🦇02 - Rencontre nocturne

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Vendredi 23 juin 2023

À la tombée de la nuit, après quelques heures passées à profiter du soleil, je trépignais d'impatience de retourner dans le pavillon. Mon objectif était simple : prendre davantage de photos des lieux, puis passer la nuit dans l'ancienne bibliothèque. Sac sur le dos, je traversai le pont baigné de la lumière argentée de la lune, en direction du pavillon qui ressemblait étrangement à un château de conte de fées ou au décor d'un film gothique de vampires et de loups-garous.

En premier lieu, je gagnai la bibliothèque pour y laisser mon sac avec le plus gros de mon matériel. Libéré de ce poids, je retournai au rez-de-chaussée et commençai mon shooting photo. Une fois devant la porte de la cave, j'hésitai un instant avant de décider que l'obscurité serait la même de nuit que de jour, donc je fis demi-tour. Non pas qu'elle ait quelque chose de particulièrement effrayant, mais il y ferait toujours complètement noir, et ça ne rendrait rien sur les photos.

Au bout d'une heure, je cédai enfin à mon impatience et grimpai les escaliers pour retourner explorer l'étage. Inondée par la lumière de la lune, avec quelques branches de lierre qui s'élançaient depuis une fenêtre au carreau brisé, la bibliothèque était incroyable, comme une pièce d'un manoir enchanté. À l'aide de quelques trucs de mon équipement, j'essayai de créer un peu de décor et d'ambiance, comme un livre oublié sur les étagères désertées, une rose fraîche sur la poussière... Perdu dans mes photos et la magie du lieu, il me fallut un instant pour me rendre compte d'un truc. Il y avait du bruit, venant de l'étage du dessus.

Je me figeai, sur mes gardes, écoutant le silence. Rien, seulement le murmure du vent dans les arbres et le chant occasionnel d'un rossignol. Je commençai à me détendre, puis je l'entendis à nouveau. Des bruits de pas, comme si quelqu'un marchait dans le grenier. Partagé entre la curiosité et un frisson de peur, je reposai lentement mon équipement dans mon sac avant d'éteindre ma lampe, comme si cela avait pu changer quelque chose. Mon cerveau tournait à toute vitesse, essayant d'identifier le bruit. Cela ne pouvait pas être quelqu'un puisque j'étais absolument certain d'être seul dans le pavillon. Je n'avais vu personne depuis mon arrivée, plusieurs heures plutôt, et les bâtiments étaient totalement vides à l'exception de la voiture dans l'écurie. Donc cela ne pouvait pas être humain. Peut-être un hibou ?

Lentement, décidé à en avoir le cœur net, je traversai la bibliothèque dans l'obscurité avec seulement la lumière de la lune pour m'aider à éviter les trous dans le plancher. J'entendis les bruits de pas à nouveau et décidai donc de monter à l'étage pour voir ce qui pouvait bien marcher au-dessus de moi. Alors que je traversais la pièce aux peintures, un cri perçant retentit depuis les douves et je sursautai violemment, mon cœur battant douloureusement la chamade. Définitivement pas humain, mais probablement pas un hibou non plus. Qu'est-ce qui pouvait bien pousser un cri pareil ?

La peur commença à supplanter ma curiosité, au point que j'envisage de regagner ma voiture pour quitter les lieux. Dans mon dos, j'entendis un rire flippant puis le bruit de quelque chose qui grattait au plafond. Une porte claqua dans l'autre aile, juste avant que la chose dans les douves ne recommence à hurler.

— Du calme, murmurai-je pour moi-même. Du calme... Ce n'est rien. Peut-être qu'il y a une créature qui hante cet endroit. Peut-être qu'il s'agit juste d'un piège crétin qui ne se déclenche que la nuit pour foutre la trouille aux explorateurs. Courir comme un con en hurlant ne va pas m'aider, mieux vaut essayer de comprendre ce qui se passe.

Rassemblant tout mon courage, je repris ma marche vers les escaliers menant au grenier, le regard fixé dessus. Puisque c'était le seul accès, ce qui se trouvait à l'étage était forcément obligé de passer par-là. Alors que je m'approchai, le bruit sourd de quelque chose de lourd tombant sur le sol me fit sursauter plus vivement encore que la première fois avec un petit cri embarrassant.

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