Urbex Love

🍿08 - Ces trucs pointus, là...

Samedi 8 juillet 2023

Notre super week-end d'exploration d'anniversaire avait très bien commencé, mais les choses se gâtèrent lorsque nous arrivâmes au Manoir Oublié. D'après les pancartes affichées sur les grilles et la pelleteuse qui ronronnait un peu plus loin, le bâtiment venait de passer du statut «abandonné» à celui de «en réhabilitation». Et c'était tout récent, puisque rien ne l'indiquait lorsque Loïc avait fait son repérage la semaine précédente.

— Ce n'est pas très grave, le consola Léo. Je préfère ça plutôt qu'arriver pour le trouver parti en fumée comme c'est arrivé avec l'Usine des Cendres.

— C'est plutôt cool de se dire que le bâtiment ne va pas tomber davantage en ruines et que quelqu'un va s'en occuper, ajoutai-je.

Par contre, nos plans tombaient à l'eau et je voyais bien que Loïc réfléchissait à une solution de repli tandis que nous revenions à la voiture. J'étais à deux doigts de suggérer d'aller au pavillon de Marko à la place, mais avant que je ne puisse me convaincre de le proposer, mon regard accrocha la ligne familière d'un toit mangé de verdure entre les arbres.

— Je crois qu'il y a quelque chose par là, indiquai-je. Ça ressemble à une maison abandonnée.

Une fois que Loïc eut aperçu ce que je lui montrai, il ne lui fallut pas longtemps pour trouver un moyen de se garer à proximité pour que nous puissions faire le reste du chemin à pied. Comme nous étions en plein été, les broussailles étaient épaisses, ce qui gênait un peu notre progression. Mais finalement, les lignes de notre objectif apparurent devant nous, révélant une petite maison tout à fait abandonnée. Immédiatement, les sourires revinrent et Léo fut la première à atteindre la porte entrouverte.

La maison en elle-même n'avait rien de faramineux, simple bâtisse toute simple avec un seul étage et un bout de grenier sous les combles, mais elle était pratiquement intacte avec très peu de traces laissées par d'autres explorateurs. S'il n'y avait eu les fenêtres brisées par lesquelles la végétation envahissait peu à peu les lieux, une partie du plafond effondrée dans le salon et la saleté générale amenée par l'abandon, nous aurions presque pu la croire encore habitée. Cela ressemblait à ces maisons dont les propriétaires sont partis un jour pour ne jamais revenir, les laissant sombrer dans l'oubli.

— À votre avis, que s'est-il passé ? chuchota Loïc.

Nous n'en savions pas plus que lui, mais à force de recherches et d'observation, nous arrivâmes à la conclusion que le dernier habitant était une personne âgée probablement décédée sans héritier. Faute de personne pour s'en occuper, la maison avait été oubliée de tous et petit à petit envahie par la nature. Elle dégageait cette ambiance mélancolique que j'aimais tant, et la lumière chaleureuse de l'après-midi la baignait d'or très photogénique. Pendant que Loïc et Léo menaient leur exploration, j'en profitai pour les prendre en photo avec l'idée de monter un pèle mêle ou un album à leur offrir.

Finalement, pris dans la magie hors du temps de l'endroit, nous n'en émergeâmes qu'en fin d'après-midi, tous les trois ravis. J'avais tout ce qu'il fallait pour publier un nouvel article sur mon blog, Échos d'oubli, et Léo était déjà en train de proposer des éléments de narration pour l'histoire fictive qu'elle ne manquerait pas d'écrire à ce sujet. Nos théories nous occupèrent tout au long du trajet jusque chez eux, se mélangeant avec des comparaisons aux autres maisons que nous avions visitées, et à des spots dont nous avions entendu parler et que nous voulions explorer.

Comme la séance d'Astérix Mission Cléopâtre était à 22:30, nous avions largement le temps de nous laver et de partager un goûter-dîner d'anniversaire pour offrir nos cadeaux à Léo. Nous nous étions partagé les frais d'un nouvel appareil photo, Loïc et moi, mais je lui avais en plus pris le dernier tome d'une série de romans que nous suivions tous les deux, et il lui offrit quant à lui un plaid en forme de queue de sirène qui la ravit.