🏚️01 - Le Pavillon du Prince Charmant

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Vendredi 23 juin 2023

Récemment, les mecs de la chaîne « Go Urbex » avec qui j'étais allé deux fois en exploration m'avaient parlé d'un spot très peu connu, dans une forêt située à moins d'une heure de route de chez moi. D'après eux, c'était un endroit magnifique, en très bon état. Une sorte de... pavillon de chasse, avec encore quelques objets et pas de graffiti ni de dégradation.

J'ai donc préparé soigneusement mon sac en prévoyant de passer la nuit là-bas. En ce début d'été, la pluie n'était nulle part en vue, ce qui me permettait de prendre uniquement des t-shirts sans avoir à emporter de gros pulls ou d'imperméable. Bien sûr, j'ai aussi pris de la nourriture non périssable (surtout des biscuits et des barres de céréales en plus de ma glacière), ma gourde et deux grosses bouteilles d'eau à garder dans le coffre de ma voiture.

En enfilant mes chaussures, je frissonnai d'anticipation, impatient de partir à la découverte de cet endroit. Il n'y avait rien que j'aimais plus que la perspective de découvrir et d'explorer de nouveaux lieux méconnus. Pour ce que j'en savais, le pavillon de chasse était tellement perdu au fin fond de la forêt que je pouvais y aller avec ma voiture sans me faire remarquer. Ce qui était plutôt pratique parce que je n'aimais pas trop l'idée de marcher pendant deux heures au milieu de nulle part, de nuit et sans savoir où j'allais exactement.

Je quittai mon appartement dans la matinée, espérant atteindre le spot à temps pour grignoter un truc pour le déjeuner. Comme je m'y attendais, il y avait un peu plus d'une demi-heure de route, mais cela restait assez confortable. Pas beaucoup de trafic et encore moins au fur et à mesure que j'approchais de ma destination. Je traversai une petite ville, passai devant un cinéma et un supermarché, avant de prendre une route de campagne traversant une successions de hameaux minuscules. Après ça, je ne vis plus aucun signe de civilisation, seulement des arbres et des arbres durant un solide quart d'heure. Et puis, sur la gauche, le petit chemin envahi par les buissons et les herbes folles que l'on m'avait décrit. Si je n'avais pas été en train de le chercher, je serai complètement passé à côté. Prudemment, je m'y engageai en espérant ne pas trop rayer la peinture dans les broussailles et surtout ne pas me coincer comme un idiot.

Le chemin s'enfonçait profondément dans la forêt, formant un virage presque dès le départ qui me dissimula très vite de la route. Pour un lieu abandonné, ça restait plutôt carrossable, mais il était tout à fait possible que des véhicules forestiers utilisent encore la voie de temps en temps. Après tout, le château près du lieu était encore habité. Mes recherches m'avaient appris qu'il s'agissait d'un hôtel de luxe, loué notamment pour des mariages ou des séminaires d'entreprises haut de gamme. Cela ne m'avait pas vraiment surpris, étant donné la taille du domaine et son architecture splendide, cela ressemblait un peu à l'endroit où nous avions célébré le mariage de mon frère, deux ans plus tôt. Un nouveau virage me permit alors d'apercevoir les toits entre deux arbres, avant que le feuillage fourni des frondaisons ne me cache le tout très vite.

Quelques minutes plus tard, le pavillon de chasse m'apparut enfin. Les mecs ne m'avaient pas menti, c'était un endroit vraiment magnifique. Dans le même style que le château, briques rouges entourées de pierre blanche, étincelant sous le soleil. Une douve pleine d'eau verte entourait le bâtiment, traversée par les deux arches de pierre d'un pont à l'air robuste. Même si ce dernier était assez large pour laisser passer ma voiture, je préférai la laisser avant de traverser, de peur que le pont soit moins solide qu'il n'en avait l'air. Une fois le moteur coupé, le silence était incroyable, seulement troublé par le chant des oiseaux et le murmure du vent dans les feuilles. De jour c'était splendide, mais j'avais le sentiment que de nuit l'ambiance serait complètement différente.

Je ne verrouillai pas ma voiture, certain d'être seul dans les bois, et je pris uniquement ma caméra. Sur le pont, l'herbe poussait là où se trouvait autrefois du gravier, donnant à l'endroit un charme sauvage. Je m'arrêtai pour prendre des photos des douves et deux grenouilles s'enfuirent, effrayées par le bruit que je faisais. Sans cesser de sourire, complètement ravi, je me tournai finalement vers le pavillon en lui-même. Il était assez grand pour mériter le nom de manoir, même s'il n'avait visiblement pas été construit comme tel. Le bâtiment principal était entouré de dépendances, probablement une étable ou une grange sur la droite et ce qui était sans doute le logis des domestiques à gauche. Tout était si bien conservé que je m'attendais presque à voir quelqu'un apparaître pour me demander ce que je foutais là. Mais à bien y regarder, je remarquai les ardoises tombées des toits, l'herbe poussant joyeusement sur le perron et le ciel là où il y aurait dû y avoir des fenêtres.

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