennes à les connaître par toi-même.

Un cri aigu se fait entendre à l'extérieur de la pièce, créant un mouvement d'agitation auprès de mes quatre collègues. Après un semblant d'accord visuel entre tous, Eugène et Astrid sortent précipitamment de la pièce pour aller vérifier que tout va bien, Leya, quant à elle, accélère son discours.

— En ce qui concerne l'organisation d'une soirée : il va y avoir des accompagnements scolaires à faire jusqu'à seize heures. Pour cette semaine, on va s'en charger avec les autres collègues, histoire que tu prennes tes marques dans les locaux. Il y a aussi un atelier peinture qui est mené par Vanina et Astrid de quatorze heures trente à quinze heures une semaine sur deux. Elles prennent Kimberly et Ivan. Vu l'heure, pour cette semaine c'est raté.

Eugène fait alors irruption pour nous annoncer qu'ils vont faire prendre l'air aux enfants, car ils commencent à s'impatienter dans leurs chambres. À peine a-t-il fini sa phrase que mon binôme infirmier l'informe qu'elle finit ses explications et que nous les rejoindrons après. Pour ma part, je suis d'un mouvement de tête le ping-pong de leur conversation. À vrai dire, je ne pige rien à ce qui ce passe et je préfère me faire discrète. Ma collègue poursuit sa tirade alors que Vanina s'éclipse prêter main forte à nos deux autres collègues.

Les Chroniques d'une infirmière en PédopsychiatrieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant